| * Dans l'article "QUAI,, subst. masc." QUAI, subst. masc. CONSTRUCTION A. − 1. Levée de terre revêtue d'un ouvrage de maçonnerie destinée à retenir les berges d'une rivière, d'un canal, à en contenir les eaux et à faciliter l'accostage fluvial. Je me suis remis à aimer cette ville claire et grande; l'eau vivante entre les quais de pierre d'un gris pâle et doux (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 337).En janvier 1910, la Seine, enserrée à Paris entre des quais verticaux en un lit trop rétréci, a pris une revanche désastreuse (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 302): 1. La Seine, dans la partie qui la baignait, n'était pas encore le fleuve domestiqué que nous connaissons aujourd'hui. Elle n'était pas contenue par ces puissants quais de pierre qu'a créés la main de l'homme.
Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 13. 2. P. méton. Voie, chaussée aménagée le long de cet ouvrage, permettant la circulation des personnes et des véhicules entre le cours d'eau et les habitations qui le bordent. À Cordoue, vers le coucher du soleil, il y a quantité d'oisifs sur le quai qui borde la rive du Guadalquivir (Mérimée, Carmen, 1845, p. 18).La voiture, au lieu de traverser la Seine, tournait à gauche et longeait rapidement les quais de la Rive gauche (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 257).Il se promenait là jusqu'à midi, poussant quelquefois sa flânerie vers les quais et du côté de Notre-Dame (Bourget, Disciple, 1889, p. 20). − P. méton. [À Paris] ♦ Quai des Orfèvres. Siège de la police judiciaire. Des heures absolument disponibles, des journées sans une obligation, sans un rendez-vous. À Paris, dans son bureau du Quai des Orfèvres, cela apparaissait comme un bonheur inimaginable. Est-ce MmeMaigret qui lui manquait? (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 13). ♦ Quai d'Orsay et, absol., le Quai. Ministère des Affaires étrangères. Les documents du Norton − auxquels avait travaillé pourtant un homme du Quai d'Orsay qu'on n'a pas voulu rechercher − étaient simplement grotesques (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 121).Mon père quitta le Quai d'Orsay et fut nommé ministre de France à Belgrade (Maurois, Climats, 1928, p. 157): 2. ... les diplomates, les hommes de gouvernement ne sont plus les seuls, aujourd'hui, à décider... Ici, au Quai, depuis quelques jours, nous avons tous l'impression que, déjà, l'heure de la politique et de la diplomatie est passée...
Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 475. ♦ Quai Conti. Siège de l'Institut de France, de l'Académie française. Ils n'occuperont jamais un fauteuil sous la coupole du quai Conti; mais ils laissent des œuvres qui consolent un peu les esprits sensés des débauches de pierre auxquelles se livrent leurs confrères mieux partagés (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 167). ♦ Gén. au plur. Les quais. Ensemble des échoppes de bouquinistes installées sur les quais parisiens. Acheter des livres sur les quais; faire les quais. Les brochures, quelquefois jetées avec un désordre sans pareil, veulent être regardées d'un coup d'œil, sans s'arrêter. Deux heures de quai peuvent rapporter, en connaissances, deux mois de lecture dans une bibliothèque (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p. 163). B. − Ouvrage de maçonnerie constitué d'un mur de soutènement perpendiculaire au niveau de l'eau et longé d'une chaussée ou d'une plate-forme, permettant l'accostage et les opérations de débarquement et d'embarquement dans un port ou un bassin. Quai d'accostage, de débarquement, d'embarquement; bord, parapet du quai. À Paulliac, on a construit un appontement métallique muni des engins les plus perfectionnés. Mais le mur de quai vertical en maçonnerie présente d'incomparables avantages (Bourde, Trav. publ., 1929, p. 282): 3. Les bassins seront assez profonds pour admettre les navires de tous tonnages; les quais [it. ds le texte] assez longs, pour que chaque bateau trouve aussitôt un point d'accostage. Le nombre de ceux-ci peut être augmenté par des darses, creusées derrière les quais principaux, susceptibles de recevoir des navires comme le fleuve ou la pleine mer.
Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p. 121. − Locutions ♦ MAR. À quai. Être, débarquer, arriver, mettre à quai. Accoster, amarrer un bateau parallèle au quai. Il remonta sur la passerelle et dirigea le paquebot au milieu de cette flotille de jonques (...). À une heure, le Rangoon était à quai, et les passagers débarquaient (Verne, Tour monde, 1873, p. 98).Les docks sont récents. Jusqu'au dix-huitième siècle, les navires débarquaient à quai, ou par allèges (Morand, Londres, 1933, p. 308). ♦ Mise à quai. Licenciement d'un membre d'équipage d'un bâtiment. Chaque fois qu'il avait constaté une absence, un renvoi immédiat s'en était suivi. Comme il s'en vantait, quarante mises à quai avaient gravé chez les autres le respect absolu de la consigne (Vercel, Remorques, 1951 [1935], p. 21 ds Rob. 1985). ♦ DR. FISCAL. Droit de quai. Taxe de douane perçue pour l'utilisation des quais. Le droit de quai tient compte du tonnage du navire, de sa destination et de sa provenance, de l'importance des opérations effectuées, c'est-à-dire du tonnage des marchandises ainsi que du nombre des passagers embarqués ou débarqués (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p. 206). C. − 1. CH. DE FER. Plate-forme ou trottoir aménagé le long des voies de chemin de fer permettant l'embarquement et le débarquement des voyageurs et des marchandises. Synon. vieilli débarcadère, embarcadère.Quai de départ; train à quai, formé sur le quai. Le train s'engouffra sous le tunnel qui précède la gare de Saint-Germain pour s'arrêter bientôt au quai d'arrivée (Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 618).C'était un vieux, qui poinçonnait les billets. − « Le... le train de Paris? » bégaya Antoine. − « Troisième quai. » (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p. 1050).Dans une gare éclairée en veilleuse, il y avait des gardes-mobiles encore plus noirs que la nuit et des voyageurs massés sur le quai (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 30). ♦ Billet, ticket de quai. Titre permettant l'accès aux quais d'une gare mais non l'accès aux voitures. « Allons, viens », fit Daniel, en lui saisissant affectueusement le bras. Il sortit un ticket du parement de sa manche. « J'ai pris pour toi un billet de quai... » (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 309). 2. P. anal. Plate-forme aménagée le long des voies du métro permettant l'accès aux rames. Cela m'était intolérable d'imaginer Zaza, sagement chapeautée, gantée, debout au bord d'un quai de métro et fixant sur les rails un regard fasciné (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 248). 3. Arg., vieilli. Au bout du quai les ballots! À l'écart les imbéciles, les importuns (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979). Prononc. et Orth.: [ke], [kε]. ,,Dans un nombre très limité de substantifs et adjectifs: geai, quai, gai (...) la finale -ai est considérée depuis le xviesiècle par la quasi-totalité des grammairiens (...) comme un [e] fermé`` (G. Straka ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 n o1 1981 p. 210). Cette prononc. est en harm. avec la 2eloi de position des voy., celle en [ε] s'expliquant par l'infl. de la graph.: ,,en effet, la graphie ai figure l'[ε] ouvert`` (Id., ibid., p. 211). Si Barbeau-Rodhe 1930, Warn. 1968, Rob. 1985 [e], déjà [ε] ds Land. 1834, Littré, DG; les 2 prononc. [e] [ε] ds Passy 1914, Lar. Lang. fr. et [ε] majoritaire ds Martinet-Walter 1973. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1167, le dér. lat. médiév. caiagium, v. quayage] 1. 1311 [ms. xives.] kay Picardie « levée de terre faite le long d'une rivière » (Cart. du Ponthieu, éd. E. Prarond, p. 400, cf. Gdf. Compl.); 2. 1remoit. xves. [ms.; traits du dial. wallon] « rive d'un port aménagée pour l'accostage des bateaux » (Froissart, Chron., I, § 65, 3eréd., ms. Vatican, éd. S. Luce, t. 1, p. 410: Et prissent terre au kai a Londrez); 3. 1845 ch. de fer (Besch.). Forme normanno-pic. représentant prob. le gaul. caio-, v. chai. Fréq. abs. littér.: 2 713. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 948, b) 4 540; xxes.: a) 4 862, b) 4 518. DÉR. Quayage, subst. masc.Taxe payée pour le stationnement d'un navire à quai. Cette jetée a été construite, il y a 40 ans, par une compagnie incorporée, aux agens de laquelle on paye les droits de quayage prescrits par la loi (Crèvecœur, Voyage, t. 3, 1801, p. 303).−[kεja:ʒ]. Ac. 1762, 1798: quayage; dep. 1835: quayage, quaiage; Littré: quayage; DG, Rob.: quayage, quaiage. − 1resattest. [1167 lat. médiév. caiagium « droit payé par les marchands pour l'usage d'un quai » (doc. ds Du Cange, s.v. caya, caiagium; v. aussi Nierm., s.v. cajagium)] 1339 dr. médiév. payer le caage (Arch. nat. JJ 73, pièce 245 ds Du Cange, loc. cit.); de quai, suff. -age*. |