| QUÊTE1, subst. fém. A. − Action de chercher à trouver, à découvrir. 1. Littér. Recherche obstinée de quelqu'un, de quelque chose. La quête de Dieu; la quête de la vérité; quête fiévreuse, passionnée. Essayant si tu peux Dérober quelques fleurs au beau jardin des cieux, Et puis ayant fini ton voyage et ta quête, Redescends vite avec l'odorante conquête (M. de Guérin,Poés., 1839, p. 101).On peut rendre sensible la ferveur de la recherche alchimique − cette ferveur par laquelle elle s'apparente à la quête du Graal (qui est aussi, dans le Parzival, la quête de la pierre) (Caron, Hutin,Alchimistes, 1959, p. 180): 1. Cette confession longuement préparée (...), cette nuit de recherches, cette quête patiente, cet effort pour remonter à la source de son acte, enfin ce retour épuisant sur soi-même était peut-être au moment d'obtenir son prix.
Mauriac,Th. Desqueyroux, 1927, p. 277. − Loc. En quête ou, rare, à la quête de. À la recherche de. Être, se mettre, aller en quête de qqn, de qqc. Il battait les rues de Paris et la banlieue, en quête vaguement de quelque aventure, que parfois il trouvait (Rolland,J.-Chr., Maison, 1909, p. 1011).En rapport à la fois avec les ouvriers en quête d'ouvrage et les patrons en quête d'ouvriers, il avait organisé chez lui une sorte d'agence gratuite de placement (Gide,Si le grain, 1924, p. 512): 2. Parfois je me croirais en quête d'une patrie dont je serais exilé; mais j'ai beau la chercher, je ne la rencontre nulle part; elle ressemble à l'île d'Ithaque qui fuyait toujours devant Ulysse. Le meilleur moyen d'arriver est encore de mourir.
Du Camp,Mém. suic., 1853, p. 268. 2. CHASSE. Action du chien et, p. méton., du chasseur qui cherche la voie du gibier. Un épagneul bon pour la quête. Ce chien est trop vif, trop ardent, il n'est pas bon pour la quête (Ac.).Il faut connaître la gamme des sensations et des émotions que procure la chasse au chien d'arrêt − de la quête ardente de l'animal jusqu'à son admirable immobilisation de « l'arrêt » − pour comprendre l'effort de l'homme à l'endroit de la race canine, afin de la porter à un degré de perfection toujours plus grand (Vidron,Chasse, 1945, p. 110).Sont qualifiés de chiens « à grande quête » ceux qui chassent au galop en plaine, même hors de portée du coup de fusil de leur maître (...). Les autres quêtes sont qualifiées de vives ou de lentes, de moyennes ou de courtes (Duchartre1973).V. quêter A 3 ex. de La Hêtraie. ♦ P. métaph. Chasseur passionné, il retrouvait son plaisir favori dans cette poursuite hasardeuse des suffrages. Il avait le sentiment de partir chaque matin pour sa tournée avec une carnassière, et de la rapporter le soir vide ou pleine, après une journée de quête dans l'inconnu (Vogüé,Morts, 1899, p. 101). ♦ Ton de quête ou quête. Sonnerie donnée au moment de la quête des chiens. Voici les principaux tons de chasse connus: la quête, le lancé, la vue, le hourvari, le retour, la requête, le relancé, le débuché, le hallali (Rougnon1935, p. 195).[Il] sonne de toutes ses forces le ton de quête qui appuie les chiens (Genevoix,Dern. harde, 1938, p. 203). − VÉN. ,,Action par laquelle un valet de limier détourne un animal pour le localiser avant la chasse`` (Vén. 1974). Un équipage de vénerie se compose ordinairement d'un bon veneur ou maître d'équipage qui a la direction du courre, de piqueurs (on dit presque toujours piqueux), de valets de limiers pour la « quête » et de valets de chiens (Vialar,Rendez-vous, 1952, p. 246).La première phase de la chasse est la quête, effectuée par un valet-limier aidé d'un chien habile (...). La plupart du temps, la quête a lieu en deux fois: la veille de la chasse, pour connaître, dans un morceau de forêt, les animaux qui y sont cantonnés; le jour même de la chasse, pour confirmer les renseignements obtenus la veille (Écho de la mode, 6 nov. 1966, p. 79, col. 1). ♦ P. méton. ,,Canton désigné à un valet de limier pour y trouver et détourner les bêtes`` (Baudr. Chasses 1834). B. − Action de demander et de recueillir des dons, généralement en argent (pour soi, pour les pauvres, pour une œuvre de bienfaisance, etc.). Quêtes dans les églises; quêtes à domicile, à la terrasse d'un café; quête pour les pauvres, pour les chômeurs, pour les blessés. Le reste allait son train ordinaire; les foires, les marchés se suivaient, les impôts se payaient, les gens criaient, les capucins faisaient leurs quêtes (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 97).Toute pétition, quête ou souscription (à l'exception des collectes autorisées par le ministre) est interdite à l'école maternelle (Encyclop. éduc., 1960, p. 98): 3. ... [Amphitrite] est attendue à quelque réunion de bienfaisance où des Néréïdes font la quête, escortées au milieu de la foule par des tritons empesés dans leur faux-col de cérémonie, et où les sirènes doivent se faire entendre au profit des cités ouvrières qui fabriquent le corail.
Cros,Coffret santal, 1873, p. 128. ♦ En partic. Pratique liturgique qui consiste à collecter au cours de la célébration eucharistique, les offrandes des fidèles, en nature ou en argent (d'apr. Foi t. 1 1968). Après tout, c'est bien peu de chose, c'est un sou à la quête (Hugo,Corresp., 1830, p. 465).On voit dans les églises, aux messes d'onze heures, pliant le genou et généreux à la quête, une multitude de damnés (Montherl.,J. filles, 1936, p. 1072). − P. méton. Produit de la quête. Une quête abondante (Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., Quillet 1965). Prononc. et Orth.: [kεt]. Homon et homogr. quête2. Ac. 1694, 1718: queste; dep. 1740: quête. Étymol. et Hist. 1. 1174-78 « gain, acquisition » (Etienne Fougères, Manières, éd. R. A. Lodge, 910: queste); 2. a) 1176-81 « recherche » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lion, éd. M. Roques, 4826: por li s'est an la queste mise); b) 1376 chasse (Modus et Ratio, 10, 1 ds T.-L.); 3. 1262 « action de demander et de recueillir de l'argent pour des œuvres pieuses ou charitables » (Jean Le Marchant, Miracles N. D. Chartres, éd. P. Kunstmann, XXIII, 63). Fém. pris subst. d'un part. passé, disparu avant les premiers textes, de querre (anc. forme de quérir*), lat. quaesita, de quaesitus, part. passé de quaerere, v. quérir. Voir FEW t. 2, 2, p. 1409a, 1410a et Bl.-W.5Fréq. abs. littér.: 641. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 373, b) 881; xxes.: a) 1 145, b) 1 250. Bbg. Gohin 1903, p. 309. |