| PÉTILLEMENT, subst. masc. Action de pétiller; résultat de cette action. A. − [Corresp. à pétiller A] 1. [Corresp. à pétiller A 1] Bruit de ce qui pétille, craquements secs de quelque chose qui brûle. Synon. crépitement.Pétillement du bois, du sarment; pétillement de l'âtre, du bûcher, du foyer. Au feu, il [le sel d'oseille] fond avec pétillement et développement d'une vapeur piquante (Kapeler, Caventou,Manuel pharm. et drog., t.2, 1821, p.659).Un énorme soufflet, dont chaque haleine faisait envoler un pétillement d'étincelles (Zola,Assommoir, 1877, p.479).Le pétillement du bois dont Augustin venait de garnir le petit poêle (Malègue,Augustin, t.2, 1933, p.352). 2. P. anal. [Corresp. à pétiller A 2] Bruits secs, répétés, en particulier de coups de feu. Synon. crépitement.Le pétillement des balles, de la fusillade, de la pluie. Sa lampe rendait les derniers soupirs: il se réveilla à ses pétillements (Dumas père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.653).Nous entendîmes au loin un pétillement de coups de fusil (Erckm.-Chatr.,Conscrit 1813, 1864, p.96).Un pétillement de bois mort écrasé (Genevoix,Dern. harde, 1938, p.23). 3. En partic. [Corresp. à pétiller A 3] Léger bruit produit par les bulles qui viennent crever à la surface d'un liquide. Synon. bruissement.Le pétillement du cidre, du champagne, de l'eau minérale gazeuse, du vin mousseux. Il y eut de la mousse pour vingt personnes, un pétillement aigre au fond du verre, que chacun huma avec respect (A. Daudet,Jack, t.2, 1876, p.258): . Au Figaro, où coulaient d'excellents crus de la chronique, mais ce n'était toujours que Bordeaux ou Bourgogne, Rochefort apporte le bruit, le pétillement, la légère griserie fanfaronne du champagne, un champagne très glacé.
Morienval,Créateurs gde presse, 1934, p.151. B. − Littér. [Corresp. à pétiller B] 1. [Corresp. à pétiller B 1] Synon. chatoiement, étincellement, flamboiement, rayonnement, scintillement.La lumière, en un frais et vif pétillement, Croît, s'élance par jet, s'échappe par fusée, Et l'orbe du soleil émerge au firmament (Leconte de Lisle,Poèmes trag., 1886, p.54). − Pétillement de + subst. concr.Pétillement de bijoux, de couleurs, d'étincelles, de lumière. Le lac flamboyant, dont chaque mèche ardente était un petit flot, roulait son pétillement d'astres, semblait près de se rompre, pour s'écouler en fleuve (Zola,Lourdes, 1894, p.285). 2. [Corresp. à pétiller B 2; à propos des yeux, du regard, souvent associé à malice] Synon. éclat.Ses yeux étaient candeur et malice, pétillement et repos, et d'une eau très limpide (Arnoux,Chiffre, 1926, p.60).Le pétillement malicieux du regard, qui glisse des sous-entendus derrière chaque mot (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.966). − Pétillement de + subst. abstr.Les yeux de Mary-Ann avaient je ne sais quoi de naïf et de spirituel, une vivacité candide, un pétillement de jeunesse et de santé (About,Roi mont., 1857, p.54). C. − Au fig. [À propos d'une pers. et p.méton., d'un aspect de sa personnalité] 1. [Corresp. à pétiller C 2 a] Vivacité de manières. Synon. fougue, nervosité, pétulance.M. Veuillot, l'homme au crayon moqueur, a très-bien saisi (...) la physionomie, la pétulance, le pétillement, le geste et toute la mimique de l'adversaire [Rigault] (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.1, 1861, p.271). 2. Rare. Mouvement affectif. Pétillement de gaieté, de joie. Le pétillement de cette allégresse [de Martial] excitait [Faustine] (La Varende,Amours, 1944, p.25). 3. [Corresp. à pétiller C 2 b; à propos de l'esprit, des choses de l'esprit] Vivacité. Il était plein de délicatesse et d'esprit. Mais son esprit sans pétillement ne se manifestait que quand il se sentait à l'aise (Balzac,Modeste Mignon, 1844, p.181).Ce pétillement d'imagination qui le prenait au milieu des compagnies et des festins, l'abandonnait quelquefois (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.1, 1850, p.462). REM. Pétillis, subst. masc.,hapax. Léger pétillement. Il n'aurait pas su dire si c'était un frémissement de feuilles, un pétillis de brindilles écrasées, un grattement d'étoffe accrochée par une ronce (Genevoix,Raboliot, 1925, p.173). Prononc. et Orth.: [petijmɑ
̃]. Ac. 1718-1798: pe-; 1835: pe-, pé-; dep. 1878: pé-. V. péter. Étymol. et Hist. 1. xves. «chatouillement» (Trad. du traité de fauconnerie de l'emper. Frédéric II, ms. Paris 1296, 102, éd. G. Tilander ds Z. rom. Philol. t.46, p.275); 1549 «palpitation» (Est.); 2. 1611 «fait de crépiter» (Cotgr.); 1636 «série de craquements secs» (Monet); 1701 «bruit produit par un vin qui pétille» (Fur.); 3. 1762 petillement de joie (J. J. Rousseau, 3olett. à M. de Malesherbes ds Littré); 1845 «éclat vif (des yeux)» (Besch.). Dér. de pétiller*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér.: 117. Bbg. Gohin 1903, p.346. |