| PÉRÉGRINATION, subst. fém. A.− Vieilli, littér. Long voyage, effectué en pays lointain. Je voyais une horde sortir du Caucase, chassée par cet instinct de pérégrination que Dieu donna aux peuples conquérants (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 362).Ce n'est qu'à partir de son association avec Barnabé (...) qu'il [Paul] entre dans cette carrière de pérégrinations sacrées (...) qui devaient faire de lui le type du missionnaire voyageur (Renan, Apôtres,1866, p. 214). B.− Gén. au plur. Voyage, déplacement en divers endroits suivant un itinéraire compliqué. Tout récemment, après une fougueuse pérégrination à travers des logis de toutes sortes, hôtels, appartements meublés (...) ils étaient venus s'échouer là (A. Daudet, N. Roumestan,1881, p. 266).La fille, tombée malade en pleine adolescence, était morte à vingt-trois ans; pendant ces quelques années le père et la mère s'étaient ruinés en remèdes, en docteurs différents, en pérégrinations d'une « station » thermale à une autre, jusqu'au décès (Proust, Guermantes 2,1921, p. 331). − En partic. Migration de certains animaux. Après un repos indispensable à la suite de leurs longues pérégrinations, les migrateurs prennent (...) le chemin de la Corse et de la Sicile (Vidron, Chasse,1945, p. 71). − [En parlant de chose] On a pu suivre les pérégrinations des atomes, d'une molécule à l'autre, par l'emploi de radio-isotopes (Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 616): On a constaté que le diamant n'est presque jamais apparenté à la roche dans laquelle il est trouvé (...) les torrents, peut-être même les flots marins, l'ont déposé au loin, après de longues pérégrinations qu'attestent parfois des marques d'usure éloquentes chez un corps aussi résistant.
Metta, Pierres préc.,1960, p. 61. Prononc. et Orth. : [peʀegʀinasjɔ
̃]. Ac. 1718 : pere-; dep. 1740 : péré-. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. peregrinaciun « la vie terrestre (dans le lang. relig.) » (Psautier Oxford, éd. F. Michel, 118, 54 [Ps. 119, 54]); 2. 1160-74 peregrination « pèlerinage » (Wace, Chron. ascendante, éd. A. J. Holden, 214 : En Jerusalem fist peregrination); 3. 1546 « voyage à l'étranger » (Rabelais, Tiers livre, XLVII, éd. M. A. Screech, p. 314); 4. 1845 plur. « allées et venues, déplacements incessants » (Labiche, Deux papas, 3, p. 384). Empr. au lat. peregrinatio « voyage à l'étranger, séjour à l'étranger », lat. chrét. « la vie terrestre (considérée comme un voyage dans un pays étranger, loin du ciel, vraie patrie du croyant : cf. Gen. 47, 9, Ps. 119, 54); pèlerinage (aux lieux saints) »; dér. du lat. peregrinari (v. pérégriner). Fréq. abs. littér. : 62. |