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* Dans l'article "PURGER,, verbe trans."
PURGER, verbe trans.
A. −
1. Vx ou techn. Débarrasser un corps, une substance d'éléments nuisibles qui l'altèrent. Synon. épurer, nettoyer, raffiner.Purger le sucre. Purger le fil de filature et éliminer encore ses imperfections de résistance (Thiébaut,Fabric. tissus, 1961, p. 57).
2. Évacuer (d'un appareil, d'une conduite) un fluide gênant. Purger un radiateur, des freins hydrauliques. Profitez donc de notre halte pour purger un peu le tuyau d'essence (Romains,Knock, 1923, i, p. 3).Les musiciens retournèrent pour les purger les pavillons des contre-basses (Peyré,Matterhorn, 1939, p. 14).
P. anal., littér. Purifier. L'orage de la veille avait purgé l'atmosphère; jamais plus beau jour n'éclaira les Pyrénées (Dusaulx,Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 57).Purger la ville des boues et l'air des maladies contagieuses (Hugo,N.-D. Paris, 1832, p. 234).Les passions de l'adolescence, qui dégagent la personnalité de ses vêtements d'emprunt, comme un coup de tonnerre purge le ciel des vapeurs qui l'enveloppent (Rolland,J.-Chr., Matin, 1904, p. 143).
3.
a) MÉD. ANC. Débarrasser le corps ou, p. méton., un organe d'impuretés nuisibles à la santé (par une saignée, un clystère, un purgatif). Si Bloy n'avait pas (...) un pédant à pulvériser, il engueulait, dans une langue magnifique, un propriétaire, sa concierge (...), même son curé afin de purger ses humeurs (L. Daudet,Idées esthét., 1939, p. 144).
Purger le cerveau. Dégager le cerveau. Mon rhume m'a peut-être purgé le cerveau, car je me sens plus léger et plus rajeuni (Flaub.,Corresp., 1854, p. 27).
b) Provoquer ou faciliter l'évacuation intestinale au moyen d'un purgatif administré par voie orale.
Qqn purge qqn (avec qqc.).Comme il m'est poussé un clou abominable en plein visage, il m'a purgé ce matin (Flaub.,Corresp., 1879, p. 261).V. lithine ex. de Zola.
Empl. pronom. réfl. Pour éviter l'appendicite (...) il faut se purger, mais pas comme on fait aujourd'hui avec de petites drogues: à grande eau, comme se purgeaient nos pères, du temps de Molière (Renard,Journal, 1902, p. 764).
Qqc. purge qqn.Demandez au docteur, il vous dira que ces raisins-là me purgent (Proust,Swann, 1913, p. 208).En plus, les belles prunes noires d'Agen (...) avaient purgé avec violence les soldats assoiffés et chapardeurs (Druon,Louve Fr., 1959, p. 125).
B. − Au fig.
1. Vieilli ou littér. Débarrasser l'âme de ce qui la souille, l'esprit de ce qui l'encombre. Purger sa conscience. On ne peut pas facilement purger son âme avec le pinceau comme on le fait avec la plume (Delécluze,Journal, 1827, p. 429).
Empl. pronom. réfl. indir. Pour me purger l'esprit, après ce déjeuner (...), comme je souhaitais quelques heures de méditation paisible, j'ai fait une chose que je dois absolument t'avouer (Duhamel,Maîtres, 1937, p. 53).C'était l'heure où il éprouvait (...) le besoin de se purger l'âme (Abellio,Pacifiques, 1946, p. 31).
2. Débarrasser (une œuvre, une langue) de platitudes, de fautes contre le langage ou le goût. Les (...) académiciens furent institués (...) pour purger le langage de toute antique et populaire impureté (A. France,Opin. J. Coignard, 1893, p. 188).Leconte de Lisle a épuré la langue, l'a purgée de toutes les sottes métaphores pour lesquelles il était impitoyable (Proust,Chron., 1922, p. 232).
3. Débarrasser (un lieu, un domaine) d'êtres néfastes ou réputés tels. Il déclare la guerre aux burgraves-bandits et en purge le Neckar, comme Barberousse et Rodolphe de Habsbourg en avaient purgé le Rhin (Hugo,Rhin, 1842, p. 328).Possible aussi qu'il eût mal accepté, pour purger ses champs des lapins, cette aide qu'il n'avait point requise (Genevoix,Raboliot, 1925, p. 69).Un titre que Laurent n'avait point écrit et qu'il ne lut pas sans malaise: Il faut purger la science des arrivistes et des profiteurs (Duhamel,Combat ombres, 1939, p. 132).
C. − DROIT
1. DR. PÉNAL et dans la lang. usuelle. Faire disparaître une peine, une condamnation en la subissant. Purger une accusation, la contumace, une peine. Ce fut cette semaine qu'on le pria de purger sa condamnation (Barrès,Enn. Lois, 1893, p. 53).Après avoir purgé ses vingt et un jours pour évasion (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 208):
Pendant ce temps, La Guillaumette et Croquebol (...) purgeaient en paix leur punition, allaient et venaient par les cours du quartier, la pelle sur l'épaule et la brouette au cul. Courteline,Train 8 h 47, 1888, 3epart., 2, p. 231.
2. DR. CIVIL. Débarrasser (un bien) de certaines charges, d'une hypothèque. Purger une hypothèque. V. hypothèque A.
REM. 1.
Purgateur, -trice, adj.,rare. Qui purifie moralement, qui opère une purification, une catharsis. Cette crise purgatrice, qui chez l'extraverti est permanente, n'est ici qu'un accident intermittent (Mounier,Traité caract., 1946, p. 331).
2.
Purgerie, subst. fém.,sucr. ,,Lieu où l'on met les formes de sucres pour les blanchir`` (Boiste 1823). Je t'avais donné la direction de la purgerie, tu t'en acquittes fort mal (Sue,Atar-Gull, 1831, p. 23).
Prononc. et Orth.: [pyʀ ʒe], (il) purge [pyʀ ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. g est suivi de e devant a et o: purgeant, purgeons. Étymol. et Hist. 1. a) 1197 « rendre pur (l'âme) » (Hélinant, Vers de la mort, IV, 11 ds T.-L.), b) 1372-74 « épurer les passions par les arts » (N. Oresme, Politiques, éd. A.-D. Menut, f o308b); 1651 purger les passions (Corneille, Imitation de Jesus-Christ, 2290); 2. ca 1200 « nettoyer (le blé) » (Li Dialoge Gregoire le pape, 56, 7 ds T.-L.); 3. ca 1265 « débarrasser le corps de ses impuretés » (Brunet Latin, Trésor, I, 101, éd. F. J. Carmody, 84); xives. se purger (Moamin et Ghatrif, II, 3, 16 ds T.-L.); 4. 1583 terme de dr. « débarrasser (un bien) des charges qui le grèvent » (F. Rageau, Indice des droicts roiaux et seigneuriaux (d'apr. FEW t. 9, p. 613a)). Du lat. purgare « nettoyer », d'où en méd. « débarrasser, purger », dér. de purus (v. pur). Fréq. abs. littér.: 337. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 443, b) 546; xxes.: a) 381, b) 525.
DÉR. 1.
Purgeage, subst. masc.a) Carr. ,,Nettoyage du front de taille ou du ciel de carrière pour les débarrasser des blocs branlants, dangereux pour les ouvriers`` (Lar. encyclop.). b) Sylvic. ,,Élimination des parties tarées du bois`` (Plais. 1969). c) Text. Dans la fabrication de la soie, nettoyage des fils de soie avant le tissage. Synon. purge.Purgeage du fil bobiné (...) un des rôles importants du bobinage (...) « purger » le fil de ses imperfections (Thiébaut,Fabric. tissus, 1961, p. 36). [pyʀ ʒa:ʒ]. 1reattest. 1904 (Nouv. Lar. ill.); de purger, suff. -age*.
2.
Purgeoir, subst. masc.a) Vx. Bassin, réservoir de sable servant à filtrer les eaux de source avant leur entrée dans des canalisations ou un aqueduc. On établit un certain nombre de ces purgeoirs de distance en distance et l'on change, de temps à autre, les gravoirs et les sables (Chabatt. 21876).b) Text. Lame de dévidoir à soie servant à purger les fils. (Dict. xixeet xxes.). [pyʀ ʒwa:ʀ]. 1resattest. a) 1530 « crible » (J. Lefèvre d'Étaples, Bible d'Anvers, Ames IX, 9 ds Fonds Barbier), b) 1752 subst. masc. plur. « bassins où l'eau se purifie » (Trév.), 1832 subst. masc. sing. (Raymond), c) 1875 « pièce faisant partie des dévidoirs à soie où les fils passent pour se nettoyer » (Lar. 19e); de purger, suff. -oir*.
BBG.Arveiller (R.). Contribution à l'ét. du lex. fr. Mél. Gamillscheg (E.). München, 1968, pp. 31-32. − Arv. 1963, pp. 420-421 (s.v. purgerie). − Gohin 1903, p. 243 (s.v. purgerie). − Quem. DDL t. 11.