| PUR, PURE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − Domaine concr. 1. Qui est sans mélange. a) [En parlant d'un animé] Dont les caractères, les qualités sont entiers, sans mélange, sans dégradation due au métissage. Synon. franc3(v. ce mot II B 3).Type pur; chevaux de race pure; (de) pure race; (de) pur sang. − [En parlant d'un être hum.] C'était un Normand pur, haut et large, un peu ventru, de la vieille race des aventuriers qui allaient fonder des royaumes sur le rivage de tous les océans (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Fermier, 1886, p. 654).La race pure des néolithiques proprement dits a été reconnue à Grenelle et en Belgique. Elle constitue le type alpin, brachycéphale (...) de taille moyenne, au corps trapu et à la face ronde (S. Blanc,Init. préhist., 1932, p. 20). ♦ [P. méton.]: 1. [Sismondi] doit à l'amitié connue qui le lie à Mmede Staël d'être reçu et initié dans le meilleur monde, dans la plus fine société. Il voit les Montmorency, les Duras (...) le pur faubourg Saint-Germain...
Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 6, 1863, p. 56. − [En parlant d'un animal] Sa jument arabe de pur sang, brillante et docile dans sa main, défie la plus belle jument des scheiks du désert (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 123).Côte à côte avec les ânes vaguaient aussi des chiens pur sang et d'une race superbe, parfaitement onglés, rablés et coiffés (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 33).V. aussi pur-sang. b) [En parlant d'un inanimé] Qui ne contient pas d'élément étranger. Le kaolin est de l'argile pure de couleur blanche; il provient de la décomposition du feldspath; on le trouve aux environs de Limoges, en Chine et au Japon (Bourde,Trav. publ., 1928, p. 88).Pour les premiers repas du nourrisson, la mère prépare (...) la traditionnelle bouillie, faite de pure farine de froment (Menon, Lecotté,Vill. Fr., 2, 1954, p. 60). − Spécialement ♦ CHIMIE Corps pur. Corps dans lequel n'existe aucune matière étrangère décelable par un réactif physique ou chimique. Corps, substance (à l'état) pur; corps chimiquement pur. Les 30 éléments chimiques − au moins − qui se trouvent dans chaque parcelle du marbre de Carrare qui nous paraît chimiquement pur (Vernadsky,Géochim., 1924, p. 62).Les mixtes de syncristallisation, quand ils sont suffisamment homogènes, fournissent des radiogrammes aussi simples et pouvant être aussi finement définis que ceux de corps purs (Friedel,Cristallogr., 1926, p. 393).Or pur, argent pur. Synon. de or fin, argent fin (v. fin2II B 1 a).À cette époque (...) les orfèvres, les banquiers, les marchands, savent fort bien distinguer l'or pur de l'or allié à d'autres métaux (Fulcanelli,Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 146).L'or fin, c'est-à-dire pur, est dit de 24 carats (Metta,Pierres préc., 1960, p. 54).Au fig. Être pur comme l'or. Synon. de être franc comme l'or, l'osier (v. franc3II A 1). ♦ COMM. [En parlant d'un produit] Qui n'a pas de composant étranger ou qui n'en contient que dans une proportion faible et conforme à des normes établies. Pure laine; pure soie; confiture pur fruit, pur sucre; saucisson pur porc. Le linge de maison se fait en toile pur fil, en toile métis fil et coton ou tout coton (Lar. mén.1926, p. 752). − Expr. usuelles. Subst. + pur.Qui est sans mélange. ♦ Café pur. Synon. de café* noir. (Ds Rob.). ♦ Couleur pure. Le jaune apparaît bien comme une couleur pure, indépendante (Piéron,Sensation, 1945, p. 143). ♦ Métal pur. Métal sans alliage et dans lequel la proportion d'impuretés est inférieure à un taux variant de 10-6à 10-13. L'image gravée est solidement encrée à la surface lithographique si l'on a pris la précaution de décaper la surface du métal à l'acide pour mettre le métal pur à vif (Civilis. écr., 1939, p. 10-5). ♦ Vin pur. Vin auquel on n'a pas ajouté d'eau. Il prit la carafe et, avant de se servir, voulut verser de l'eau dans mon vin. Je l'arrêtai brusquement. − Oh! non! Je bois du vin pur... − Pur?... − répéta l'oncle stupéfait (Gyp,Souv. pte fille, 1928, p. 255). ♦ Pure laine. Veste liquette à rayures tennis en pure laine ultra-fine (Le Point, 19 avr. 1976, p. 31, col. 4).Au fig., fam., en empl. adj. apposé. Authentique. Réflexe de macho pure laine: inventer une différence de comportement entre sexes opposés (Elle, 25 mai 1981, p. 82, col. 1). c) Pur de + subst.Dépourvu de, exempt de. Pour les poteries, on emploie des argiles plus dures, toujours pures de toutes matières étrangères (Bourde,Trav. publ., 1928, p. 126). − Au fig. L'Allemagne (...) se considère comme le dernier et le seul rameau pur d'alliage de la souche aryenne (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 393). 2. Qui n'est pas altéré; qui n'est pas corrompu, souillé par un autre élément. a) [En parlant d'un animé et de ses attributs] Qu'importe que Maxence soit triste, ou qu'il soit mauvais? Il est l'envoyé de la puissance occidentale. Il faut donc bien qu'il reste pur et sans mélange, et qu'il soit séparé de tous les autres (Psichari,Voy. centur., 1914, p. 56). ♦ Teint pur. Synon. de teint clair (v. clair I A 1 b).Mince, élancé, très élégant, Narcisse, avec son teint pur, ses yeux d'un bleu pâle, presque mauve, sa barbe blonde (Zola,Rome, 1896, p. 74).Sur son teint très pur, l'été avait posé deux taches de rousseur (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p. 229). ♦ Voix pure. Voix dont le timbre est clair: 2. Francelin (...) avait une voix merveilleusement pure et vibrante; les sons, en s'échappant de ses lèvres, donnaient la sensation d'une musique trop idéale pour être humaine; on eût dit une âme qui chantait.
Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p. 50. b) [En parlant d'un inanimé] Onde pure; source pure. C'était le grand jour. Le silence était pur. Il y avait à peine le bruit des rames entrant dans l'eau: c'était un claquement bref, sans écho (Giono,Batailles ds mont., 1937, p. 269).Musique aussi pure que possible, musique spirituelle, sans élément étranger (Potiron,Mus. église, 1945, p. 25). ♦ Air pur. Air non pollué, non vicié. Je respirais avec plus de liberté; l'air est si pur dans ces montagnes! (Krüdener,Valérie, 1803, p. 209). ♦ Ciel pur. Ciel sans nuage. Un ciel élevé, pur, net, profond, où jamais le moindre nuage ne flotte, et ne se colore de la pourpre du soir et du matin (Lamart.,Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 42).Au-dessus de nous, le ciel était devenu pur,invraisemblablement pur! On y voyait des étoiles que les yeux des hommes n'aperçoivent jamais (Mille,Barnavaux, 1908, p. 103). ♦ Eau pure. Eau douce, limpide, sans impuretés et que l'on peut boire. L'équipage remplissait les barriques d'une eau pure et fraîche (Sue,Atar-Gull, 1831, p. 6).Je bus une gorgée de cette eau filtrée par les cendres de tant de saints personnages; elle était pure et glaciale comme la mort (Gautier,Tra los montes, 1843, p. 54).On ne peut concevoir ce qu'est pour nous une eau pure, fraîche, constante, de quoi s'abreuver, se laver, soi et son linge. Car la source nourrit toujours un lavoir à sa suite (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 132). ♦ Jour pur, lumière pure, clarté pure. Jour, lumière, clarté que rien ne ternit. Dans nos villes du Midi (...) la lumière vive et pure a une intensité telle que la moindre baie suffit à éclairer une pièce (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 348). − HÉRALD. Synon. de plain.Il porte d'argent pur, de gueules pur (Ac.1798-1935). c) Pur de + subst.Exempt de. Que c'est beau, ces paysages purs de présence humaine (Colette,Pays. et portr., 1954, p. 112).Les trouvailles de Qoumrân (...) [nous restituent] des écrits proprement esséniens, purs de toute altération, de tout remaniement ultérieur (Philos., Relig., 1957, p. 42-4). B. − Domaine intellectuel et esthét. 1. Qui ne dépend pas d'une autre réalité. − [En parlant d'une faculté] Qui ne dépend pas d'une autre faculté. Raison pure. Le sentiment (...) devient le principe de la vie religieuse et de la connaissance de Dieu, tandis que la raison pure est déclarée incapable de dépasser le monde des apparences et des phénomènes (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1243). ♦ [Chez Kant] Qui ne dépend pas de l'expérience. Il y a des principes a priori absolument indépendants de toute expérience, et qu'à cause de cela Kant appelle purs (...); tels sont les principes mathématiques (Cousin,Philos. Kant, 1857, p. 4). ♦ Raison* pure. 2. Qui ne contient pas d'élément empirique ou sensible. a) [En parlant d'un être immatériel] Esprit pur. L'esprit considéré comme tel, indépendamment du corps. L'esprit pur, conçu par opposition à la matière, est une entité contradictoire, dont rien par conséquent ne peut attester la réalité (Proudhon,Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 352).En ce sens « esprit » signifie être intelligent et conscient de soi; « pur esprit » signifie être intelligent et conscient, absolument dégagé des imperfections de la matière (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1161). b) Qui est envisagé sous l'angle théorique, sans application pratique. Sciences pures. Un poids jeté dans la balance a troublé, chez nous, l'équilibre des causes géographiques. Des affinités naturelles ont été exagérées. Ce n'est plus la géographie pure, mais de l'histoire qui se laisse voir dans cet organisme concentré, replié sur lui-même (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 381).En droit pur, le tribunal n'a pas besoin d'un texte lui reconnaissant compétence pour examiner l'exception d'inconstitutionnalité (Vedel,Dr. constit., 1949, p. 125). ♦ Mathématiques pures. Celles qui sont considérées en dehors de toute application à des données empiriques (d'apr. Goblot 1920). Il faut attendre (...) aux environs de 1800 (...) pour voir utiliser, en mathématiques pures, l'addition des vecteurs (Bourbaki,Hist. math., 1960, p. 72).Un premier point à noter est le clivage, beaucoup plus prononcé au XXesiècle qu'aux époques antérieures, entre mathématiques pures et mathématiques appliquées (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 125). ♦ Recherche pure. Synon. de recherche fondamentale* (p. oppos. à recherche appliquée*): 3. Le dosage rationnel des cadres consacrés à la recherche pure (...), de ceux orientés vers la recherche appliquée, enfin de ceux qui transforment la recherche appliquée en réalité courante devrait être placé au-dessus des contingences du profit immédiat.
Gds cour. pensée math., 1948, p. 508. c) Qui donne une impression esthétique sans se référer à quelqu'un ou à quelque chose appartenant au monde réel ou imaginaire; qui n'est ni descriptif, ni figuratif. Art pur. Accepter comme danse pure toute danse non figurative, qu'elle ait ou non un but d'efficacité (Cuisinier,Danse sacrée, 1951, p. 55).Dans le Bidule en ut par exemple (...) [nous] avions choisi un thème à mi-chemin entre la musique pure et la musique concrète (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p. 153). ♦ Poésie pure. Poésie réduite à la musique des mots indépendamment de leur signification. Nombreux sont, à toutes les époques, ceux qui (...) prônent, les uns, une poésie prétendue « pure », dionysienne (...) les autres, une musique descriptive et didactique (L. Daudet,Maurras, 1928, p. 20).Je voyais (...) nettement les conditions d'une poésie pure, abstraite, parfaite, et comme a priori (Valéry,Lettres à qq.-uns, 1945, p. 128). 3. Qui est conforme à une norme établie, définie, considérée comme idéal, comme modèle (de perfection). Le bocage pur cesse à quelque 2 ou 300 kilomètres des côtes (Meynier,Paysages agraires, 1958, p. 29). a) Qui est correct; dont les termes sont adéquats, choisis; dont les formes sont conformes à la grammaire et au bon usage. Langage pur; style pur. Lassay, je l'ai dit, n'est pas un écrivain; son style est sans cachet, mais il parle en perfection cette langue pure, polie, incolore, exempte du moins de tout mélange, et parfaitement naturelle, que continuent de parler et d'écrire les personnes de goût de l'époque qui succède (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 9, 1853, p. 202).J'ai lu le quotidien Neptune de ce matin; le français en est assez pur, ni plus ni moins incorrect, ou plutôt vulgaire, que celui des grands quotidiens de Paris (Larbaud,Journal, 1934, p. 340).Ce magma de connaissances nous était présenté, il faut le reconnaître, dans une langue très pure (H. Bazin,Vipère, 1948, p. 111). − En partic. ♦ LING. Langue pure. ,,Une langue pure, par opposition à une langue mixte, est celle qui paraît continuer directement une langue antérieure, sans contamination notable par voie d'emprunt ou par substitution`` (Mar. Lex. 1951). Aucune distinction n'a été faite entre le riksmal, la langue influencée par le danois et le landsmal, la langue norvégienne pure (Civilis. écr., 1939, p. 22-16): 4. Quels que soient les changements et, si l'on veut, les déformations que l'usage lui impose, une langue reste belle tant qu'elle reste pure. Une langue est toujours pure quand elle s'est développée à l'abri des influences extérieures. C'est donc du dehors que sont venues nécessairement toutes les atteintes portées à la beauté et à l'intégrité de la langue française.
Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p. 133. ♦ MÉTR. Pied pur. ,,Celui qui, considéré comme le pied fondamental du vers, doit obligatoirement se trouver à certaines places, par exemple en grec aux places paires des vers iambiques, impaires des vers trochaïques`` (Mar. Lex. 1951). b) Qui est esthétique. Lignes pures; profil pur. Et c'est cette âme, encore inconnue, qui rayonnait ce jour-là, me semblait-il, du plus suave et du plus charmant éclat, sur le pur ovale de son visage (G. Leroux,Parfum, 1908, p. 5). ♦ Traits purs. Le roi était doué d'une beauté surhumaine: ses traits grands, purs, réguliers semblaient l'ouvrage du ciseau, et l'on n'eût pu y reprendre la moindre imperfection (Gautier,Rom. momie, 1858, p. 307).Elle a le profil droit, les traits purs, les grands yeux magnifiques, toute la beauté de sa race (Loti,Inde sans Angl., 1903, p. 89). c) Qui réalise pleinement le type d'un style, d'une époque, d'un modèle, d'une croyance, d'une religion, d'une théorie. Synon. véritable.Je suis engagé d'honneur; mes deux romans sont commencés, il faut les achever, et ma fatigue est sans bornes, inquiétante. Je fais du Sue tout pur (Balzac,Lettres Étr., t. 2, 1843, p. 171).On assiste après 1870 à une véritable renaissance de la musique pure − musique de chambre et symphonique (Dumesnil,Hist. théâtre lyr., 1953, p. 147).En 1789, on fabriquait encore du meuble de pur style Louis XVI (Viaux,Meuble Fr., 1962, p. 119).Pur mystique. V. mystique ex. 3. 4. Qui est considéré en soi, en tant que tel, à l'exclusion de toute autre chose. Sur le plan biologique pur (Tiers monde, 1956, p. 107).Pour l'industrie électronique, le domaine aéronautique pur représente une proportion relativement faible des besoins que couvre cette industrie (Industr. aéron. fr., 1962, p. 5). ♦ Dessin pur. Dont le dessin est franc, dont les contours sont arrêtés. Les moins fiers des pistils, les plus humbles des feuilles Sont d'un dessin si pur, si ferme et si nerveux Qu'en eux Tout précipite et tout accueille L'hommage clair et amoureux des yeux (Verhaeren,Mult. splendeur, 1906, p. 73).Le colonel que j'avais rencontré au poste des carrières: visage aminci d'un dessin pur, yeux bleus, doux habituellement, et qui prennent tout à coup un éclat d'acier (Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, p. 100). a) Son pur. Son considéré, indépendamment du point de vue physiologique, du point de vue physique, consistant en vibrations représentant une fonction sinusoïdale du temps et défini de façon classique par sa durée, son intensité, sa hauteur (d'apr. Arts et litt., 1935, p. 34-6 et Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 211). Un son ne nous produit une impression agréable, musicalement parlant, que s'il est suffisamment timbré, coloré et caractérisé par la présence de quelques-uns de ses harmoniques; théoriquement pur, il nous paraîtrait fade, sans timbre (Lavignac,Mus. et musiciens, 1895, p. 15).On nomme son pur (ou simple) un son dont l'image graphique est une sinusoïde. Un tel son correspond à une note musicale pure dépourvue de toute harmonique (Arts et litt., 1935, p. 40-3).V. acoustique ex. 21. ♦ Vitesse pure. Les plus doués se dirigent vers la pratique du sport automobile proprement dit, vers la compétition: soit le rallye automobile, soit la course de vitesse pure en circuit fermé (Jeux et sports, 1967, p. 1642). b)
α) [Souvent antéposé] Synon. de simple.Pure fantaisie; pur hasard; pure folie, pure plaisanterie. Par pure bonté d'âme, lui, concierge, allait à l'enterrement d'une personne qui ne lui était de rien (Mérimée,A. Guillot, 1847, p. 89).L'harmonie de la ligne est pure affaire d'esthétique (Tinard,Automob., 1951, p. 333).
β) [Souligne le caractère exclusif d'un mot marqué péjorativement] Des rentes des auteurs ils passèrent à celles des critiques. Ils s'entretinrent de celles que touchait − (pure calomnie, sans doute?) − un de leurs confrères connu, pour chaque représentation d'un théâtre des boulevards, afin d'en dire du bien (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 671).Il ne se contentait plus d'en user par vengeance, quand on le contrariait, mais par pure méchanceté, lorsque sa mère et Christophe avaient le projet de passer la soirée ensemble (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1522). c) Loc. Pur et simple − Vieilli. ,,Obligation pure et simple, promesse pure et simple; mainlevée pure et simple, démission pure et simple, obligation, promesse, mainlevée, démission sans aucune condition, sans aucune restriction ni réserve`` (Ac. 1935). − Sans restriction ni réserve; sans condition. Le saint-synode empêcha l'adoption pure et simple du calendrier grégorien, parce que, pensait-il, une réforme de cette nature devait venir exclusivement de l'initiative du tsar (Chauve-Bertrand,Question calendrier, 1920, p. 99).[L'avocat] demande l'application pure et simple du jugement de 1936 (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p. 2, col. 4). C. − Domaine moral 1. [En parlant de qqn] a) Qui est droit, sincère et sans détour: 5. ... tous ceux qui trembleraient devant une vérité trop forte, comme l'homme de la ville cligne des yeux devant les facettes ensoleillées de l'océan, que ceux-là à tout jamais s'en aillent. Cette rude nourriture de l'Afrique n'est pas pour eux. Là, il faut un regard ferme sur la vie, un regard pur, allant droit devant soi, un regard de toute franchise, de toute clarté.
Psichari,Voy. centur., 1916, p. 23. − [P. réf. à Matth. V, 8: Bienheureux/heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu] Cœur pur. Cœur qui est droit, sans partage, et, de ce fait, reçoit et reflète fidèlement l'image de Dieu. L'impatience de connaître grandit en Maxence. − Mais le secret des choses essentielles appartient aux cœurs purs et la sûre méthode pour connaître le vrai est d'être meilleur (Psichari,Voy. centur., 1914, p. 181).Nulle perspicacité critique ne prévaudra sur la clairvoyance d'un cœur pur. Deux fois heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu et, par eux, Dieu se fera voir (H. de Lubac,Sur les chemins de Dieu, 1956, p. 196). b) Qui est exempt de faute, de souillure; qui ne fait pas le mal et n'est pas attaché au mal. Âme pure; conscience pure. Il n'est pas toujours facile d'être un homme, moins encore d'être un homme pur (Camus,Noces, 1938, p. 61).Le Christ dans son enseignement paraît ne s'être jamais inquiété de nos goûts singuliers (...). Son exigence (...) c'est que nous soyons purs, que nous renoncions à notre convoitise, quel qu'en soit l'objet (Mauriac,Mém. intér., 1959, p. 190). ♦ Avoir les mains pures. Être innocent et n'avoir aucune mauvaise intention: 6. Ce que je réprouve dans le personnage [le Malfaiteur], je le réprouve également dans tous les hommes et dans toutes les femmes qui lui jettent la pierre. Il faudrait avoir les mains bien pures pour jeter la pierre, mais les mains pures ont ceci de remarquable, qu'elles ne jettent point de pierres.
Green,Journal, 1956, p. 198. ♦ État de pure nature. Condition de l'homme avant le péché originel. La possibilité de l'état de nature pure ou, ce qui revient au même, la distinction réelle entre l'ordre naturel et l'ordre surnaturel (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 829).P. anal. Condi-tion de l'homme avant toute civilisation. C'est là la grande erreur de J.-J. Rousseau, et même de l'Esprit des lois, et l'on est affligé de voir M. de Montesquieu rêver aussi un état de pure nature antérieur à la société, où la paix seroit la première loi naturelle (Bonald,Législ. primit., t. 1, 1802, p. 172).Fam. État de nudité complète. Il y avait là ce grand jeune homme (...) que j'avais vu au conseil de révision (...) dans l'état de pure nature, c'est-à-dire nu comme la main (Delacroix,Journal, 1854, p. 204). − En partic. Qui reste étranger aux actes et même aux tentations d'ordre sexuel. Synon. chaste.Femme, jeune fille pure. J'aimais de toutes les puissances de mon être une femme (...). Je la croyais candide, elle était vile et basse! Je la croyais naïve, céleste, pure, elle était prostituée! Ô rage! (Borel,Champavert, 1833, p. 193).Elle est donc libre de se conserver chaste et pure, la fille du pauvre, qui, l'ouvrage venant à manquer, n'a plus à choisir qu'entre la prostitution et la faim! (L. Blanc,Organ. trav., 1845, p. xxiii). c) Qui n'est pas entaché de calcul; qui est probe, désintéressé. Intentions pures et honnêtes. M. Brunschvicg peut répondre à une attaque qu'elle n'est pas juste, qu'il fallait l'estimer sur ses intentions qui sont pures, sur sa probité intellectuelle qui est grande, sur son désintéressement qui n'a pas de limites (Nizan,Chiens garde, 1932, p. 130).L'on enseigne aux adolescents les mythologies anciennes et ces légendes celtiques adoptées par le Moyen Âge, où le chevalier pur parvient au château du roi pécheur, gardien du Graal (Divin.1964, p. 249). 2. [P. méton.] Qui reflète cet état, cette qualité. Front, visage pur; yeux purs. Il y avait dans l'assistance un jeune homme inconnu, d'une beauté saisissante, avec des yeux d'amande douce et cette sorte de visage aux traits purs qui attire les regards moins purs, comme les fleurs attirent les mouches (H. Bazin,Qui j'ose aimer, 1956, p. 54).V. candide ex. 5. 3. [Avec une valeur superl. d'intensité] Synon. de suprême, parfait1.Amour pur. Tant que l'âme n'a pas goûté au bien pur, elle est séparée de l'enfer comme du paradis (S. Weil,Pesanteur, 1943, p. 80). D. − Loc. et expr. − De pure forme. Qui est destiné à sauver les apparences. V. forme I C 3 d β. − Pur et dur. Extrême, radical. Les intellectuels parisiens ne cherchent plus en dehors de Moscou une autre Mecque d'un communisme pur et dur (L'Express, 20 oct. 1979, p. 142, col. 3). − Loc. adv., vieilli. À pur et à plein. ,,Entièrement, tout à fait, sans aucune réserve. Il n'est guère usité que dans ces phrases: Être absous à pur et à plein. Un compte soldé à pur et à plein.`` (Ac. 1835-1935). − Loc. adv. En pur don. ,,On l'emploie en parlant D'un don fait sans aucune condition`` (Ac. 1835-1935). − Loc. adv. En pure perte ♦ Synon. de inutilement, vainement.Avoir défendu le client en pure perte avec tout le talent et la conscience imaginables, fâcheux accident [pour un avocat] (Delacroix,Journal, 1854, p. 143). ♦ Vx. ,,On le dit aussi en parlant D'une perte qui n'est compensée par aucune utilité. Cela tombe en pure perte pour lui.`` (Ac. 1835, 1878). II. − Substantif A. − Subst. masc. et fém. 1. Celui, celle qui est pur(e). À certains moments critiques de l'histoire d'Israël, aux heures d'oppression, de domination brutale des peuples païens, ceux-ci ont pu lui apparaître, en bloc, comme une masse de méchants, de pervers, d'ennemis de Dieu, dignes de tous les châtiments, en face de la famille des purs et des saints (Weill,Judaïsme, 1931, p. 116). − [P. réf. à St Paul, Tite I, 15: Aux purs tout est pur/Tout est pur pour ceux qui sont purs] La pureté morale importe seule et non plus la pureté légale (des Juifs). Aussi le saint peut-il et doit-il, sans faillir, revenir au monde après l'avoir maîtrisé, et s'y replonger au besoin dans le péché, car aux purs tout est pur (Philos., Relig., 1957, p. 52-15). 2. En partic. Celui qui respecte, incarne l'orthodoxie d'une doctrine, d'un parti, d'une école et sacrifie tout à ses principes. Les purs et les durs (ceux qui ont durci leur position jusqu'à l'intransigeance). Le comte de Mirabeau s'était chargé de faire entrer dans le complot les plus purs de l'Assemblée (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 522).M. D. et Tr. (...) étant simultanément investis du pouvoir, rassurent les purs et leur donnent des espérances pour leur parti (Maine de Biran,Journal, 1816, p. 131).Une baie offrait aux regards les estampes à la mode (...) On y voyait, ce jour-là, des scènes galantes (...) dont se scandalisaient les Jacobins et que les purs dénonçaient à la Société des arts (A. France,Dieux, 1912, p. 28). − SPORTS. Sportif amateur non rétribué (p. oppos. à professionnel). Il faut que le grand public des chaudes soirées professionnelles vienne applaudir aux exploits de nos « purs » (L'Auto, 18 mai 1934, p. 3 ds Grubb Sports 1937, p. 59). B. − Subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est pur. Crois-tu que madame Eletta (...) qui avait les cuisses comme du lait, les eût (...) retranchées dans l'invisible et dans l'intangible, qui est le pur, selon la doctrine platonicienne? (A. France,Puits ste Claire, 1895, p. 210).Le sacré est en effet objet simultané d'épouvante et de convoitise. Il apparaît sous les formes antagonistes du pur et de l'impur qui expriment la polarité religieuse par excellence (Philos., Relig., 1957, p. 32-7). REM. Purissime, adj.,rare. Qui est très pur. N'est-ce point, au reste, des nombreux embrassements de ces mystérieuses colombes de Diane (...) que se trouve engendré, au sein de la galette, le purissime nourrisson représenté par la fève des Rois? (Canseliet,Alchim., 1936, p. 97).L'alumine est préparée (...) par la calcination d'alun ammoniacal purissime dans un creuset de quartz (Metta,Pierres préc., 1960, p. 107).Empl. subst., rare. Celui qui est très pur, qui sacrifie tout à ses principes. Il y a une aristocratie révolutionnaire (...) des intouchables de la doctrine, qui ne sauraient être confondus avec le vulgaire et la foule (...) Ce dogmatisme (...) est une faiblesse. À force d'être entre purissimes, on finit par être seul (L'Œuvre, 2 mars 1941). Prononc. et Orth.: [py:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I Adj. A. 1. fin xes. pura « qui est sans mélange, entier » (La Passion, éd. D'Acro Silvio Avalle, 179); 2. ca 1130-40 « sans tache, sans souillure, chaste » (Wace, Vie de Sainte Marguerite, éd. E. A. Francis, 623); 3. a) 1176 « sans défaut d'ordre esthétique » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4313); b) 1688 en parlant du style d'un auteur (Rich. t. 2); 4. ca 1225 avec un compl. introd. par de « exempt de » (Reclus de Molliens, Charité, 167, 9 ds T.-L.); 5. 1370 « véritable, qui est exclusivement ce qu'il est » adj. de renforcement par pure perece (Nicole Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 180, note 4); 1588 tout pur (Montaigne, Essais, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 927); 6. 1690 « qui caractérise un auteur » Ciceron tout pur (Fur.); 7. 1832 de pure race (Hugo, N.-D. Paris, p. 131). B. 1. 1170 « qui n'est pas mêlé à autre chose » (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 5110); d'où a) 1735 « couleur à laquelle aucune autre n'est mêlée » (Du Halde, Empr. Chine , t. 2, p. 189); b) 1824 « qui n'est pas dénaturé par une sonorité étrangère » (Balzac, Annette, t. 1, p. 161); 2. ca 1175 « qui ne renferme aucun élément mauvais » (Benoît, Ducs de Normandie, 2189 ds T.-L.). II. Subst. 1721 « homme qui professe la doctrine orthodoxe » (Montesquieu, Lettres persanes, t. 2, p. 163). Du lat. purus « sans tache, sans souillure ». Fréq. abs. littér.: 14 035. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 20 481, b) 16 472; xxes.: a) 16 730, b) 23 326. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 393. − Grundt (L.-O). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 228. − Quem. DDL t. 27. |