| PUNIQUE, adj. et subst. masc. A. − HIST. ANC., adj. Qui est relatif aux colonies phéniciennes d'Afrique et principalement à Carthage et aux Carthaginois. Art, constitution, flotte, médaille, religion punique. Les habitants des terres puniques se distinguoient surtout par leur génie commerçant (Chateaubr.,Essai Révol., t. 1, 1797, p. 197): Alors, désespérant de la république, Hamilcar leva de force dans les tribus tout ce qu'il lui fallait pour la guerre: du grain, de l'huile, du bois, des bestiaux et des hommes. Les habitants ne tardèrent pas à s'enfuir. Les bourgs que l'on traversait étaient vides, on fouillait les cabanes sans y rien trouver; bientôt une effroyable solitude enveloppa l'armée punique.
Flaub.,Salammbô, t. 2, 1863, p. 7. ♦ Guerres puniques. Les trois guerres des Romains contre Carthage. Dès la ruine de Carthage, du vivant même du fidèle Massinissa, les Romains prenaient ombrage du royaume des Numides qui ne leur était plus utile. Ils n'avaient pas voulu de leurs secours dans la dernière guerre punique (Michelet,Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 147).J'étais à deux doigts de ma perte, comme Rome aux pires temps des guerres puniques (Flaub.,Corresp., 1851, p. 306). − Au fig., littér. Qui évoque la ruse, la perfidie attribuées aux Carthaginois. Que disent de cette loyauté punique les économistes? (Proudhon,Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 62).Ce travail punique, incontestablement autorisé par la guerre qui admet le piège, était si bien fait que Haxo, envoyé par l'empereur à neuf heures du matin pour reconnaître les batteries ennemies, n'en avait rien vu (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 384). ♦ Foi punique. Mauvaise foi insigne. J'étais donc vivement inquiet de voir un mois s'écouler sans avoir de vos nouvelles. Je craignais tout de la foi punique (Rec. textes hist., 1799, p. 113).On aurait pu dire la foi romaine, à plus juste titre que la foi punique, tant Rome était habile à éluder ses serments ou hardie à les violer (Lamennais,Indifférence, t. 1, 1817-23, p. 282). − Empl. subst., rare. Les Phéniciens de Carthage. Les Grecs et les Puniques (Rob.). B. − LING., adj. et subst. masc. Langue punique, le punique. Langue sémitique parlée par les Carthaginois. Ainsi, en Campanie, vers la fin de la république, on parlait: l'osque, comme les inscriptions de Pompéi en font foi; le grec, langue des colons fondateurs de Naples, etc.; le latin; peut-être même l'étrusque, qui avait régné sur cette région avant l'arrivée des Romains. À Carthage, le punique ou phénicien avait persisté à côté du latin (Sauss.1916, p. 267).C'est d'abord l'inscription en langue punique sur des tables de bronze, laissée par l'amiral carthaginois Hannon, dans un temple de Carthage (Hist. sc., 1957, p. 1345). Prononc. et Orth.: [pynik]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xives. guerres puniques (Eustache Deschamps,
Œuvres, VI, 287, 5 ds T.-L.); b) 1552 « relatif, propre à Carthage » (G. Postel, Hist. mem., f o79 r ods Gdf. Compl.); 2. 1721 subst. ling. (Trév., s.v. sufféte); 3. 1798 adj. « qui évoque la ruse, la perfidie que les Romains prêtaient aux Carthaginois » (Ac.). Empr. au lat.Punicus « relatif, propre à Carthage », Punica bella « guerres puniques », Punica fides « mauvaise foi ». Fréq. abs. littér.: 123. |