| PUISSANCE, subst. fém. A. − 1. Faculté de produire un effet, capacité; la force ou le caractère qui en résulte. Puissance humaine, lyrique, morale; une puissance considérable, illimitée, immense, incomparable; puissance de l'esprit; avoir une grande puissance intellectuelle; puissance de création, de destruction, de diffusion, d'expansion, d'extension, de production; par la puissance de qqc. La puissance musicale qui réside dans l'homme (Prod'homme, Symph. Beethoven, 1921, p. 450). − Vieilli. De toutes les puissances de. De toutes les forces de. Mais aujourd'hui je t'aime de toutes les puissances de mon âme (Balzac, Langeais, 1834, p. 213). − [Avec un compl. prép. de] Capacité, pouvoir (de faire, de devenir quelque chose). L'homme ne naît pas actuellement bon, mais avec la puissance de devenir bon, pas plus qu'il ne naît savant, mais avec la puissance de devenir savant (Renan, Avenir sc., 1890, p. 336). ♦ [Avec un nom d'action, de sentiment] Puissance d'action, d'analyse. [Lebrun] eut une puissance de travail étonnante (Gautier, Guide Louvre, 1872, p. 175). − [En parlant d'une œuvre artist.] Puissance poétique; puissance de l'art, des mots, de la musique, de la parole. Chez les modernes, il [le roman] s'est développé avec ampleur et puissance dès la première formation d'une société polie (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 444).La Plage d'Honfleur (...) toile d'une grande puissance (Castagnary, Salons, t. 2, 1872, p. 25).La puissance d'un ton: l'éclat dû au ton lui-même ou au contraste du voisinage (Hugues,Expr. atelier,s.d.). − Spécialement ♦ PSYCHOL. ,,Force psychique`` (Morf. Philos. 1980). La lutte antithétique entre les puissances de l'âme et les puissances de l'instinct (Faure, Espr. formes, 1927, p. 23).La puissance de l'exemple (Lal.1968). ♦ PHILOS., MÉTAPHYS. (notamment aristotélicienne ou scolastique). [P. oppos. à acte2] Virtualité. V. acte2ex. 1.Puissance active. ,,Capacité ou faculté actuelles d'accéder à une certaine forme d'être`` (Foulq.-St-Jean 1962). Puissance passive. ,,Simple possibilité de devenir ce qu'on n'est pas (...), non par soi-même, mais grâce à l'intervention d'un agent extérieur`` (Foulq.-St-Jean 1962). Synon. possibilité (ibid.). − Loc. En puissance ♦ Loc. adv. Virtuellement. Anton. effectivement, en acte.Cette multiplicité, cette distinction, cette hétérogénéité ne contiennent le nombre qu'en puissance, comme dirait Aristote (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p. 99).Un chêne porte en puissance, par tous ses glands, une forêt entière (Plantefol, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 550). ♦ Loc. adj. Synon. potentiel, virtuel.L'homme sain est donc un névrotique en puissance, mais le rêve semble le seul symptôme qu'il soit capable de former (Freud, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1959 [1922], p. 489).L'enfant n'est pas seulement un adulte en puissance, mais bien un enfant (Philos., Relig., 1957, p. 50-1). 2. MATH. [En parlant de la valeur que peut prendre un nombre, un point] − Puissance d'un nombre. Produit de deux ou plusieurs facteurs égaux à ce nombre. L'exposant, petit chiffre placé à droite et un peu au-dessus du nombre, en exprime la puissance (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 407).Le produit de deux puissances d'un même nombre est une puissance de ce nombre ayant pour exposant la somme des exposants (Laitier1969). ♦ À la puissance n. ,,Un nombre à la puissance n est le produit de n nombres égaux à lui-même`` (Sc. 1962). On y changera les signes de tous les termes où l'inconnue se trouvera élevée à une puissance impaire (Lagrange, Résol. équations num., 1808, p. 3).La règle peut être ainsi exprimée: ajouter 1 à 1, élever le résultat à la puissance n (Berkeley, Cerveaux géants, 1957, p. 252).Au fig., parfois fam. À la (ennième) puissance. À un très haut degré. Le vidame [de Pamiers] était un chevalier de Valois élevé à la dixième puissance, entouré de tous les prestiges de la fortune (Balzac, Cabinet ant., 1839, p. 60).Il est ennuyeux à la 15epuissance (Larch.Suppl.1880, p. 15).Le moi haïssable est du narcissisme à la troisième puissance (Choisy, Psychanal., 1950, p. 117). ♦ P. ext., arg. scol. Puissance d'un taupin. ,,Nombre d'années qu'il a passées dans la classe de Mathématiques spéciales, y compris l'année en cours`` (Moch, X-Lex., 1878, p. 50). − GÉOM. Puissance d'un point par rapport à un cercle ou à une sphère. ,,On appelle puissance d'un point M par rapport à un cercle ou une sphère (...), de centre O et de rayon R, l'expression OM2-R2`` (Uv.-Chapman 1956). Ce produit, précédé du signe + si le point A est extérieur, du signe - si ce point est intérieur, est dit la puissance du point par rapport à la sphère (Hadamard, Géom. ds espace, 1921 [1901], p. 145). 3. GÉOL., MINES. Épaisseur (d'une couche ou d'une série de couches) mesurée perpendiculairement à la stratification, épaisseur réelle par opposition à l'épaisseur apparente qui peut être relevée dans un sondage oblique à la stratification (d'apr. Fouc.-Raoult Géol. 1980). On nomme puissance (...) l'épaisseur du gisement (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 5).La puissance de la couche de charbon, sa dureté, la tenue des terrains (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 264). B. − SC., PHYS. Force, pouvoir d'action (d'un appareil, d'un mécanisme); en partic., quantité de travail ou d'énergie produite, consommée ou transférée par unité de temps et s'exprimant généralement en watts. Puissance électrique, mécanique; puissance explosive d'une bombe; puissance de freinage; accroître, augmenter, déterminer une puissance; faible, forte, grande puissance; transfert de puissance. Le retour du courant [électrique] par la terre est inadmissible dans les mines, en raison de la puissance transmise, et des dangers (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 600).La puissance d'un moteur se mesure en absorbant le travail produit par ce moteur (Champly, Nouv. encyclop. prat., t. 1, 1927, p. 81).Les nouveaux turbopropulseurs donnent les puissances de 5 500 à 6 000 CV difficilement réalisables avec le moteur à explosion (Rougeron, Aviat., 1951, p. 232). ♦ Puissance absorbée. ,,Puissance active fournie à une machine ou à une installation`` (Siz. 1968). La puissance absorbée s'élevait à 13 chevaux et même plus, car cette scie pouvait à certains moments caler à elle seule le moteur à vapeur (Soulier, Gdes applic. électr., 1916, p. 128). ♦ Puissance effective, au frein, réelle d'un moteur. Travail (du moteur) par unité de temps, mesuré à l'aide d'un frein dynamométrique (d'apr. Guerber 1967, s.v. puissance effective). On peut se demander quelle puissance effective il est possible de tirer de ce dispositif par mètre carré de surface offerte à la force des vagues? (Romanovsky, Mer, source én., 1950, p. 111).Souvent le même moteur se monte indifféremment sur des véhicules de catégories différentes: la puissance réelle n'en est pas modifiée (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 284). ♦ Puissance instantanée. ,,En courant alternatif, limite de la puissance moyenne lorsque l'intervalle de temps considéré devient infiniment petit; c'est le produit du courant instantané par la tension instantanée`` (Siz. 1968). La puissance instantanée p(t) caractérise la rapidité du transfert de l'énergie (Ferry-Mich.1981).V. infra puissance moyenne ex. de Decaux. ♦ Puissance moyenne. ,,Quotient d'une énergie par le temps pendant lequel elle a été mise en jeu`` (Siz. 1968). Puissance moyenne totale d'un moteur. La puissance moyenne débitée n'est que le millième de la puissance instantanée (Decaux, Mesure temps, 1959, p. 43). ♦ Puissance nominale. ,,Puissance maximale que peut fournir (ou absorber) un équipement producteur (ou consommateur) d'énergie`` (Vauge 1980). Le moteur fournissant la puissance nominale pour laquelle il a été construit (Ambroise, Monteur mécan., 1949, p. 82). ♦ Puissance normale (d'une machine). Puissance en vue de laquelle une machine est construite afin de remplir toutes les caractéristiques de sa spécification, dans des conditions d'échauffement conformément à certaines spécifications (d'apr. Siz. 1968). Les locomotives du système Thomson-Houston (...) ont une puissance normale de 700 chevaux (Soulier, Gdes applic. électr., 1916, p. 164). ♦ Puissance utile (d'une machine). Puissance fournie au circuit d'utilisation dans le cas d'une génératrice, d'une commutatrice ou d'un convertisseur, et sur l'arbre dans le cas d'un moteur (d'apr. Siz. 1968). La puissance utile d'une pile ou d'une dynamo est le nombre de watts utilisables qu'elle produit (H. Fontaine, Électrolyse, 1885, p. 40).Tout autant que la puissance utile reçue, l'importance relative des bruits constitue un élément essentiel et irréductible de la qualité d'écoute (Matras, Radiodiff. et télév., 1958, p. 32). ♦ Puissance fiscale (ds le domaine admin.). Puissance d'un moteur évaluée en chevaux fiscaux, calculée d'après une formule administrative pour servir de base à l'imposition fiscale. Bloc refroidi par l'air, système employé pour des véhicules de faible puissance fiscale, moteur s'apparentant au moteur de motocyclette (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 28). − [Selon le type d'énergie mise en jeu] ♦ Puissance acoustique. Somme des flux d'énergie acoustique passant au travers d'une surface entourant un point. Le niveau de puissance acoustique permet de caractériser une source de bruit (Envir.1976). ♦ Puissance calorifique, calorique. Nombre de calories fournies par unité de temps. La puissance calorique du charbon. La presque totalité de la puissance calorifique du coke (Quéret, Industr. gaz, 1923, p. 246). ♦ Puissance massique. Puissance produite par unité de masse de combustible. Malgré l'augmentation considérable de la puissance massique des chaudières modernes on préfère pour des raisons de sécurité en installer au moins deux (Le Masson, Mar., 1951, p. 108). ♦ Puissance volumique. ,,Puissance thermique produite par unité de volume au cœur d'un réacteur`` (Nucl. 1975). − ÉLECTR., ÉLECTROMAGN. Puissance d'émission. On trouve en Europe un grand nombre d'émetteurs de puissance d'une grande portée de réception qui offrent à l'auditeur un choix très varié de programmes (Vocab. radioph., [1933-52]). Lorsque la puissance de l'émetteur est élevée, la portée maxima est grande, mais il existe une portée minima, en deçà de laquelle l'écoute est très inconfortable (Matras, Radiodiff. et télév., 1958, p. 25). − P. anal. ♦ INFORMAT. Puissance de calcul. ,,Capacité d'un système informatique à traiter une application de taille déterminée dans un temps donné`` (Morvan Informat. 1981). Puissance d'un ordinateur. ♦ ACOUST., PHONÉT. Puissance phonétique de parole. ,,Valeur de la puissance vocale moyenne pour une voyelle ou une consonne pendant une durée de 0,01 s`` (Pir. 1964). Puissance vocalique instantanée. ,,Valeur moyenne de l'énergie acoustique émise par un orateur à tout instant donné`` (Pir. 1964). Puissance vocalique moyenne. ,,Pour tout intervalle de temps donné, valeur moyenne des puissances vocaliques instantanées pendant cet intervalle`` (Pir. 1964). ♦ OPT. Puissance d'un système optique, d'une lentille; la puissance du télescope du mont Palomar. Savoir tout c'est l'impossible; il y a toujours plus grand que le plus grand, et plus petit que le plus petit. Quelle que soit la puissance du télescope ou du microscope, le problème est toujours le même (Alain, Propos, 1933, p. 1191). C. − Pouvoir d'exercer de l'influence, d'imposer son autorité (sur quelqu'un, quelque chose); p. méton., l'état, la situation qui en résulte, l'autorité elle-même. Une puissance redoutable; une faible, une grande, une haute, une infinie puissance; une puissance sans bornes, sans emploi, sans limite; puissance économique, industrielle, militaire, politique, sociale; puissance féodale, impériale, royale; puissance de l'État, de la presse; instinct de puissance, l'exercice de la puissance; parvenir au faîte de la puissance. Je t'ai obéi, je ne m'en repens point, car je n'ai pas en ma puissance les moyens de te résister (Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 240).Nous ne sommes déjà plus, par le nombre, qu'à un rang très inférieur en Europe; et le nombre, aujourd'hui, c'est plus que jamais la puissance (Zola, Fécondité, 1899, p. 15).Les inégalités de richesse et de puissance entre nations ne sont pas immuables (Univers écon. et soc., 1960, p. 40-6). − Locutions ♦ Avoir de la puissance. Exercer de l'autorité, régner. Marguerite: (...) Vous savez que le roi mon seigneur et maître arrive demain, ainsi, si vous avez quelque grâce à demander à la régente, hâtez-vous, car je n'ai plus qu'un jour de puissance (Dumas père, Tour Nesle, 1832, ii, tabl. 3, 3, p. 30). ♦ Avoir une personne, une chose en sa puissance. ,,En être le maître, le possesseur, en pouvoir disposer à son gré`` (Ac. 1835-1935). Tenir (qqn) en puissance. (Le) dominer. Bérengère: Et qu'exigeriez-vous pour tant d'obéissance? Yagoub: Qu'exiger de celui qui nous tient en puissance? Je n'exigerais rien (Dumas père, Charles VII, 1831, iii, 2, p. 275). ♦ Être sous la puissance de qqn, de qqc. Être sous la domination, sous l'effet de quelqu'un, de quelque chose. Bénédict, êtes-vous sous la puissance d'un rêve, ou, moi-même, ne suis-je pas bien éveillée? (Sand, Valentine, 1832, p. 131). ♦ Vieilli. Être en puissance de.Ce jeune homme est en puissance de père et de mère (Ac.). Il est sous l'autorité de ses parents, ne peut disposer de rien sans leur consentement. [En parlant d'une femme] Être en puissance de mari. Être sous l'autorité du mari ou sur le point de se marier. Cette femme étant en puissance de mari, le réméré sera nul (...) Gobseck m'interrompit par un signe de tête (Balzac, Gobseck, 1830, p. 414). − DROIT ♦ Puissance exécutive. Partie des pouvoirs publics qui applique les lois et les administre. Synon. pouvoir* exécutif.Art. 13 − La personne du roi est inviolable et sacrée. Ses ministres sont responsables. Au roi seul appartient la puissance exécutive (Charte constitutionnelle, 1814ds Doc. hist. contemp., p. 147). ♦ Puissance législative. Partie des pouvoirs publics qui établit les lois. Synon. pouvoir* législatif.Art. 4 − La puissance législative s'exerce collectivement par le président de la République, le Sénat et le corps législatif (Constitution de 1852,ds Doc. hist. contemp., p. 8). ♦ Puissance paternelle. Ensemble des droits et des devoirs que la loi assigne au père et à la mère de famille vis-à-vis de leurs enfants mineurs non émancipés (d'apr. Lafon 1969). [Formule remplacée par celle de autorité parentale* en 1970 (d'apr. Quillet Suppl. 1971)]. ♦ Vx. Puissance du glaive (Ac. 1798-1878). Droit de punir, en partic. de punir de mort. − ADMIN., DR. Puissance publique. Ensemble des pouvoirs exercés par l'État et les diverses personnes de droit public (d'apr. Barr. 1974). Les inégalités découlant des collusions entre les pouvoirs industriels, les pouvoirs financiers et la puissance publique de l'État ou des collectivités inférieures (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 290).Prérogatives de puissance publique (Favr.-Vettr.1981). − PHILOS. Volonté de puissance (surtout p. réf. à Nietzsche). Volonté de dominer le monde, d'être plus puissant, d'être supérieur aux autres au mépris des scrupules moraux. S'enivrant des notions de surhomme, de volonté de puissance, etc., l'humanité pensante a continué de faire comme si Nietzsche n'avait porté nul diagnostic sur une maladie peut-être mortelle (Du Bos, Journal, 1927, p. 228). ♦ P. ext. Besoin d'être tenu pour supérieur, de dominer les autres. La volonté de puissance envahit son homme, redresse le héros, lui rappelle sa mission toute personnelle, sa fatalité propre (Valéry, Variété IV, 1938, p. 230). − THÉOLOGIE ♦ Puissance divine. Pouvoir absolu de Dieu. Quelque chose enfin qui ne peut s'expliquer que par un jeu miraculeux de la puissance divine (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 482). ♦ Puissance des clefs (vx). ,,Le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, donné par Jésus-Christ à son Église, en la personne de saint Pierre et en celle des apôtres`` (Ac. 1878). Synon. pouvoir des clefs (v. clef).Il reconnaît la puissance des clefs, la valeur de l'excommunication, et celle des vœux (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 276). D. − P. méton. Personne, groupement, entité qui a de la puissance. Les puissances industrielles, sociales: Les « grands » de la chimie sont des puissances financières et techniques qui n'ont d'équivalent que dans la métallurgie, et la complexité de leurs fabrications crée des liens entre eux, par des filiales communes, des participations innombrables.
Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p. 561. 1. DR. Puissance publique. ,,Ensemble des personnes publiques`` (Jur. 1981). Intervention de la puissance publique. 2. État souverain, considéré du point de vue de ses ressources, de son potentiel militaire. Les grandes puissances; les grandes puissances nucléaires; les puissances alliées, européennes, maritimes; les anciennes puissances coloniales. Les changements apportés d'un commun accord avec l'une des puissances signataires des traités avec la Chine (Traité de Tien-Tsin, 1858ds Doc. hist. contemp., p. 129).Les États-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres puissances (...) discutent actuellement des mesures à prendre dans le cas où l'on ne parviendrait pas à conclure l'armistice en Corée (Combat, 19-20 janv. 1952, p. 4, col. 4).Les représentants diplomatiques des puissances étrangères sont accrédités auprès du chef des Français Libres, Président du Comité National (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 617). − [Dans une négociation] Traiter de puissance à puissance. Se trouver sur un pied d'égalité avec un autre État, un autre gouvernement, ou traiter d'égal à égal en parlant du gouvernement, de forces politiques, syndicales, financières. Ce Montessuy, qui (...) gouverna deux grands établissements de crédit (...) et traita de puissance à puissance avec le gouvernement (A. France, Lys rouge, 1894, p. 23). 3. P. anal. [En parlant de pers.] Personne, groupement de personnes qui ont un grand pouvoir dans la société. Depuis qu'Eugène Sue est devenu le romancier prolétaire, Béranger le visite, et madame Sand le reconnaît. Ce sont de grandes puissances qui se traitent désormais d'égal à égal (Sainte-Beuve, Corresp., t. 5, 1843, p. 323).Vous vous serez présentés chez une puissance littéraire du siècle, osant à peine poser le pied à terre, et le corps humblement plié en deux (Nerval, Bohême gal., 1855, p. 227). 4. Loc., vieilli ou littér. − Les puissances célestes. La divinité, les êtres supérieurs. Les temples, les autels, premières nécessités pour les Italiens qui ont toujours quelque chose à demander aux puissances célestes (A. France, Pierre bl., 1905, p. 363). − Les puissances infernales; les puissances des ténèbres (Marcel 1938). Sur cette montagne est bâti un palais, ouvrages des Puissances infernales (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 142).Les puissances de l'enfer. Les démons. (Ds Marcel 1938). − Les puissances occultes, surnaturelles. Êtres surnaturels qui, selon les occultistes, exercent une influence sur les événements (d'apr. Marcel 1938). 5. THÉOL. Les Puissances. Un des neuf chœurs des anges. Les Trônes, les Puissances, les Dominations (Ac.).On donne (...) dans les Écritures, le nom de puissances (...) aux êtres angéliques, en tant qu'ils sont considérés comme les recteurs du cosmos (Bouyer1963). REM. Puissanciel, -elle, adj.,rare. Puisque ces unités [dialectiques] sont identiques, leur transposition ne saurait altérer la forme du groupe, ce qui n'aurait plus lieu, si elles étaient en raison équivalente, puissancielle ou progressive (Proudhon, Créat. ordre, 1843, p. 223). Prononc. et Orth.: [pɥisɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1130-40 « force, pouvoir (d'une personne) » (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 233); b) ca 1282 (Gouvernement des rois, 30, 28 ds T.-L.: puissances de l'ame); c) 1306 « force armée » (Joinville, Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett, p. 122); d) 1585 « pouvoir détenu par quelqu'un (dans un domaine particulier) » (Noël Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 2, p. 360); 2. a) ca 1485 les Puissances nom d'un des chœurs des Anges (Mystère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 51); b) 1530 la puissance des ténèbres (Lefèvre d'Étaples, Bible, Luc, 22, 53); 3. 1579 être en puissance de père et de mère (Larivey, Le Morfondu, I, 2 ds
Œuvres, éd. Viollet-le-Duc, t. 5, p. 303); 4. 1580 math. (Le P. B. Lamy, Traité de la Grandeur... ds Fr. mod. t. 14, p. 292); 5. 1639 philos. en puissance « virtuellement » (Mersenne, Les Nouvelles pensées de Galilée, éd. Costabel et Lerner, p. 64); 6. 1660 « état souverain » (Corneille, Toison d'or, Prol., III, 115, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 6, p. 259). De puissant*. Fréq. abs. littér.: 11 521. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 22 220, b) 9 137; xxes.: a) 11 520, b) 18 212. Bbg. Gohin 1903, p. 356. − Quem. DDL t. 11. − Tournier (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848. Thèse, 1975, t. 1, pp. 136-140. |