| * Dans l'article "PUBLIER,, verbe trans." PUBLIER, verbe trans. A. − Faire connaître quelque chose, et (plus usuel) annoncer officiellement quelque chose au moyen d'un texte écrit ou d'un communiqué oral. Publier un avertissement, un bulletin de santé, une circulaire, ses fiançailles, des mensonges, des recherches sur qqc., la vérité. L'édit fut porté par le connétable et le chancelier au Parlement, où il fut publié en présence des gens du Roi, des avocats, des secrétaires greffiers, notaires et huissiers de la Cour (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 317).Mais vous avez l'air de nous demander de publier une liste des personnes qui ont reçu des secours! Ce serait d'une complication extrême, et puis je crois qu'il serait particulièrement désobligeant pour un grand nombre de ces malheureux sinistrés de voir publier leurs noms (Barrès,Cahiers, t. 8, 1910, p. 141).Jacqueline n'est pas encore ma femme. Nous avons commencé de publier les bans; et la guerre nous a gagnés de vitesse (Duhamel,Combat ombres, 1939, p. 287). − Publier que + prop. (avec verbe à l'ind.).Synon. annoncer, faire savoir, rendre public, notoire.Je vous permets de publier partout que j'aime Mademoiselle, qu'elle a en moi un serviteur, un ami dévoué, que si jamais je me marie, et qu'elle me permette d'oser aspirer à elle, je n'aurai jamais d'autre femme (Balzac,Annette, t. 2, 1824, p. 58).Le 21 juillet, j'obtins que plusieurs de nos aviateurs prissent part à un bombardement de la Ruhr et fis publier que les Français libres avaient repris le combat (De Gaulle,Mém. guerre, 1954, p. 78). − En partic. [Le suj. désigne un journal, un périodique] Faire connaître, diffuser une information. Le journal annonçait que le forçat Jean Valjean était mort, et publiait le fait en termes si formels que Javert n'en douta pas (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p. 563).Ces messieurs allèrent déjeuner. Les journaux avaient publié le menu: service par service nous pûmes assister en pensée au banquet (Guéhenno,Journal homme 40 ans, 1934, p. 43). ♦ Publier que + prop. (avec verbe à l'ind.).Il y a quelques années, des journaux allemands ont publié qu'on avait fait des fouilles dans les caveaux de l'abbaye de Quedlimbourg, et qu'on y avait trouvé les restes parfaitement embaumés et intacts de l'abbesse Aurore (Sand,Hist. vie, t. 1, 1855, p. 32). B. − Rendre public une œuvre dont on est l'auteur en la faisant éditer. Publier des lettres, un roman. J'espère avoir le plaisir de vous rencontrer un de ces jeudis, chez Zola; en portant à ce maître un petit opuscule de critique que je publie en ce moment; et dont un exemplaire vous sera réservé (Mallarmé,Corresp., 1876, p. 117).Le septième volume du Journal des Goncourt, peut-être le dernier volume que je publierai de mon vivant, voit ses annonces et ses échos arrêtés par l'assassinat du Président de la République (Goncourt,Journal, 1894, p. 600): 1. Publier un livre original, c'est courir un terrible péril. Crois-moi, mon ami: cache ton esprit. N'écris pas. Si tu publies un livre trop faible pour être remarqué et te tirer de l'obscurité, ce qui est le plus probable, car le talent est très rare, rends grâce aux dieux: tu évites ton malheur, tu risques tout au plus de te rendre ridicule dans l'intimité.
A. France,Vie fleur, 1922, p. 544. − Absol. Ce que je vous demande, c'est de ne prendre conseil, moi mis de côté, que de ce que vous croirez le mieux. Publiez, ou ne publiez pas, ce sera bien (Hugo,Corresp., 1871, p. 282): 2. Il n'y a que le temps que vous demandez pour la traduction qui m'effraye. Je ne puis guère publier après la première semaine de mars, ce qui ne fait que 8 ou 9 semaines au plus. Vous en demandez dix ou douze. Je ne puis publier après l'époque que je vous dis, d'abord parce que le commencement de mars est l'époque la plus favorable et aussi par une autre considération dont vous comprendrez la gravité.
Tocqueville,Corresp.[avec Reeve], 1839, p. 49. ♦ Au passif. [P. méton. du suj.] Vous serez publié dans le numéro du 15 mars (M. de Guérin,Corresp., 1834, p. 135).Je préférerais être publié au Mercure − malgré son inintérêt croissant, il est beaucoup plus lu que Vers et prose (Alain-Fournier,Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 223). − Part. passé en empl. adj. Mon meilleur livre, c'est celui que je suis en train d'écrire; tout de suite après vient le dernier publié mais je me prépare, en douce, à bientôt m'en dégoûter (Sartre,Mots, 1964, p. 200). C. − Faire paraître un article, une revue, un ouvrage, en assurer l'impression et la diffusion. Synon. éditer.À part L'Inde sous les Rajahs, livre magnifiquement illustré et le roi de la saison (que publie la maison Hachette), nous ne signalerons à nos lectrices, (...) que les éditions de bibliophile précieuses (Mallarmé,Dern. mode, 1874, p. 841).Si plus tard on publie mon journal, je crains qu'il ne donne de moi une idée assez fausse (Gide,Journal, 1924, p. 782).C'est à peu près là l'objet que Georges Siméon s'est proposé d'étudier dans un article inachevé et publié après sa mort, La Naissance et la mort qui, par la pureté de sa ligne et la fermeté de ses principes, nous a paru exprimer de façon particulièrement significative l'attitude idéaliste (J. Vuillemin,Essai signif. mort, 1949, p. 69).V. éditer ex. 1. − Absol. La collection n'est pas complète. Il me manque encore sept ou huit livraisons qui ne sont pas parues (je m'étais trompé parce qu'ils publient sans suivre l'ordre des numéros) (Flaub.,Corresp., 1853, p. 286).− Les éditeurs accomplissent généreusement leur devoir, monsieur! Ce ne sont pas des bandits. − Ce sont des hommes charmants; mais, s'ils éditent, à parler vrai, ils ne publient pas: publier, c'est rendre public (Renard,
Œil clair, 1910, p. 166). − Empl. pronom. à sens passif. Lorsque ce journal que j'écris aura quelques années de date et que les habitudes, les goûts, les mœurs même seront modifiés, comme cela ne manquera pas d'arriver, on ne sera peut-être pas fâché de savoir au juste comment un livre se publie de nos jours (Delécluze,Journal, 1827, p. 469).Impossibilité matérielle de lire tout ce qui se publie et de discerner sans guide les nouveautés valables des articles plus ou moins triviaux (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 122). ♦ Impersonnellement. Il se publie ici par semaine des volumes de vers dont le moindre vaut encore mieux que toute la poésie de Monsieur Chardon (Balzac,Illus. perdues, 1839, p. 174).Il se publie même des périodiques spécialement consacrés à la gravure (Dacier1944, p. 109). REM. Publicateur, subst. masc.,rare. Celui qui publie, édite. Je ne dirai rien non plus de l'absurdité de rendre responsables et imprimeurs et publicateurs d'un écrit dont l'auteur se nomme, surtout lorsque l'auteur est un homme connu (Marat,Pamphlets, Dénonc. Malouet, 1790, p. 213).Lorsque des œuvres posthumes sont communiquées au public, soit par le conjoint survivant, les héritiers ou légataires de l'auteur ou ses exécuteurs testamentaires, soit par des tiers, les dispositions des art. 20 et 21 ci-dessus sont applicables sans que le fait de publier l'œuvre confère par lui-même un droit d'auteur au publicateur (Civilis. écr., 1939, p. 16-11). Prononc. et Orth.: [pyblije], (il) publie [-bli]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1176 « faire connaître au public, par la parole, par des écrits » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2938: le covant que l'emperere Li avoit fet et otroié, S'est ja tant dit et puepleié; publiee dans le ms. T [2emoit. du xives.], v. W. Foerster, 2978); 2. ca 1590 « livrer au public, par le moyen de l'édition, une œuvre dont on est l'auteur » (Montaigne, Essais, I, 28, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t. 1, p. 188). Empr. au lat.publicare « mettre à la disposition du public; montrer au public; publier (un livre) », dér. de publicus, v. public1. La forme puplier, poplier att. en a. fr. (v. supra, Gdf. et. T.-L.) à côté de publier, que l'on trouve à partir de la 2emoit. du xiiies. [ms. de la fin xiiies.] (Lég. de Girart de Roussillon, 64 ds T.-L.), est une altér. d'apr. peuple*. Fréq. abs. littér.: 4 073. Fréq. rel. littér.: xixes.: 6 078, b) 6 881; xxes.: a) 5 999, b) 4 835. DÉR. Publiable, adj.Qui peut être publié, édité. Mais je serais une canaille si je dissimulais ma pensée. La voici, ma pensée: cette œuvre n'est pas publiable telle qu'elle est, et je te supplie de ne pas la publier (Flaub.,Corresp., 1854, p. 172).Même s'il est publiable, un livre autobiographique amènera de l'éditeur cette objection: Que fera ensuite cet auteur? (Civilis. écr., 1939, p. 16-1).− [pyblijabl̥]. − 1resattest. a) 1601 [éd.] « qui peut être rendu public » (Charron, Sagesse, p. 346), attest. isolée, b) 1639 « qui peut être publié » (Richelieu, Lettre ds Lettres, Instructions diplomatiques, éd. Avenel, t. 6, p. 586: escrit publiable), de publier, suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 13. |