| PROPENSION, subst. fém. A. − [En parlant d'une pers. ou p.anal. d'un animal] Force intérieure, innée, naturelle, qui oriente spontanément ou volontairement vers un agir, un comportement. Synon. disposition, inclination, penchant, pente (au fig.). − Propension naturelle. Synon. de penchant, pente, inclination, tendance.L'éducation vient simplement en aide à la propension naturelle: on incline toujours vers le plus facile à faire (Frapié,Maternelle, 1904, p.232).Je renonce avec une facilité déconcertante. Je renonce à tout et à n'importe quoi: plaisirs, voyages, gourmandises, et sans efforts, sans regrets. (...) Je me retire. Aucun mérite à cela, je cède à une propension naturelle (Gide,Journal, 1946, p.301). − Propension à + subst.Cette taxe sera très-salutaire (...) si elle contribue à diminuer cette propension à la dissipation et au luxe, cette passion pour les marchandises européennes qu'on observe dans plusieurs États (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.332).Brave homme, ce capitaine Dieulivol (...) mais affecté d'une effroyable propension aux liqueurs fortes, et trop enclin, quand il avait bu, à confondre tous les dialectes (Benoit,Atlant., 1919, p.18).Sans me flatter, j'ai toujours eu de la propension à la libéralité; encore me fallait-il une occasion de l'exercer (A. France,Vie fleur, 1922, p.402). ♦ Avoir propension à (rare). Le constructeur d'automobiles aurait eu facilement propension à l'ironie, car il savait de reste, et pour cause, ce que c'était que cette Carlotta (Aragon,Beaux quart., 1936, p.459). − Propension à + inf.Les paysagistes hollandais (...) reproduisant la proprette nature de leur pays, ont une propension innée à peigner le détail outre mesure (Du Camp,Hollande, 1859, p.36).Une fille brune de peau, avec une propension à grossir (Aragon,Beaux quart., 1936, p.14): . Par la position démagogique qu'il avait prise contre les conspirateurs et les traîtres, par sa propension à en voir partout, Robespierre incarnait la guerre à outrance.
Bainville,Hist. Fr., t.2, 1924, p.82. − ÉCON. POL. Keynes a fait de la propension à consommer l'une des trois variables qui, selon lui, déterminent l'équilibre (Lar. encyclop.). La propension à la consommation et à l'épargne, les coefficients de production, le temps de travail demeurent les mêmes (Perroux,Écon. XXes., 1964, p.142). − Propension pour (plus rare) ♦ Propension pour qqc.Si les Français ont autant de répugnance que les Anglais ont de propension pour les voyages, peut-être les Français et les Anglais ont-ils raison de part et d'autre (Balzac,Honorine, 1843, p.311). ♦ Propension pour qqn.Il se pourra bien faire que je m'en aille me faire Turc en Turquie, ou muletier en Espagne, ou conducteur de chameaux en Égypte. Je me suis toujours senti de la propension pour ce genre d'être (Flaub.,Corresp., 1841, p.78). − Propension vers (plus rare) ♦ Propension vers qqc.La conscience de l'humanité (...) est toute propension vers le compromis et l'oubli (Giraudoux,Électre, 1937, i, 2, p.28). ♦ Propension vers qqn.Les ministres, les princes, sont objet de la plus sévère critique; les antagonistes ont des arrière-pensées, je ne m'y fie pas; cependant j'ai plus de propension vers eux (Maine de Biran,Journal, 1816, p.102). B. − Rare. [En parlant d'une chose] Tendance naturelle. Propension à + subst.[À propos d'un câble rond] Une propension au tournoiement (Haton de La Goupillière,Exploitation mines, 1905, p.997). ♦ Propension à + inf.La propension qu'a en général la gélatine à recevoir la substance calcaire, comme on le voit par l'exemple des tendons et des autres organes blancs qui s'ossifient plus aisément que les autres (Cuvier,Anat. comp., t.1, 1805, p.108).Quant aux cordes, leur propension à vibrer partiellement est presque aussi manifeste (D'Indy,Compos. mus., t.1, 1897-1900, p.96). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔpα
̃sjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1528 (Lettre de Jean Brinon à Wolsey ds J. Du Bellay, Ambass. en Angleterre, éd. P. de Vaissière et V. L. Bourrilly, 117). Empr. au lat. propensio «penchant». Fréq. abs. littér.: 162. |