| PROLEPTIQUE, adj. Qui anticipe. A. − CHRONOL. [En parlant d'un phénomène, d'un fait historique] Qui est fixé ou daté d'après une méthode ou une ère chronologique qui n'était pas encore établie au moment où le fait ou le phénomène concerné se produisait. C'est ainsi qu'on fixe les événements de l'antiquité biblique, religieux ou profanes, en années juliennes proleptiques (Foit.11968). B. − MÉD., vieilli. Fièvre proleptique. Fièvre dont chaque accès survient d'une façon anticipée, avant le moment prévu (d'apr. Méd. Biol. t.3 1972). C. − RHÉT., GRAMM. [Corresp. à prolepse A 2] 1. Construction, tournure proleptique. La prolepse est (...) une forme d'inversion par anticipation (...) et qui s'intègre à la pensée autant qu'à la forme. Une phrase comme «Le monstre surgit devant les voyageurs terrifiés» représente le modèle de la construction proleptique, si l'on sent d'après le contexte que le participe terrifiés exprime un des résultats de l'action, déjà pris en compte, et non un état antérieur (H. Suhamy, Les Figures de style, 1981, pp.85-86). 2. Attribut proleptique. On appelle aussi attribut proleptique un attribut du complément d'objet indiquant le résultat de l'action du verbe sur ce complément: cette lessive lave le linge plus propre = «elle rend le linge plus propre en le lavant» (DupréLex.1972). 3. P. anal., dans le domaine de la mus.Westphal appelle proleptiques les anacrouses qui viennent trop tôt, celles qui envahissent des temps de mesure (Mathis-Lussy, Rythme mus., 1911, p.21). D. − LING. [Corresp. à prolepse B; en parlant d'un élém. ling.] Qui est enclavé dans une construction antérieure à celle à laquelle il appartient. Dans [la proposition latine] illum rogo quis sit = rogo quis ille sit, illum est dit proleptique (Mar.Lex.1933). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔlεptik]. Att. ds Ac. 1835 et 1878. Étymol. et Hist. 1750 «dont chaque accès anticipe sur le précédent» (d'une fièvre) (Prév., s.v. prolepse, cité par R. Arveiller ds Mél. Wartburg (W. von) t.2 1968, p.267). Empr. au gr.
π
ρ
ο
λ
η
π
τ
ι
κ
ο
́
ς «qui anticipe», dér. de π
ρ
ο
λ
α
μ
β
α
́
ν
ω «présumer, préjuger». Bbg. Arveiller (R.). Doc. lexicogr. tirés des dict. Mél. Wartburg (W. von) t.2 1968, p.267. |