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PROFESSEUR, subst. masc.
Personne qui enseigne une discipline, une technique, un art.
A. − Personne dont la profession est d'enseigner, qui a pour cela les connaissances et les diplômes qui la rendent apte à cette fonction dans une ou plusieurs disciplines. Être professeur; bon, mauvais, éminent professeur; jeune, vieux professeur; être nommé, devenir professeur; une chaire, un poste de professeur. Depuis que certains professeurs m'ont appris que Voltaire n'entendait rien à la poésie, que Grétry ne savait pas la musique, et que Rubens dessinait très-mal, je me défie du jugement, ou plutôt de la bonne foi des gens du métier (Jouy, Hermite,t.3, 1813, p.317).Son père, ancien professeur de physique à Saint-Louis, avait fait de nécessité vertu en quittant Paris, où la vie commençait à être lourde avec quatre enfants et des appointements modestes (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p.39).Elle lui tendit un croquis maladroit où il était reconnaissable et méchamment caricaturé. Sitôt, il se mit en quête d'un professeur de dessin et découvrit un copiste maniaque (Péladan, Vice supr.,1884, p.15).
SYNT. Professeur de français, de mathématiques, de chimie, d'histoire, de géographie, de philosophie, de langues; professeur de médecine, de théologie, de droit, de lettres; professeur de gymnastique, de danse, de musique; professeur de judo, de ski, de tennis; professeur de collège, de lycée, d'université, de faculté; professeur au petit, au grand Séminaire, à la Sorbonne, au Collège de France, au conservatoire; professeur de sixième, de terminale.
[Dans l'Éducation Nationale] Enseignant(e) du second degré ou du supérieur, titulaire d'un grade universitaire ou d'un titre acquis par concours lui conférant ce titre. Professeur adjoint, associé, invité, suppléant; conseil des professeurs; salle des professeurs; professeur de l'enseignement secondaire, supérieur. Le conseil de faculté comprend les professeurs titulaires et a notamment pour fonction de présenter des candidats aux chaires vacantes (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p.315):
1. Les professeurs des établissements publics de l'enseignement technique (à l'exception des professeurs de l'enseignement technique supérieur et des centres d'apprentissage) sont groupés en deux corps, le corps des professeurs agrégés et assimilés, le corps des professeurs certifiés. Encyclop. éduc.,1960, p.331.
En partic. Professeur + n. patronymique.[S'emploie plus partic. pour un professeur de la faculté de Médecine] Professeur de l'enseignement supérieur. C'est l'opinion du professeur Boule, qui fait autorité en matière de paléontologie humaine (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p.187).
Élève-professeur. Celui, celle qui à la suite d'un concours est habilité(e) à suivre une formation pour acquérir le titre de professeur, cette formation étant généralement rémunérée par l'État et faisant l'objet d'un contrat par lequel l'intéressé(e) doit un certain nombre d'années de service à l'Éducation Nationale. Chaque institut rassemble les élèves-professeurs qui se destinent à l'enseignement dans les lycées, les collèges classiques ou modernes, les écoles normales primaires, les écoles nationales professionnelles et les collèges techniques «en vue de l'acquisition d'un titre habilitant à l'enseignement» (Encyclop. éduc.,1960, p.376).
Rem. Ce terme, sauf à l'oral, ne s'emploie pas avec un déterm. fém. (contrairement à prof), mais avec un déterm. masc. pour les deux sexes: J'ai une petite amie, professeur dans un lycée de province. Elle serait enfermée dans une geôle sans air qu'elle ne serait pas plus seule et plus étouffée (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1226). Certains aut. ont cherché à introduire les termes professeuse ou professoresse (infra rem.) qui ne sont pas passés dans le lang. cour., ou bien ont cherché des tournures qui permettaient d'introduire une notion de fém.: L'évêque Espelette ressemble à n'importe quelle dame professeur à l'institut des jeunes filles d'Ostrov (Bernanos, Joie, 1929, p.624).
B. − Personne qui transmet un savoir-faire, des connaissances dans un domaine quelconque. Car je sais lire à présent! J'ai appris très vite, paraît-il! C'est grand-père qui a été mon professeur (Gyp, Souv. pte fille,1927, p.59).J'ai dévoré ce livre en trois jours; aussi aurais-je bien mauvaise grâce à ne pas reconnaître en Renan le plus amusant des professeurs (Green, Journal,1933, p.151):
2. Quand on a bien et copieusement déjeuné, si on avale sur le tout une ample tasse de bon chocolat, on aura parfaitement digéré trois heures après, (...) j'ai fait tenter cette expérience à bien des dames, qui assuraient qu'elles en mourraient; elles s'en sont toujours trouvées à merveille, et n'ont pas manqué de glorifier le professeur. Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p.117.
P. anal., souvent péj. Personne qui cherche à propager, à imposer certains principes, certaines idées ou doctrines. Synon. maître.Professeur d'athéisme, de vertu, de sagesse. Pour observer la vertu, je me détourne des professeurs de puritanisme et des Don Quichotte de la morale (Amiel, Journal,1866, p.434).Nous sommes tous professeurs, dogmatiques, puisque nous faisons de la propagande pour nos idées (Renard, Corresp.,1889, p.100).
[Avec une connotation iron.] Rocambole, en robe de chambre, était étendu tout de son long sur un divan et regardait son ancien professeur en fourberies (Ponson du Terr., Rocambole,t.4, 1859, p.117).Ces professeurs de bonheur à bon marché cherchent un monde net de responsabilités et de fautes, où l'instinct sanctifie sans effort et délivre du reproche (Mounier, Traité caract.,1946, p.709).
P. anal. Ce qui apprend quelque chose à quelqu'un. Ah! les oiseaux, les chiens, les lapins! Que ces humbles professeurs de bon sens, tous silencieux, tous soumis aux décrets éternels, sont au-dessus de notre vaine et froide connaissance! (Delacroix, Journal,1852, p.471).[Le talent de bien dire] est le professeur de l'espèce humaine et le secrétaire de l'esprit humain (Taine, Nouv. Essais crit. et hist.,1865, p.110).
Arg. ,,Vieille courtisane qui excelle à faire l'éducation des petits jeunes gens`` (France 1907; v. aussi Larch. Nouv. Suppl. 1889, p.196).
REM. 1.
Professeuse, subst. fém.,synon.Les seuls visages féminins que je voie, sans compter les professeuses, comme on dit ici, sont la femme de mon maître d'allemand et MlleW, fille d'un métaphysicien très-profond (J.-J. Ampère, Corresp.,1827, p.418).[Au Canada] Au primaire, on est instituteur ou institutrice à l'exception des spécialistes qui eux (elles) conservent le nom de professeurs ou professeuses (Le Devoir,5 nov. 1983, p.14, col. 5).
2.
Professoresse, subst. fém.,synon.Ces yeux, de la couleur de l'eau des lavoirs, avaient la langueur pâmée des sentimentales professoresses du septentrion (Bloy, Femme pauvre,1897, p.99).
Prononc. et Orth.: [pʀ ɔfεsoe:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1337 «celui qui enseigne (un art, une science)» (A. N. S 93, pièce 26: proffesseur en loys). Empr. au lat. professor «celui qui se déclare expert dans un art ou une science» d'où «professeur de, maître de», v. professer. Fréq. abs. littér.: 3773. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2795, b) 5636; xxes.: a) 6629, b) 6653. Bbg. Arrivé (M.). Maître, instituteur, professeur. Fr. Monde. 1966, no44, pp.37-39. _Boel (E.). Le Genre des n. désignant les professions et les situations fém. en fr. mod. R. rom. 1976, t.11, p.42. _Gall. 1955, 190-191.