| PROCRÉER, verbe trans. A. − [Le suj. désigne un/des individu(s) de l'espèce hum.] Donner la vie (à un/des enfant(s)). Synon. concevoir, engendrer.La fin du mariage est de procréer des enfants (Ac.). Aucun être humain n'a le droit d'apporter à un autre être humain une vie de misère. Et encore moins de procréer des enfants destinés au malheur (Carrel, L'Homme,1935, p.365). ♦ Absol. La nature entendait sûrement que l'homme procréât sans fin, comme tous les autres vivants; elle a pris les précautions les plus minutieuses pour assurer la conservation de l'espèce par la multiplication des individus (Bergson, Deux sources,1932, p.55): . Il est naturel que l'on ait cherché à diminuer la lourde charge que fait peser sur la société dans tous les pays la masse des déchets humains, qui deviendra toujours plus considérable s'ils ont la liberté de procréer...
Hist. sc.,1957, p.1403. − P. anal. Et tous les arbres, petits et grands, ont donné, ont voulu procréer (La Varende, Normandie en fl.,1950, p.222). ♦ Empl. pronom. réfl. Pendant les six mois d'été tout se procréait, se multipliait, et (...) pendant les six mois d'hiver, tout languissait, était presque mort (Volney, Ruines,1791, p.251). B. − Au fig. Produire, être à l'origine de. La responsabilité seule des actes fait pour chacun leur importance (...); la belle avance alors si vous pouvez à la fin procréer quelques actions sans valeur! (Gide, Paludes,1895, p.119).Imaginez encore que plusieurs récits de la même affaire, ou des rapports divers du même événement vous soient faits par des livres ou par des témoins qui ne s'accordent pas entre eux quoique également dignes de foi. Dire qu'ils ne s'accordent pas, c'est dire que leur diversité simultanée compose un monstre. Leur concurrence procrée une chimère (Valéry, Variété II,1929, p.230). − Empl. pronom. réfl. Quand on nous proclame que tout se procrée dans la douleur, qu'on nous assure qu'on ne nous trompe pas, qu'on ne nous flatte que d'un préjugé consolatif? (Arnoux, Roy. ombres,1954, p.36). REM. Procréatif, -ive, adj.Relatif à la procréation. Ce qui est surtout spécial à l'être vivant, c'est qu'il se reproduit. De cette faculté procréative découle tout le reste (Cl. Bernard, Notes,1860, p.93). Prononc. et Orth.: [pʀ
ɔkʀee], (il) procrée [-kʀe]. Ac. 1694: procréer; 1718: -creer; dep. 1740: -créer. Étymol. et Hist. 1324 (Arch. nat. JJ 62, fol. 128 rods Gdf. Compl.: hoirs pourcrëez de eus deus); ca 1370 pourcrëer lignïe (Jean Lefèvre, Leesce, éd. A. G. van Hamel, 830) déb. xives. fig. (Macé de La Charité, Bible, BN fr. 401, fol. 111c ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. procreare «produire, engendrer»; fig. «causer, produire». Fréq. abs. littér.: 42. |