| * Dans l'article "PRINCE,, subst. masc." PRINCE, subst. masc. I.− Celui qui est premier par le sang ou par le rang. A.− Membre d'une famille souveraine : 1. L'émir Fakar-El-Din (...) avait formé des alliances et conclu des traités de commerce avec des princes d'Italie : il va lui-même solliciter les secours que ces princes lui ont promis. Il (...) se réfugie à la cour des Médicis, à Florence. L'arrivée d'un prince mahométan en Europe éveille l'attention. On répand le bruit que l'émir Fakar-El-Din est un descendant des princes de la maison de Lorraine...
Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 110. 1. Celui qui possède une souveraineté en titre et qui règne. Prince souverain. On a salué dans Guillaume II le prince généreux qui voulut grouper l'Europe contre les Jaunes (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 206).V. couronne ex. 7. ♦ Princes étrangers. Sous l'Ancien Régime, princes issus de maisons souveraines non françaises comme celles de Savoie et de Lorraine. L'état des ducs et pairs, bien constaté, vaut mieux que celui des princes étrangers, qui ont à lutter sans cesse pour la prééminence (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 20). ♦ Prince d'Empire. Prince du Saint-Empire romain germanique. L'archevêque étant prince d'Empire, il demanderait certainement avis et secours à la Diète et à l'Empereur (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 238). 2. Celui qui appartient à une maison souveraine et ne règne pas. « On prétend qu'il y fait [à Pau] assez froid, à cause du voisinage des Pyrénées. Cannes doit être plus sain, puisque les princes d'Orléans y vont » (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Voy. santé, 1886, p. 548). ♦ Prince consort. Époux d'une souveraine, mais qui ne règne pas lui-même. Le prince consort Albert, mari de la reine Victoria, fournit à l'occasion des modèles. Il dessina notamment un surtout de table représentant quatre des chiens favoris de la souveraine (Grandjean, Orfèvr. XIXes.,1962, p. 15). ♦ Monsieur le Prince. Premier prince du sang de la maison de France; depuis le xviesiècle, prince de (Bourbon) Condé. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Prince de Galles. Fils aîné du souverain d'Angleterre. George III d'Angleterre avait la passion du beau vermeil (...). Son fils, le prince de Galles (futur George IV) alla plus loin encore dans le goût de l'orfèvrerie (Grandjean, Orfèvr. XIXes.,1962p. 48). ♦ Prince impérial. Héritier présomptif du trône impérial : 2. Le Prince Impérial n'était pas précisément joli. Ses yeux étaient petits et sa figure irrégulière. Mais il avait déjà, à trois ans, ce qui manquait à l'Impératrice et ce qu'avait l'Empereur : du charme.
Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 70. ♦ Princes légitimés. V. légitimé II hist. ♦ Prince royal. Héritier présomptif du trône royal. Synon. dauphin (en France, sous l'Ancien Régime).La troisième armée allemande, avec le prince royal de Prusse (Zola, Débâcle,1892, p. 495). ♦ Prince du sang. Prince issu de la famille royale par les mâles. Ce préau (...) est la même enceinte où le roi Charles V assemblait son conseil, où les princes du sang et les grands du royaume venaient discuter (Jouy, Hermite,t. 4, 1813, p. 293). − Absol. Le(s) fils, frère(s), oncle(s) du souverain. L'aîné des princes, qui commande l'armée de son père, a un poignard dont le manche est entièrement incrusté de diamants (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835p. 68).Je vis aussi (...) le prince Guillaume, frère du roi (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 52): 3. ... une tente fleurdelisée montre qu'ils sont « princes des fleurs de lis », c'est-à-dire proches parents du roi de France.
L'Hist. et ses méth.,1961, p. 418. − P. anal. Prince(s) de l'Église. ,,Titre protocolaire des cardinaux qui, formant la Cour pontificale, sont assimilés aux princes du sang`` (Foi t. 1 1968). Il est beau de voir rayonner, à travers la dignité cardinalice, l'âme ardente d'un humble prêtre. Tel nous est apparu le cardinal Pacelli, secrétaire d'État. Tel a dû le voir, comme moi, notre ministre des Affaires étrangères, assis à table en face du prince de l'Église (Mauriac, Journal 2,1937, p. 145). ♦ P. ext. Les cardinaux, archevêques, évêques : 4. Dans ces siècles voisins de la primitive Église (...) les princes de l'Église portaient une croix de bois, se souvenant (d'après l'expression d'un célèbre orateur) qu'une croix de bois avait sauvé le monde...
Jouy, Hermite,t. 4, 1813p. 301. B.− 1. Celui à qui le souverain a conféré le titre de prince. − Quel est-il ce général qui gourmande son voisin? (...) − Le maréchal Ney, bêta! (...) Fabrice (...) contemplait, perdu dans une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskova, le brave des braves (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 42).Au premier rang (...) figurait le mari de la Païva, Henckel de Donnersmarck, qui fut fait prince comme Bismarck, Munster et Bulow, pour actions d'éclat contre la France (Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 225). ♦ Prince d'Empire. Celui auquel le titre a été conféré par Napoléon Ier. Berthier, Prince d'Empire et vice-connétable, Chargea sur notre droite un corps hanovrien Avec trente escadrons (Hugo, Légende,t. 5, 1877, p. 982). 2. Celui qui possède une terre (principauté) conférant à son possesseur le titre de prince. Certains seigneurs portaient le titre de princes comme possédant des terres érigées en principautés : ainsi les principautés de Joinville, de Talmont, de Soubise, de Chimay, de Chalais, etc. (MarionInstit.1923, p. 456). 3. De nos jours. En France, titre de noblesse le plus élevé; titulaire de ce titre. Si tous les ducs et princes français descendent de Saint Louis, comme le prouvent leurs tableaux d'ascendance, ils descendent aussi d'une grande quantité de familles bourgeoises ou paysannes (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 727). C.− [Avec un art. déf.] 1. Chef d'un état monarchique; p. ext., souverain de l'État dont on parle, dont il est question. Le premier devoir du prince, sans doute, est de faire ce que veut le peuple; mais ce que veut le peuple n'est presque jamais ce qu'il dit : sa volonté, ses besoins doivent se trouver moins dans sa bouche que dans le cœur du prince (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 272).Traditionnellement, le droit divin adossant l'un à l'autre le trône et l'autel, le prince imposait sa religion à ses sujets (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 48). 2. P. ext. Celui qui exerce le pouvoir réel; le gouvernement d'un état républicain. Le bon vouloir du prince. Ce rapprochement, abandonné aux ambitions des princes et aux caprices de la fortune (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 176). − Le fait du prince. Acte du souverain faisant usage de son autorité : 5. ... sous les Perses Achéménides, sous Crésus, roi de Lydie, dans sa capitale de Sardes, la monnaie devient le fait du prince, après avoir été celui du banquier ou du bailleur de fonds. Le contrôle des émissions est l'apanage d'une autorité qui affirme ainsi son pouvoir politique.
L'Hist. et ses méth.,1961, p. 368. ♦ De nos jours. Acte arbitraire du gouvernement ou d'une personne détenant une autorité quelconque. Considérés comme le « fait du prince », les gratifications, quoique stimulantes, appartiennent à des méthodes de gestion qui encourent le risque d'être jugées arbitraires (Univers écon. et soc.,1960, p. 44-2). D.− Loc. et expr. − Vieilli, fam. ,,L'ami du prince. L'argent des plaisirs secrets d'un prince ou de quelque personnage puissant`` (Ac.1835, 1878). − (Être/se montrer) bon prince. (Être/se montrer) homme (plus rarement femme) conciliant, qui fait preuve de tolérance. Jacques II, homme fervent, qui persécutait les juifs et traquait les gypsies, fut bon prince pour les comprachicos [nomades qui faisaient le commerce d'enfants] (Hugo, Homme qui rit,t. 1, 1869, p. 35).Je croyais les savants d'aujourd'hui plus dédaigneux; mais je vois que vous êtes bons princes et que vous ne méprisez pas des récits (...) absurdes (A. France, Livre ami,1885, p. 276). − De prince. Synon. princier2*.Boutigny était maintenant un gros monsieur enrichi par sa fabrication de la soude de commerce (...). Toute la famille (...) occupait un break superbe, attelé d'une paire de grands chevaux blancs (...). Lazare (...) dit avec effort : − Il mène donc un train de prince, maintenant? (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1065). ♦ Vieilli. Avoir un équipage de prince. ,,Avoir un grand équipage`` (Ac. 1798-1878). − En prince, comme un prince. À la manière d'un prince; avec grandeur, faste, magnificence. V. infra vivre en prince ex. de About. ♦ Être vêtu en prince, comme un prince. Être magnifiquement, richement vêtu. Rodolphe a une nouvelle maîtresse, et il lui a acheté une toilette superbe, car il a reçu beaucoup d'argent, et lui-même est vêtu comme un prince (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 167). ♦ Vivre en prince. Vivre de manière splendide, fastueuse. Il (...) s'expatriait en Europe, où sa fortune glorieusement acquise lui permettait de vivre en prince (About, Roi mont.,1857, p. 197). − Jeux de prince (qui ne plaisent qu'à ceux qui les font). [P. allus. à la fable de La Fontaine, Le Jardinier et son Seigneur] Divertissements qui amusent leurs auteurs qui ne se soucient pas de blesser quelqu'un ou du préjudice qu'ils peuvent causer à autrui. (Dict. xixeet xxes.). ♦ Au fig. ou p. iron. On sait que les jeunes gentilshommes de ce temps-ci aiment à conter fleurette aux filles sans dot... Ce sont là jeux de princes (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 115). − Le Prince charmant. Jeune prince, héros de contes de fées doté de toutes les qualités (beauté, puissance, fortune) et qui épouse l'héroïne à la fin du conte; p. anal., le prince charmant de qqn, jeune homme auquel une jeune fille attribue toutes les qualités et qu'elle rêve d'épouser. La Belle au Bois Dormant ne se réveille que parce que son prince charmant l'embrasse (...). Dans chacune de ces histoires (...) le chevalier servant prouve son amour d'une façon ou d'une autre (...). Tout ce que nous savons des sentiments de la Belle au Bois Dormant c'est qu'en se réveillant elle a un regard « tendre » pour le prince qui la délivre de son enchantement (Br. Bettelheim, Psychanal. des contes de fées,1976, p. 453). II.− Celui qui est le premier par le mérite ou par l'autorité. A.− Littéraire 1. Celui qui, parmi ses pairs, a la primauté en mérite, en talent. Aristote, le prince des philosophes. Homère, le prince des poètes. Démosthène, le prince des orateurs grecs (Ac.1835-1935).Curnonski le « prince des gastronomes » (Coston, A.B.C. journ.,1952, p. 145).Né en 980, près de Boukhara, disciple d'Al-Fârâbî, Avicenne, surnommé le prince des médecins, mourut en 1036 (Caron, Hutin, Alchimistes,1959, p. 120). − P. anal. Messieurs et Mesdames, dit le maître, j'ai l'honneur de vous présenter Mirliflore, le prince des ânes (Ségur, Mém. âne,1860, p. 176). − ANTIQ. ROMAINE. Prince de la jeunesse. ,,Le jeune prince de la famille impériale que l'empereur mettait à la tête des fils de sénateurs, pour la célébration des jeux troyens`` (Ac. 1935). − HIST. (Moy. Âge) ♦ Premier personnage de confréries joyeuses, de jeux, de joutes littéraires. Guido Cavalcanti fut salué le prince de la lyre : un chant, qu'il composa sur l'amour, obtint les honneurs de plusieurs commentaires (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 61).V. principauté ex. de Sainte-Beuve. ♦ Titre en tête d'une ballade dédiée à celui qui avait gagné le prix : 6. le roi, à Gringoire : Mais n'est-il pas d'usage qu'il y ait un « envoi » après les trois couplets? (...) L'« envoi » doit commencer, j'imagine, par le mot Prince [it. ds le texte]. gringoire : Oh! cela est indispensable (...).
Envoi.
Prince, il est un bois que décore
Un tas de pendus, enfouis
Dans le doux feuillage sonore.
C'est le verger du roi Louis!
Banville, Gringoire,1866, 4, pp. 31-32. − RELIG. CATH. Prince des Apôtres. Saint Pierre, le premier apôtre qui a suivi le Christ et qui est devenu le premier pape. S. Pierre, dans une seule prédication, convertit 5 000 hommes à Jérusalem (...). Bientôt le Prince des Apôtres jette dans la capitale de l'empire Romain, les fondements de la puissance ecclésiastique (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 363). 2. Celui qui brille particulièrement dans un domaine, dans une discipline. Prince de la mode, des poètes; les princes de la science. Pour les (...) paysages de campagnes, de mer et de villes, le premier nom que nous rencontrons (...) c'est Ruysdaël, prince du paysage (Estaunié, Rom. et prov.,1942, p. 200). B.− Chef ou personnage exerçant son autorité temporelle et/ou spirituelle sur un groupe. ♦ Princes du peuple. Chefs des tribus chez les Hébreux. (Ds Littre, Guérin 1892, Rob.). C.− Celui dont le titre est lié à une fonction et qui exerce une suprématie sur ses pairs. − ANTIQ. ROMAINE. Prince du Sénat. Celui qui, inscrit par les censeurs en tête de la liste des Sénateurs, opinait le premier. (Dict. xixeet xxes.). − Prince des évêques. Le pape, en raison de la primauté qu'il possède sur l'ensemble des évêques en sa qualité de successeur de saint Pierre. Synon. évêque des évêques (d'apr. Foi t. 1 1968). − HIST. JUIVE. (Prince) des prêtres. Chef du sanhédrin religieux. Léon XIII, Drumont (...). À ce rapprochement sacrilège de deux noms inégaux je vois d'ici le prince des prêtres déchirer sa robe (Bernanos, Gde peur,1931, p. 192). D.− Celui qui exerce une domination, qui possède une supériorité dans un domaine. 1. Domaine temporel, le plus souvent au plur.Les princes de la mer. V. fer ex. 5. ♦ Les princes de la terre. Les grands de ce monde : 7. ... la vieille marquise de Listomère, était une Grandlieu. Ses manières furent polies comme l'avaient été celles de Monsieur de Mortsauf le jour où il me vit pour la première fois. Son regard perdit cette expression de hauteur par laquelle les princes de la terre vous font mesurer la distance qui se trouve entre eux et vous.
Balzac, Lys,1836, p. 105. ♦ P. anal. Les princes de la médecine : 8. Le médecin hospitalier ou universitaire (...) appartenait à la catégorie de ceux que l'on appelait volontiers les « princes de la médecine » ou, plus familièrement, les « grands patrons ». Recruté par concours (...), il obéissait à la vieille règle hippocratique de la filiation d'école et devait sa notoriété à ses travaux personnels autant qu'à son ascendant.
Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 789. 2. Domaine spirituel.Après-demain, jour de Saint-Michel, prince de la lumière créée et bien-aimé du Seigneur (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 114). ♦ Le prince des démons. Synon. le Démon (avec art. déf.).Poussant jusqu'au bout la logique de l'absurde, certaines gens chassaient les démons par Béelzébub, prince des démons (Renan, Vie Jésus,1863, p. 308).V. démon ex. 10. ♦ Le Prince des Enfers. Synon. Satan.Cependant le Prince des Enfers étoit arrivé aux extrémités du monde (Chateaubr., Natchez,1826, p. 142). ♦ Le Prince de ce Monde. [P. oppos. au spirituel] Celui qui règne sur le monde matériel. L'heure vient où sur les ruines de ce qui reste encore de l'ancien ordre chrétien, le nouvel ordre va naître qui sera réellement l'ordre du monde, l'ordre du Prince de ce Monde, du prince dont le royaume est de ce monde (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1494). ♦ Le Prince des ténèbres. [P. oppos. à la lumière de Dieu] Synon. Lucifer.Le Desdichado [Le Désespéré, poème de Nerval], le ténébreux, ne s'apparente-t-il pas au Prince des ténèbres, à Lucifer révolté et précipité du ciel? (Durry, Nerval,1956, p. 179). REM. 1. Princée, subst. fém.,rare. Petite principauté. Depuis 1 100 le prince d'Antioche, le chef normand Bohémond, était prisonnier des Turcs d'Asie Mineure, tandis que son neveu Tancrède gouvernait à sa place sa « princée » (Grousset, Croisades,1939, p. 77). 2. Princillon, subst. masc.,fam. Prince pauvre ou dont l'état est très petit. Peut-être est-ce la fille de quelque princillon d'Allemagne, personne ne lui parle (Balzac, Paix mén.,1830, p. 316). 3. Principion, subst. masc.,péj. Prince d'un très petit état. Synon. vieilli de principicule.Le 5 mai 1808, le traité de Bayonne cède à Napoléon, au nom de Charles IV, tous les droits de ce monarque : le rapt des Espagnes ne fait plus de Bonaparte qu'un principion d'Italie (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 386). 4. Prince-évêque, subst. masc.,hist. Évêque gouvernant un évêché, lequel confère le titre de prince à son titulaire. Ce soir, dans la cour de la résidence des princes-évêques, à Salzbourg (Mauriac, Journal 2,1937, p. 130).En novembre et décembre 1790, les troupes autrichiennes rétablirent à Liège l'autorité du prince-évêque et réoccupèrent les provinces belgiques (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p. 211). 5. Prince-président, subst. masc.Fils d'Hortense de Beauharnais et de Louis-Bonaparte, président de la République française en 1848, qui devint empereur des Français en 1852 sous le nom de Napoléon III. Le Prince-Président sut jouer habilement des souvenirs de l'Empire et se présenter comme le sauveur de l'ordre aux yeux des conservateurs, comme l'héritier des traditions de 89 aux yeux de la gauche (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 81). Prononc. et Orth. : [pʀ
ε
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1remoitié xiies. « celui qui possède une souveraineté » (Psautier d'Oxford, II, 2, éd. Fr. Michel);
α) 1524 prince royal « fils de roi » (P. Gringore, Vie Ms. S. Loys, éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, II, 36); 1787 id. « héritier d'un roi » (Staël, Lettre jeun., p. 183);
β) 1578 prince du sang (H. Estienne, Deux Dialogues, éd. P. Ristehuber, I, p. 328);
γ) 1802 prince impérial (Flick); b) 1413 « le souverain, celui qui exerce le pouvoir réel » Le Prince (Christine De Pisan, Le Livre de Paix, X, éd. Ch. C. Willard, p. 75); c) loc.
α) 1407 parole de prince « promesse verbale » (Arch. de Bretagne, V, 25 ds Fonds Barbier);
β) 1538 en prince « magnifiquement » (Est., s.v. magnifice);
γ) 1566 jeu de prince « amusement où les autres pâtissent » (H. Estienne, Apologie pour Hérodote, C. 19 ds Gdf. Compl., s.v. jeu); 2. a) hist. juive 1remoit. xiies. « celui qui est le principal personnage d'un groupe » (Psautier d'Oxford, LXVII, 30, éd. Fr. Michel);
α) mil. xiiies. prince des prêtres « chez les Hébreux, le grand prêtre en exercice » (Les Evangiles des Domées, éd. R. Bossuat, p. 79);
β) 1530 prince de la synagogue (Lefèvre d'Étaples d'apr. H. Kunze ds Die Bibelübersetzungen von Lefèvre d'Etaples und von P. R. Olivetan, p. 128);
γ) 1583 prince du peuple (R. Garnier, Les Juifves, 1902, II, p. 164 ds IGLF);
δ) 1765 prince de la captivité (Encyclop.); b) hist. romaine
α) 1313-28 princes des Romains (Ovide moralisé, XV, 1577, éd. C. De Boer, 5, 231); 1559 prince de Rome (Amyot, Cicéron, éd. J. Normand, 113);
β) 1765 prince du Sénat (Encyclop.);
γ) id. prince de la jeunesse (ibid.); c) 1313-28 Li grant prince de Sainte Yglise (Ovide moralisé, VIII, 499, op. cit., 3, 121); 1585 Princes de l'Eglise (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 87 ds IGLF); 3. 1121-34 prince de mort « le démon » (Philippe De Thaon, Bestiaire, éd. E. Walberg, 445); 1553 prince de ce monde « id. » (Bible, Gérard, Jean, 12, 31 d'apr. FEW t. 9, p. 390a); 1616 prince de l'Enfer « id. » (D'Aubigné, Tragiques, I, p. 14 ds IGLF); 1690 prince des ténèbres « id. » (Fur.). Empr. au lat. princeps « qui occupe la première place », d'où les sens partic. a) princeps senatus « prince du sénat », b) à partir d'Auguste « l'empereur, le prince » car Auguste, sous le nom de prince du sénat avait concentré tout le pouvoir entre ses mains, c) principes juventutis, à l'époque républicaine « l'élite de la jeunesse; la fleur de la noblesse ». Fréq. abs. littér. : 11 670. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 29 401, b) 15 337; xxes. : a) 12 432, b) 8 844. DÉR. Princerie, subst. fém.État, dignité de prince. (Dict. xixeet xxes.). Mais il [Saint-Simon] les déteste en eux-mêmes [les cardinaux] pour leur « chapeau », pour leur « princerie » (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 348).Fam. Ensemble de princes. (Dict. xixeet xxes.). − [pʀ
ε
̃sʀi̊]. Att. ds Ac. 1798-1878. − 1resattest. a) 1425 « principauté » (Relation des resolutions arrêtées par les vassaux du duc de Lorraine Charles II, BN 4846, Fo427 ds Gdf. Compl.), b) 1ertiers du xvies. « état de prince » (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux., I fo149 Vods Gdf.); de prince, suff. -erie*. BBG. − Glatigny (M.). Le Contrat entre le Prince et le Peuple chez d'Aubigné. Peuples et pouvoir : ét. de lexicol. pol. Lille, 1981, pp. 17-46. − Hasselrot 1957, p. 200 (s.v. principion). − Quem. DDL t. 1, 11. |