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PRIMEUR, subst. fém.
A.− Caractère de ce qui est tout à fait nouveau, de ce qui vient d'apparaître, de commencer. Une sorte de bouge oblong pratiqué derrière le cabinet, et où les habitudes d'une vie insoucieuse avaient abîmé, perdu, confondu, déchiré, huilé, ruiné tout un mobilier à peu près élégant dans sa primeur (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 311).Pécuchet se procura le lilas des Indes, la rose de Chine et l'eucalyptus, alors dans la primeur de sa réputation (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 33).L'enfant qui ne cède pas à l'influence familiale, use à s'en délivrer la primeur de son énergie (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1021).
Vieilli. Première saison des fruits et des légumes. La rapidité de ce récit oblige à passer sous silence les joies de l'amour parisien fait avec innocence, à taire les prodigalités particulières aux commis : melons apportés dans la primeur, fins dîners chez Vénua suivis du spectacle (Balzac, C. Birotteau,1837p. 41).
Mod. Subst. + de primeur ou en appos.Produit de début de saison ou d'avant saison. Melon primeur; pomme de terre de primeur. Mai-juin est le temps des jardinières de légumes. Notre quarté-fraîcheur : carottes primeur, petits pois primeur, navets primeur et petits oignons blancs (Que Choisir?mai 1984, no195, p. 8).
P. anal. Vin de l'année qui subit une très courte vinification de quelques jours et qui doit être consommé dans les mois qui suivent la mise en bouteille. Synon. nouveau.Touraine, Côte-du-Rhône primeur. La production des autres vins de primeurs, « Gamay » de Touraine, « Muscadet primeur », « Côteaux » du Tricastin, « Gaillac », « Rosé » et « Cabernet » d'Anjou, « Côtes du Ventoux » primeur demeure pour l'instant marginale (Que Choisir?nov. 1985, no211, p. 25).Acheminé simultanément dans les cafés, les restaurants et chez les cavistes de France et de Navarre mais aussi dans toute l'Europe, aux États-Unis, jusqu'en Australie et à Hong Kong, chaque troisième jeudi de novembre, le beaujolais primeur s'écoule en trois mois à peine (Que Choisir?nov. 1987, no233, p. 23).
Empl. abs. Le phénomène devient ainsi multiforme, et l'on assiste à une véritable foire aux primeurs, dont on ne sait plus bien de quelle manière elle peut encore servir la cause du vin (Le Monde,21 nov. 1986, p. 44, col. 2).Aussi avons-nous demandé à quelques négociants de nous fournir dès le 15 octobre des échantillons de primeurs encore en cuves, c'est-à-dire non filtrés, encore chargés de leurs lies et de gaz carbonique (Que choisir?nov. 1987, no233, p. 24).
Fam. Première jeunesse. Ce n'est pas que ça me disait beaucoup, car la particulière n'était plus dans sa primeur. Mais y ne faut pas se montrer trop regardant dans le métier, vu que les picaillons sont rares (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Remplaçant, 1883, p. 869).
Pop. Très jeune fille, jeune fille vierge. Des habits noirs élégants en quête de chair fraîche, de primeurs déflorées, mais savoureuses, rôdaient dans cette foule échauffée, (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Masque, 1889, p. 1159).Alors, il oublia, et se dit simplement : « Elle est bath, c'te p'tite-là; c'est d'la primeur » (Benjamin, Gaspard,1915, p. 107).
B.− P. anal.
Avoir, recevoir la primeur de qqc. Être le premier à connaître ou à jouir de quelque chose. J'étais tous les matins dans l'antichambre d'un ministre, afin d'avoir la primeur des nouvelles que portait le courrier ou que le télégraphe annonçait (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 403).Sans doute Bruxelles, Genève ou Monte-Carlo ont eu la primeur de plusieurs pièces françaises. Ces cas exceptionnels ne changent rien à un état de fait très net : Paris est le centre théâtral des pays de langue française (Arts et litt.,1936, p. 88-2).
Donner, offrir la primeur de qqc. Faire connaître quelque chose à quelqu'un avant tous les autres. J'ai reçu une lettre de Rodolphe Lothar, m'annonçant que M. Bukovics, directeur d'un théâtre à Vienne, est heureux d'offrir à son public La Faustin, cette primeur royale (Goncourt, Journal,1894, p. 600).Le député-maire de la ville, M. Marquet, était là et me donna la primeur des propos décourageants qu'il s'apprêtait à tenir au président du conseil (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 59).
Au fig. ou p. métaph. Chose nouvelle. Notre vanité ne vieillit pas : un compliment, c'est toujours une primeur (Renard, Journal,1900, p. 601).Je ne veux point les dernières découvertes; cela ne cultive point; cela n'est pas mûr pour la méditation humaine. La culture générale refuse les primeurs et les nouveautés (Alain, Propos,1921, p. 221):
... sur les meubles, les livres qu'elle lirait le mois prochain; aux murs, ce qu'elle aimerait et acquerrait peu à peu au cours de sa vie entière, un portrait de Poussin, des fresques grecques, − des primeurs encore pour elle. Giraudoux, Simon,1926, p. 76.
C.− Gén. au plur. Fruit ou légume précoce arrivant à maturité avant ceux de son espèce, et en partic. fruit ou légume apparaissant sur le marché avant la saison normale, provenant de cultures forcées ou de pays aux conditions climatiques plus favorables. Terre à primeurs; boutique de primeurs; marchand de primeurs. Elle se retint, elle n'osa commander des fraises, une primeur encore chère, de crainte de trop augmenter l'addition (Zola, Bonh. dames,1883, p. 524).Dix heures par jour, il retourne sa terre. Et, comme le casuel est insignifiant, il fait des primeurs, que Loutre lui achète à bas prix : ça permet de vivre (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1040).Si certains légumes sont très anciennement cultivés, si l'objet des cultures maraîchères et des cultures de primeurs sont pour la plupart de vieux habitants de nos terres, les méthodes de les cultiver par le forçage sont vraiment neuves (Brunhes, Géogr. hum.,1942, p. 152).
P. méton. Boutique, magasin vendant principalement des primeurs. Ainsi, l'un suivant l'autre, les étalages se succédaient devant sa flânerie : primeurs, chemiserie, objets d'art, cabinet de lecture (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 20).
Prononc. et Orth. : [pʀimœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1180 al primur « au commencement » (Thomas, Tristan, 3134 ds T.-L.); av. 1799 avoir la primeur de (Marmontel, Mémoires, VI ds Littré); 2. 1694 (Ac. : Primeur. s. f. Premiere saison de certains fruits. Ainsi on dit, que Les fraises, les pois sont chers dans la primeur, dans leur primeur); 1749 plur. « en parlant de fruits ou légumes précoces » plantes de primeur (Nouv. maison rustique, 6eéd., t. 2, p. 13); 1780 plur. « fruits ou légumes précoces » (Encyclop., Table, t. 2, p. 518b). Dér. de prime1*; suff. -eur1*. Fréq. abs. littér. : 119.
DÉR.
Primeuriste, subst.Celui, celle qui cultive, qui fait le commerce des primeurs (v. supra C). Il faut noter que « les manifestations de mai-juin 1961 ont marqué le tournant décisif, irréversible de la paysannerie française : cette fois-ci, c'est la piétaille de l'agriculture française, les producteurs de viande et de lait, les planteurs de pomme de terre et les primeuristes (...) » (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 196).Empl. adj. Précoce, hâtif. Choux-fleurs primeuristes, de production locale géant (L'Œuvres,13 juin 1941).− [pʀimœ ʀist] − 1reattest. 1872 (Journal Officiel, 18 août, p. 5577, 3ecol. ds Littré Add.); de primeur, suff. -iste*.
BBG. − Quem. DDL t. 6.