| PRÉTINTAILLE,(PRETINTAILLE, PRÉTINTAILLE) subst. fém. A. − 1. HIST. DU COST., gén. au plur. Ornement fait d'une bande de tissu découpée et posée en applique, qui agrémentait les toilettes féminines à la fin du règne de Louis XIV. Robe garnie de pretintailles (Ac.1835, 1878).Ce fut le moment [le XVIIIesiècle] des pompons, des falbalas, des prétintailles de toute espèce dont les femmes surchargèrent leur parure (Jouy, Hermite, t.4, 1813, p.275).À la fin du règne [de Louis XIV], les pretintailles dont se charge la jupe, les falbalas, qui sont des volants plissés, les fausses manches imaginées en 1710 alourdissent la silhouette (La Gde encyclop., Larousse, t.17, 1973, p.3390, col. c). − P. ext. Recherche de l'effet, artifice employé pour y parvenir. Synon. chichi, flafla.Une noce entre amis! Noce de paysans! (Pas de cérémonie et pas de prétintailles!) On boira tout à l'heure à même les futailles! (Richepin, Vers la joie, 1894, p.1155). ♦ P. métaph. Nudité d'âme bariolée de prétintailles d'esprit! (Milosz, Amour. init., 1910, p.180). − P. iron. [P. réf. à la marquise de Pretintaille, personnage imaginaire d'une chanson de Béranger qui brocardait les nobles de l'Ancien Régime revenus de l'émigration en 1815] Marquise de Pretintaille. Aristocrate imbue des préjugés de sa caste. Eh bien! ne dirait-on pas déjà le marquis de Carabas? Quant à sa mère, c'est la marquise de Pretintaille (Sandeau, Sacs, 1851, p.19). 2. Au fig. a) Vx, fam. Point, détail secondaire. Les pretintailles d'une chose (Ac.1798).En partic. Supplément de gain. Synon. à-côté (v. côté II A 2 c rem.).Cette charge coûte telle somme, sans compter les pretintailles. Il a gagné son procès avec les pretintailles (Ac.). b) Péj. Ornement musical, fioriture. Synon. fanfreluche.Prétintaille (...) [était le] nom donné, dans une acception dénigrante, aux ornements de mauvais goût que certains chantres ajoutaient au chant, dans le XVIIeet le XVIIIes. (BrenetMus.1926, p.368). B. − JEUX. Chacune des quatorze combinaisons du jeu de l'hombre. (Ds Littré, Lar. Lang. fr., Lexis 1975). REM. Prétintailler, verbe trans.a) Hist. du cost. Orner de prétintailles. Pretintailler une jupe (Ac.1835).b) Au fig., vx, péj. Ornementer, agrémenter de fioritures. Cet homme aime trop à pretintailler son style (Ac.1798). Prononc. et Orth.: [pʀ
ətε
̃tɑ:j], [-aj], [pʀe-]. Ac. dep. 1762: pre-. Rob.: pre-, ,,on rencontre aussi parfois la forme prétintaille``. V. réviser. Étymol. et Hist. 1702 (Louise de Bossigny, ctessed'Auneuil, Nouvelles diverses du temps. La princesse de Pretintailles, Paris, Ribou. Pièce ds Catal. des impr. de la Bibl. nat., t.5, p.538a); 1. 1705 nom donné à des combinaisons qui compliquent le jeu de l'hombre (Le Jeu de l'Hombre..., avec les pertintailles, titre d'apr. FEW t.13, 1, p.348b); 1718 (Le Père Du Cerceau ds Mercure, mars, d'apr. Trév. 1752); 2. a) 1707 «ornement découpé» ici, sur une tenture mortuaire (F. Dancourt, Diable boiteux, scène 14 ds OEuvres, 4eéd., Paris, Libraires associés, 1742, t.6, pp.184-185: Une tenture de velours, sans armoiries... N'y aurait il pas moyen d'égayer cela avec quelques petites pretintailles? −Des pretintailles, ma mie... ? Il ferait beau voir une tenture mortuaire en falbala!); b) 1708 «id.» mis sur une robe de femme (Lesage, Turcaret, V, 6 ds Théâtre, éd. M. Bardon, Paris, Garnier, 1948, p.174); 3. av. 1732 empl. fig. (Dacier, Contre M. de La Motte ds Trév. 1732: Ce sage critique va la dépouiller [la Muse d'Homère] de ses ornements simples... pour lui faire prendre nos pretintailles, nos falbalas et nos écharpes). Étant donné le sens du mot relevé dans de nombreux dial. du domaine d'oïl: «collier de cheval garni de grelots» (FEW t.13, 1, p.348b), une dér. de tinter* semble très probable, le mot étant passé dans le vocab. de la mode pour désigner des falbalas. Pré- est vraisemblement tiré de prétendre*, prétentieux*, les ornements ayant pour but d'attirer les regards; la finale est faite du suff. -aille* à valeur péj.; FEW p.348b, note 14. Bbg. Sain. Sources t.2 1972 [1925], p.15. |