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PRATIQUE1, subst. fém.
I.
A. − Au sing. Activité qui vise à appliquer une théorie ou qui recherche des résultats concrets, positifs. La contemplation, la spéculation, la théorie et la pratique; préférer la pratique à la théorie; plus simple en théorie qu'en pratique. L'autre illusion (...) vient, elle aussi, de ce que nous transportons à la spéculation un procédé fait pour la pratique (Bergson, Évol. créatr.,1907, p.273).Le démenti que la pratique infligeait à la théorie (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p.118).
Dans la pratique. Dans le domaine concret, de l'expérience.La vraie science est celle qui est efficace dans la pratique (Blondel, Action,1893, p.360).Vous essayez de faire passer dans la pratique des idées qui n'existent plus dans les endroits mêmes où ces idées ont pris naissance (Barrès, Cahiers,t.8, 1910, p.172).
En pratique. En fait, en réalité, concrètement. En théorie et en pratique. Et en pratique, que ferai-je? C'est avec un effroi indicible que je vois approcher la fin des vacances, époque où je devrai nécessairement traduire par les actes les plus décisifs l'état intérieur le plus indéterminé (Renan, Souv. enf.,1883, p.389).Paris avait fait une telle consommation de l'adultère, en imagination et en pratique, qu'il commençait à sembler insipide (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p.744).L'humanisme socialiste sait fort bien en pratique que rien de grand ne se fait que par la souffrance et le sacrifice; mais il ne reconnaît cette loi qu'à l'égard des grandes oeuvres collectives (Maritain, Human. intégr.,1936, p.67).
Homme de pratique. Homme qui a l'habitude de l'action, qui recherche dans l'action des résultats concrets et positifs. Cinquante ans de révolution en France avaient donné aux hommes de pratique la facilité de réorganiser des gouvernements, et aux hommes de théorie l'habitude de ressemeler des chartes, de préparer les machines et les bers avec lesquels s'enlèvent et sur lesquels glissent ces gouvernements (Chateaubr., Mém.,t.3, 1848, p.608).
B. − [Avec un déterm. exprimé ou sous-entendu]
1. Fait d'exercer une activité particulière, de mettre en oeuvre les règles, les principes d'un art ou d'une technique. La pratique d'une langue, d'un métier, d'un sport; la pratique des affaires, du pouvoir; une longue pratique, une pratique insuffisante. La pratique du travail a appris aux ouvriers que c'est par la voie du patient apprentissage qu'on peut devenir un vrai compagnon (Sorel, Réflex. violence,1908, p.50).Michel-Ange disait qu'il n'y a point de grand artiste sans quelque pratique de l'architecture (Alain, Beaux-arts,1920, p.181).
Loc. verb. Avoir la pratique de qqc. Être familiarisé avec, avoir l'expérience de. Les personnes qui ont la connaissance et la pratique du hachish sentent quelquefois, au bout d'une demi-heure, les premiers symptômes de l'invasion (Baudel., Paradis artif.,1860, p.335).Le général, qui avait la pratique des annuaires et emmagasinait dans sa grosse tête tous les renseignements utiles (A. France, Lys rouge,1894, p.9).Une jeune physicienne ayant quelque pratique de la radioactivité se présenta en 1943 à l'université de Columbia à New York où, avait-elle appris, on cherchait des techniciens de sa spécialité (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p.41).
Mettre en pratique qqc.; mise en pratique de qqc. Mettre en application, à exécution; mise en application, à exécution. Mettre en pratique une idée, un projet, une théorie. On sortait de la terrible insurrection du mois de juin et on était persuadé que la victoire des ouvriers parisiens aurait amené, sinon une mise en pratique du communisme, du moins de formidables réquisitions imposées aux riches en faveur des pauvres (Sorel, Réflex. violence,1908p.74).Il n'y a, dans nos efforts, nos projets, parfois nos prétentions, aucune menace pour personne, mais bien la mise en pratique de la coopération (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p.633).
En partic. Savoir-faire, compétence résultant de l'exercice habituel d'une activité. Avoir de la pratique. Tout novices que nous fussions dans la pratique de la mer, nous sentions la difficulté d'une pareille manoeuvre par un coup de vent (Lamart., Confid.,Graziella, 1849, p.160).Passavant craignait d'aller trop vite. Il manquait de pratique (Gide, Faux-monn.,1925, p.1172).
2. PHILOS. (marxiste). ,,Activité politico-sociale visant à la transformation de la réalité socio-économique`` (Foulq. Sc. soc. 1978). La pratique ne s'identifie pas à la seule activité productrice. (...) Althusser a généralisé à toutes les formes de la pratique la structure formelle du mode de production, mais on peut discuter cette généralisation (Marxisme1982).
3. DR. Synon. vx de procédure.Termes, style de pratique. (Dict. xixeet xxes.).
4. Fait de suivre une règle d'action, d'y conformer sa conduite (dans le domaine moral et social). Pratique du bien, de la solidarité, de la vertu. Reconnaître les droits d'abord, et progressivement l'existence et la valeur d'autrui, par la pratique du sacrifice et du renoncement (Mounier, Traité caract.,1946, p.555).La religion s'acheminait progressivement sinon vers une philosophie de l'esprit, du moins vers une doctrine et une pratique de la spiritualité pure (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p.225):
1. C'est, d'ailleurs, un fait connu que le culte de l'âge va en s'affaiblissant avec la civilisation. Si développé jadis, il se réduit aujourd'hui à quelques pratiques de politesse, inspirées par une sorte de pitié. Durkheim, Divis. trav.,1893, p.280.
− Domaine relig.Observance des prescriptions d'une religion.
[Suivi d'un compl. déterminatif] Fait d'accomplir une démarche ou d'observer une prescription. La pratique de la communion; la pratique du maigre.
Au plur. Actes extérieurs de la piété, de la dévotion. Pratiques et croyances. Chaque cité avait son recueil de prières et de pratiques qu'elle tenait fort secret (Fustel de Coul., Cité antique,1864, p.189).Sans doute, si l'on entend par religion un ensemble de dogmes imposés et de pratiques extérieures, alors je l'avoue, je ne suis pas religieux (Renan, Avenir sc.,1890, p.483).J'ai le sentiment aigu de l'hypocrisie qu'il y aurait à essayer de réconcilier une vie de plaisir et les pratiques religieuses (Green, Journal,1944, p.105).
5. POL. Pratique constitutionnelle. ,,Orientation particulière donnée par les pouvoirs publics dans l'application des dispositions de la constitution`` (Debb.-Daudet Pol. 1978). La pratique constitutionnelle peut parfois s'éloigner de l'esprit du texte sans en constituer une violation (Debb.-DaudetPol.1978).
C. −
1. Manière habituelle d'agir, comportement habituel. Pratique constante, habituelle; pratique courante, générale, répandue, universelle; pratique abusive, désastreuse, déshonnête, discutable, ignoble, illicite, odieuse; pratique d'antan. La grève est entrée dans la pratique de la classe ouvrière (Jaurès, Ét. soc.,1901, p.108).Joseph, avec la pointe de son ongle auriculaire, s'arrache d'entre les dents des fils de nourriture. Il les regarde et les mange. Cette pratique a le pouvoir d'exaspérer notre père (Duhamel, Terre promise,1934, p.180).
[Avec un compl. désignant une activité] La pratique de la torture. De nombreux échantillons de nos musées archéologiques attestent, dans le nord de la Gaule, la pratique de recouvrir de feuilles métalliques les diverses parties de la roue (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p.226).La pratique du flambage pour la stérilisation des objets solides (J. Rostand, Genèse vie,1943, p.168).
Au plur., parfois péj. Synon. de agissements.Pratiques du banditisme. Il faut étudier dans ses détails l'histoire administrative et financière de l'Ancien Régime pour comprendre à quelles pratiques violentes ou déshonnêtes le besoin d'argent peut réduire un gouvernement doux (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol.,1856, p.182):
2. D'ordinaire, les hommes exercent des métiers de maquignon, de vétérinaire et de tondeur de mulets; ils y joignent l'industrie de raccommoder les poêlons et les instruments de cuivre, sans parler de la contrebande et autres pratiques illicites. Mérimée, Carmen,1847, p.74.
PEINT. (Tracer, peindre) de pratique. En suivant des formules convenues. Synon. de routine.[Chez les peintres de marine] les cordages [des vaisseaux] sont des lignes tracées à la hâte et de pratique: ils sont là pour mémoire et semblent ne pouvoir servir à rien (Delacroix, Journal,1855, p.403).
SOCIOL. Pratique sociale. Comportement habituel d'un individu ou d'un groupe. Analyser sociologiquement une pratique sociale quelconque revient à expliquer cette situation apparemment contradictoire où l'on peut dire que toute pratique sociale est le produit de régularités objectives (...) alors que chaque pratique sociale présente des caractéristiques différentes d'un individu à l'autre (Thinès-Lemp.1975).
2. Au plur., vieilli. Activités secrètes avec des personnes d'un parti contraire. Synon. intelligences, intrigues, menées.Faire de sourdes pratiques (Ac.).
II. − [Corresp. à pratiquer B]
A. −
1. Fréquentation habituelle (d'une personne, d'un lieu). Synon. plus usuel habitude.La pratique des hommes, du monde. Vous avez la pratique des âmes et je n'ai rien à vous apprendre sur ce point (Bloy, Journal,1907, p.354).Un gué de pureté s'ouvrait devant lui dans la place Pigalle. Fontranges avait peu de pratique de ces lieux (Giraudoux, Bella,1926, p.121).
2. Vieilli. Fait de se fournir habituellement chez un commerçant, de recourir aux services d'un artisan, d'un médecin, d'un homme de loi; p.méton., clientèle (v. ce mot II B). Vous me servez mal, vous n'aurez plus ma pratique (Ac.1835-1935).Il nous apparut bien vite que le marquis de Fonfreyde était un client détestable et que sa pratique menaçait de nous coûter fort cher (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p.170).
Au sing. à valeur coll. La pratique. La clientèle habituelle (v. clientèle I B). Rocambole tenait le débit de boissons, allumait la pratique en trinquant avec elle (Ponson du Terr., Rocambole,t.1, 1859, p.540).
Une, des pratiques. Un, des clients habituel(s). Au reste, dit Murger, vous savez que deux des meilleures pratiques de la Farcy, c'étaient Constance et X... (Goncourt, Journal,1857, p.409).Il avait plu trois jours, les pieds des pratiques semblaient avoir apporté dans le magasin toute la boue du quartier (Zola, Assommoir,1877, p.731).
3. Vieilli, pop. Mauvais sujet, fripouille. Un maquignon de Montivilliers lui cria: «Allons, allons, vieille pratique, je la connais ta ficelle!» (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Ficelle, 1883, p.129).
B. − MAR. Libre pratique. ,,Autorisation d'entrer au port donnée à un navire ayant une patente de santé nette`` (Le Clère 1960). Les matelots (...) subirent longtemps toutes les interrogations du bureau de Santé (...) et enfin nous fûmes admis en libre pratique à huit heures (Stendhal, Mém. touriste,t.2, 1838, p.404).
III. − Petit instrument de métal que les montreurs de marionnettes se mettent dans la bouche pour changer leur voix. On nous offre des instruments de toutes les formes, les plus inattendus, les plus extraordinaires; des pratiques pour voix de polichinelles, des sifflets pour chiens, des trompettes (Loti, MmeChrys.,1887, p.246).On me fait dire une phrase dans un phonographe, et la phrase que je dis, l'instrument magique la répète à mon oreille, la répète aux oreilles de la princesse, de Lavoix, etc., −mais comme s'il y avait la pratique de Polichinelle dans ma voix (Goncourt, Journal,1889, p.988).
REM.
Pratiquoire, subst. masc.,rare. Livre sur lequel on inscrit les pratiques pieuses observées. Ce pratiquoire (...) est comme une sorte de carnet de bourse, de grand livre: les comptes de Lucette avec le ciel! On inscrit là-dessus chaque jour les mortifications, les pratiques pieuses (...), les sacrifices offerts à Dieu (Arène, Veine argile,1896, p.137).
Prononc. et Orth.: [pʀatik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1256 «application des principes, des règles (p.oppos. à théorie)» (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 6, 27); b) 1527 «savoir-faire» (Pronostication de Songecreux ds Rec. de poésies fr. des XVeet XVIes., t.12, p.175); c) 1547 (Martin, Architecture de Vitruve, p.130: de la practique pour faire les horloges); d) 1588 mettre en pratique (Montaigne, Essais, III, 9, éd. P. Villey, t.2, p.957); 2. fin xives. «expérience qu'une personne a dans un métier, un art» (Eustache Deschamps, OEuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t.1, p.244); 1732 peindre de pratique (Caylus, Conf., Jouin, p.371 ds Brunot t.6, p.782); 3. a) 1441 cour de pratique «juridiction» (Journal d'un bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p.360); b) ca 1465 gens de pratique «gens de justice» (H. Baude, Vers, éd. J. Quicherat, p.21); 4. a) ca 1465 «façon d'agir» (Id., ibid., p.76); b) 1470 plur. [empl. en pol.] (Lettres de Louis XI, IV, 157 ds Bartzsch, p.154); c) 1681 «actes extérieurs relatifs au culte» (Bossuet, Hist., II, 5 ds Littré); 5. a) 1524 «clientèle» (P. Gringore, Blazon ds OEuvres, éd. A. de Montaiglon et Ch. d'Héricault, t.1, p.323); b) 1826 arg. «homme débauché» (Rieuzi d'apr. Larch. 1878); 6. 1561 «petite passementerie» (B. archéol. du comité des travaux hist., 1890, p.17); 7. 1580 «fréquentation habituelle» (Montaigne, Essais, I, 26, éd. citée, t.1, p.156); 8. 1609 mar. (Beaulieu-Persac, Mém., éd. Ch. de la Roncière, p.44: ... demander la pratique, qui est la liberté de mettre pied à terre); 9. 1731 sifflet-pratique «instrument du montreur de marionnettes» (d'apr. Lar. 19e); 1771 pratique «id.» (Trév.); 1798 il a avalé la pratique de Polichinelle (Ac.). Empr. au subst. lat. chrét. practice, «la vie pratique, la conduite, par opposition à la contemplation» (v. Blaise Lat. chrét.), empr. au gr. π ρ α κ τ ι κ η ́ fém. substantivé de l'adj. π ρ α κ τ ι κ ο ́ ς, v. pratique2. Fréq. abs. littér.: 2384. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2526, b) 3373; xxes.: a) 3859, b) 3854. Bbg. Becker 1970, p.47, 211, 332. _Hotier Cirque 1973 [1972], p.122. _Quem. DDL t.1, 19.