| PRATICABLE, adj. A. − [En parlant d'un inanimé] 1. Qui peut être mis en pratique, mis en action. Synon. applicable, réalisable; anton. impraticable.Moyen, projet praticable. Ç'avait été un bonheur, dit-il au ministre, d'apprendre que quelques-unes de ses idées avaient été jugées utiles et praticables (Picard, Avent. E. de Senneville,1813, II, p.157).Mais ce qu'on réussit assez aisément en France, n'est point praticable en Espagne: leurs musées ont de vrais gardiens (Lorrain, Phocas,1901, p.142). 2. [En parlant d'un lieu et notamment d'un passage, d'une voie] a) Où l'on peut passer sans difficulté ou sans danger. Chemin, col, gué, sentier praticable; route de montagne praticable seulement en été. [Laurent] s'avança, sous un bois de pins assez peu praticable, jusqu'à une corniche de lichens où il se vit tout à coup comme perdu dans l'espace (Sand, Elle et lui,1859, p.183).Le pont, dont trois arches étaient rompues, fut rendu praticable en trois heures (A. France, J. d'Arc,t.1, 1908, p.366). b) THÉÂTRE. [En parlant d'un (élément de) décor] ,,Où l'on peut passer, marcher, jouer, et qui consiste en objets réels et non pas seulement figurés`` (Bailly-Roche 1967). Décors praticables et décors figurés. Les premières marches d'un escalier praticable qui se perd dans les coulisses (Meilhac, Halévy, Cigale,1877, I, 1, p.3). − Empl. subst. masc. Décor où l'on peut passer, sur lequel on peut marcher. Les hommes de service [du Cirque] commençaient à poser, dans le brouhaha de la salle, les pièces d'un praticable terminé par un tremplin (E. de Goncourt, Zemganno,1879, p.227). ♦ CIN., TÉLÉV. Plate-forme amovible qui supporte les caméras et les projecteurs; p.méton., le personnel qui s'en occupe (d'apr. Bailly-Roche 1967). B. − Au fig., vieilli. [En parlant d'une pers.] Facile à fréquenter. Synon. sociable; anton. impraticable.Cet homme n'est pas praticable dans le commerce de la vie (Ac.).[P. méton.] Son humeur quelquefois n'est pas praticable (Ac.). Prononc. et Orth.: [pʀatikabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Adj. a) av. 1679 «qui peut être employé, mis en pratique» (Retz, Mém., éd. A. Feillet, t.1, p.153); b) 1677 «sociable (d'une personne)» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. R. Duchêne, t.2, p.475); c) 1694 «qui peut être utilisé pour le passage» (Ac.); d) 1832 balcon praticable (d'un décor de théâtre) (Dumas père, Tour Nesle, III). 2. Subst. 1835 (Ac.). Dér. de pratiquer*; suff. -able*; cf. lat. méd. practizabilis (ca 1377), practicabilis (ca 1444) «qui peut être employé» (Latham). Au xvies. on trouve état praticable pour désigner une profession liée à la justice (v. pratique1), v. Gdf. Compl. Fréq. abs. littér.: 234. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 333, b) 674; xxes.: a) 162, b) 251. DÉR. Praticabilité, subst. fém.,rare. Anton. impraticabilité.a) État, caractère de ce qui est praticable. Les indices pratiques du monde se réfèrent à cette «praticabilité» de nos chemins: obstacles, mur, percée, scandale (pierre d'achoppement), brouillard, etc. (Ricoeur, Philos. volonté,1949, p.197).b) Caractère d'une personne sociable. Son esprit [de Lamennais], excessif en tout, ne se combine jamais avec le mien, modéré par bon sens et par praticabilité (Lamart., Corresp.,1836, p.242).− [pʀatikabilite]. − 1resattest. 1719 pratiquabilité (Abbé de St Pierre, Polysynodie, p.149 ds Brunot t.6, p.52: démontrer l'utilité et la «pratiquabilité» [d'un projet]), av. 1836 (A. Carrel, OEuv., t.3, p.222 ds Littré: la praticabilité de notre révision [de la constitution]); de praticable, suff. -ité*. BBG. −Quem. DDL t.6. _Verreault (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise. 3. Québec, 1979, p.215, 216, 235. |