| PRÉOCCUPER, verbe trans. A. − 1. Occuper fortement l'esprit, l'absorber tout entier. Le soin de sa fille le préoccupait tout entier (Toepffer,Nouv. genev., 1839, p.352).L'heure du dévouement arrivée, on reconnaît à l'impuissance du sacrifice la vanité du sentiment qui nous préoccupait sans nous posséder (Lacord.,Conf. N.-D., 1848, p.171).Ces êtres innombrables dont la destinée préoccupe le penseur (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.174): . ... comment Dieu le Père a-t-il pu seulement nous apercevoir? Et nous ayant découverts, il nous donne son fils... Une autre question me préoccupait encore plus. Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde?
Green,Journal, 1939, p.166. 2. Empl. pronom. a) Vx. S'absorber tout entier dans quelque chose. Je suis souvent dans ces dispositions externes et opposées; il n'y a pas d'équilibre dans mon être. Je suis absorbé par le moindre travail, je me tends, je fais effort, je me préoccupe pour une lettre d'affaires, une simple note, comme s'il s'agissait des choses les plus graves (Maine de Biran,Journal, 1818, p.106). b) Se préoccuper de/pour (qqn ou qqc.).S'occuper de quelqu'un ou de quelque chose en y attachant un vif intérêt, une attention particulière. Synon. s'inquiéter de, s'intéresser à, se soucier de. − [Le compl. désigne une pers.] Il reconnut le fiacre, se préoccupa peu du cocher et monta (Ponson du Terr.,Rocambole, t.4, 1859, p.213).À quoi bon tant se préoccuper de l'auteur, si l'auteur n'a pas été maître de ce qu'il faisait (Arts et litt., 1936, p.40-5).La linguistique (...) aurait dû, d'autant plus, se préoccuper de Freud que toute la cure chez ce dernier (...) repose sur la communication verbale (Traité sociol., 1968, p.413). − [Le compl. désigne une chose] J'avais eu à me préoccuper de la menace qui se préparait dans la région de Rocroi (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.335).Je n'en prétendrai pas moins que Nerval ne se préoccupe pas de mythologie! (Durry,Nerval, 1956, p.81). ♦ Se préoccuper de faire qqc.Je m'étais préoccupé de préparer l'intervention en zone britannique de la réserve française (Foch,Mém., t.2, 1929, p.51).Les tenants de chaque discipline se préoccupent de délimiter et de défendre leur domaine (Gds cour. pensée math., 1948, p.339). B. − Causer du souci à quelqu'un, inquiéter fortement quelqu'un. Synon. tourmenter, tracasser.Sa santé le préoccupe; l'avenir me préoccupe. On se plaint de votre paresse... Vous préoccupez votre famille (Chardonne,Épithal., 1921, p.354). − Empl. pronom. réfl. Se faire du souci. Synon. se soucier.Tu sais, Pierre... il ne faut pas que tu te préoccupes à mon sujet (Romains,Hommes bonne vol., 1939, p.146). Prononc. et Orth.: [pʀeɔkype], (il) préoccupe [-kyp]. Ac. 1694: pré-; 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1. xiiies. «saisir prématurément» (Bible, ms. B.N., fr. 901, fo13a ds Gdf.); 2. ca 1355 «occuper fortement (l'esprit de quelqu'un)» (Bersuire, Tite-Live, ms. Ste-Gen., fo296a ds Gdf. Compl.); 1797 préoccupé «(air) qui laisse paraître la préoccupation de quelqu'un» (Sénac de Meilhan, Émigré, p.1794); 3. 1560 «prévenir quelqu'un, occuper complètement et d'avance son esprit» (Calvin, Institution, III, XXI, 7, éd. J.-D. Benoit, p.416, empl. pronom.); 4. 1818 se préoccuper de «être absorbé par le souci de» (Maine de Biran, op. cit., p.105); 1846 trans. «donner du souci (à quelqu'un)» (Flaub., Corresp., p.284); 1860 préoccupant «qui préoccupe, inquiète» (Goncourt, Journal, p.862); 5. 1834 se préoccuper de qqc. «s'occuper de quelque chose en y attachant un vif intérêt» (Balzac, Langeais, p.227). Empr. au lat. praeoccupare «occuper le premier», également «gagner par avance l'esprit de quelqu'un, prévenir». Fréq. abs. littér.: 1001. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 692, b) 1667; xxes.: a) 1986, b) 1578. |