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POULS, subst. masc.
A.− MÉD. ,,Transmission de l'onde pulsatile artérielle ou pulsation provoquée par chaque contraction cardiaque, dont la qualité et l'amplitude peuvent être appréciées par la palpation des artères périphériques, habituellement l'artère radiale, en exerçant avec le doigt une pression plus ou moins forte sur le segment artériel`` (Lar. Méd. t. 3 1972). Sentir battre son pouls. Le seul symptôme qui constitue la fièvre est la fréquence et la grandeur du pouls (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 2).Gilbert respirait péniblement; son pouls faiblissait (Arland, Ordre,1929, p. 538).Que serait la joie sans cette légère accélération du pouls, cette chaleur agréable en tout le corps et cette dilatation de tout l'être? (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 246).
Au plur., rare. Troubles cardiaques dangereux avec assourdissement des bruits du cœur, pouls petits et rapides, chute de la tension artérielle (Quillet Méd.1965, p. 160).
SYNT. Pouls abdominal, artériel, épigastrique; pouls accéléré, capricant (vx), court, dur, faible, fiévreux, filiforme, formicant, fréquent, inégal, instable, intermittent, irrégulier, lent, mou, normal, plein, rapide, régulier, robuste, serré, vibrant; affaiblissement, battement, diminution, élévation, faiblesse, manque, petitesse, pulsation, ralentissement, serrement du pouls; exploration, palpation du pouls; le pouls s'accélère, s'affaiblit; consulter, percevoir, sentir le pouls.
Prendre le pouls (de qqn), prendre son pouls. Mesurer, évaluer la fréquence de ces pulsations. Bébé gémit quand le médecin passa la main sous son petit corps et qu'il essaya de prendre son pouls (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 308).
P. méton. Endroit où l'on sent le pouls. Tâter, toucher le pouls. Sans qu'elle s'en rendît compte, il cherchait son pouls, il essayait de desserrer son écharpe de laine pour lui permettre de respirer. Car il la voyait devenir toute blanche (Peyré, Matterhorn,1939, p. 276).
Vieilli. (Être) sans pouls. (Être) en état de syncope. [Le vieillard] recula en chancelant et s'affaissa sur un fauteuil, sans pouls, sans voix (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 255).
En partic.
Pouls dicrote*. Le matin du 5, la parole est brève, le pouls légèrement dicrote (Cadet de Gassicourt, Mal. enf.,t. 1, 1880, p. 89).
Pouls lent permanent. Forme la plus typique de ralentissement du pouls dû à la dissociation auriculo-ventriculaire complète. Le pouls lent permanent réalise le syndrome d'Adams-Stokes (Pt Lar. Méd.1976).
Pouls veineux. ,,Battement observé au niveau des gros troncs veineux`` (Garnier-Del. 1972). La respiration est encore normale, mais le nombre des pulsations a augmenté; il existe du pouls veineux dans les formes graves (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 434).
P. anal. Il n'avait d'autre sensation de vivre que le pouls boiteux de l'horloge, dans la chambre voisine, qui lui semblait battre dans son cerveau (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1340).
Loc. verb., p. plaisant. Montbaillard, sa montre à la main, tâtait le pouls à des œufs frais dont il avait pris la cuisson sous sa responsabilité (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 308).
B.− Au fig., dans des loc. verb.
1. Ce par quoi on juge de la bonne marche de quelque chose. Le gouvernement a besoin de sentir battre en permanence le pouls de la nation (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 304).
2. Prendre, tâter le pouls (de qqn, qqc.). Chercher à connaître les intentions (de quelqu'un), à observer l'atmosphère, le climat (de son entourage). Ce souverain [Philippe le Bel] que nul n'égalait en puissance aimait ainsi marcher au milieu de sa ville (...) Il prenait le pouls de son peuple (Druon, Roi de fer,1955, p. 54).Tâter le pouls de l'opinion publique (P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 61):
Il se demanda, pour tâter le pouls à son égoïsme humain : − Que préférais-tu? ou que le souvenir de Christophe, de sa personne et de son nom s'éternisât et que son œuvre disparût? ou que son œuvre durât et qu'il ne restât aucune trace de ta personne et de ton nom? Rolland, J.-Chr.,Nouv. journée, 1912, p. 1587.
P. métaph. Cette science [la politique], dans son application, consiste donc à tâter chaque jour le pouls à la société, et à savoir quelle dose d'amélioration sa maladie est capable de supporter sans crise trop violente et trop périlleuse (Sand, Corresp.,t. 5, 1864, p. 10).
Se tâter le pouls. ,,Consulter ses forces, ses ressources, avant de faire une entreprise, une démarche`` (Ac.). Si la comtesse emprunte parce qu'elle est ruinée, tâtez-vous le pouls, et voyez si vous pouvez impunément vous laisser saigner (Balzac, Œuvres div.,t. 1, 1825, p. 110).
Prononc. et Orth. : [pu]. Homon. pou. Att. ds Ac. dep. 1694; 1694 : ,,Quelques-uns écrivent Poux`` (l graph. étymol.). Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1155 « battement des artères » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 8263 : tasta al pulz); 1864 prendre le pouls (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, p. 210); b) 1823 pouls veineux (P. A. Béclard, Élémens d'anat. gén., p. 399); 1928 pouls lent permanent (Lar. 20e, s.v. Adams-Stockes); 2. a) ca 1225 fig. tâter le pouls (Gautier de Coinci, Chasteé as nonains, 1104 ds Miracles, éd. V. F. Koenig, t. 3, p. 502 : Car Jhesu Cris [...] Set bien sanz vos taster le pous Se vostre Amour est vraie et nette), attest. isolée; à nouv. 1619 (D'Aubigné, Faeneste, III, XXI ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 763 : un tel à qui j'ay tasté le poux); 1608 fig. se tâter le pouls (Régnier, Satyre I, 146 ds Œuvres compl., éd. G. Raibaud, 1982, p. 14 : Je sonde ma portée et me taste le pous); b) 1618 fig. « ce par quoi l'on peut juger de l'état de quelque chose, des dispositions de quelqu'un » (D'Aubigné, Hist. univ., éd. A. de Ruble, t. 6, p. 258 : le poux inesgal de ceux qui conseilloyent). Du lat. pulsus « impulsion, heurt, choc », pulsus venarum, arteriarum « battement des veines, des artères ». Fréq. abs. littér. : 388. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 548, b) 738; xxes. : a) 402, b) 544.