| POUDROYER, verbe A.− Empl. trans., vieilli ou littér. Couvrir légèrement d'une substance poudreuse ou de poussière. Malgré le givre qui poudroyait les arbres (A. France, Chat maigre,1879, p. 196). − Empl. trans. indir. Figurez-vous [à Bénarès] un ciel couleur d'étain, une espèce de poussière métallique qui ronge la couleur des choses, qui poudroie à l'infini sur une débâcle de temples et de mosquées enchevêtrés, d'escaliers branlants, de dômes en ruines (Toulet, Notes art,1920, p. 38). ♦ Au fig. L'oubli poudroyait partout sur les choses sommeillantes et abandonnées que réveillait et ranimait autrefois le coup de main de chaque matin (Goncourt, G. Lacerteux,1864, p. 174). B.− 1. Empl. intrans., vieilli ou littér. a) Produire des nuages de poussière. De la vallée une chaleur montait par vagues; l'air vibrait sur les champs; une grande route au loin poudroyait quand y passait une charrette; ils virent l'été sur la plaine (Gide, Tentative amour.,1893, p. 76). b) Soulever de la poussière. [Le gouverneur] veut, dès aujourd'hui, qu'en ces lieux on installe Le quartier général (...). Il faudrait, pour lui plaire, arrêter le soleil. Mais, je vois ses plantons, poudroyer sur la route; Ne perdons pas de temps (Lamart., T. Louverture,1850, iii, 2, p. 1313). 2. a) Prendre un aspect brillant, scintillant. La fiente de ton cochon, lorsqu'elle poudroyait en plein soleil avec les scarabées verts qui bourdonnaient à l'entour (Flaub., Tentation,1849, p. 416).Il n'y a personne dans toutes ces peintures! L'artiste a beau poser quelques bateaux sur la mer, faire poudroyer une grande ville, là-bas, dans l'anse de ce golfe ténébreux (Claudel, Soulier,1929, 4ejournée, 2, p. 857). − [En parlant des rayons du soleil] Faire scintiller les grains de poussière en suspension dans l'air. Filtré par les feuillages desséchés des tilleuls, le soleil frappait d'une lumière oblique les ombres de la pelouse étendue jusqu'à la grille. Des vapeurs d'or poudroyaient autour des barreaux (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 447).Un soleil jaune entrait en biseau jusqu'au fond du galetas et faisait poudroyer l'air (Pourrat, Gaspard,1922, p. 65). − Au part. prés. en empl. adj. Nous croisions dans la lumière poudroyante du soir, les femmes les plus élégantes, presque toutes étrangères (Proust, Fugit.,1922, p. 629).Des chemins de crête poudroyants de lumière (Aragon, Rom. inach.,1956, p. 118). b) P. ext. [En parlant d'une multitude de petits objets] Scintiller. Les étoiles d'hiver sont belles lorsqu'elles poudroient dans le ciel couleur d'ardoise (Jammes, Rom. du lièvre,Notes, 1901, p. 314). Prononc. et Orth. : [pudʀwaje], [-wɑ-], (il) poudroie [pudʀwa], [-wɑ]. Att. ds Ac. dep. 1878. Conjug. v. aboyer. Étymol. et Hist. 1. 1377 « couvrir de poudre » (Lanfranc, fo25 verso ds Littré); 2. fin xves. « réduire en poussière » (Jardin de Santé, I, 97, impr. La Minerve ds Gdf.); 3. 1553 « s'élever en poussière » (Ronsard, Odes, Les Isles fortunees, 242, éd. P. Laumonier, 5, 190); 4. 1697 « faire briller la fine poussière en suspension dans l'air » (Perrault, Contes, Barbe-Bleue ds Littré); 5. 1849 « avoir l'apparence de poudre brillante » (Flaub., loc. cit.). Dér. de poudrer*; suff. -oyer*. Fréq. abs. littér. : 10. |