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POTENTAT, subst. masc.
A. − Souverain absolu d'un grand État. Les potentats de l'Asie. Demandez à un berger écossois s'il voudroit changer son sort contre le premier potentat de la terre? (Chateaubr.,Génie, t.1, 1803, p.222).Eh bien! des potentats ce formidable maître [Napoléon Ier] Dans l'espoir de sa mort par le ciel fut trompé (Hugo,Odes et ball., 1828, p.195).Copernic est vraiment l'auteur du véritable système du monde, et son nom restera respecté jusqu'à la fin des siècles. Ce grand homme n'était ni potentat, ni prince, ni personnage officiel, ni affublé de titres plus ou moins sonores et plus ou moins creux (Flammarion,Astron. pop., 1880, p.431).
Faire le potentat. Faire l'important. Vernouillet [parlant de Célimare]: Monsieur a la déplorable habitude d'imposer sa personnalité. Bocardon: Il fait le potentat; je soutiens, moi, qu'il est deux heures un quart (Labiche,Célimare, 1863, III, 11, p.133).
Il tranche du potentat. ,,Il affecte une importance qui ne lui appartient pas`` (Ac.).
B. − P. ext., souvent avec une nuance péj.
1. Celui qui exerce un pouvoir despotique, tyrannique. Synon. despote, tyran.Vous n'ignorez pas qu'à cette époque, votre roi Louis XIV, croyant qu'il suffisait d'un geste de potentat pour faire rentrer les Pyrénées sous terre, avait imposé le duc d'Anjou, son petit-fils, aux Espagnols (Verne,Vingt mille lieues, t.2, 1870, p.914).Vous savez mon loyalisme envers vous, mais à force d'imposer votre volonté, vous êtes devenu draconien, potentat, roi absolu (La Varende,Dern. fête, 1953, p.227).
2. Personnage important, qui possède un pouvoir excessif (du fait de sa richesse, de sa situation hiérarchique ou sociale). Il se tient à genoux devant un vieillard à barbe de patriarche, quelque haut potentat de l'Église (Lorrain,Sens. et souv., 1895, p.317).Ces deux cent mille francs que son père gagnait chaque année dans les soieries lui valaient le respect et les saluts des gens de son quartier, et faisaient des siens les potentats de leur village (Larbaud,F. Marquez, 1911, p.200).Système de voies ferrées, désignées sous le nom des potentats des finances qui les dirigent (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p.255).
P. anal., dans le domaine artist. Personnage important du fait de sa réussite. Devant le Coureur cycliste [de Maillol] (...) le potentat du modelé [Rodin] avoua: «Je ne vous aurais pas cru capable de faire ça.» (J. Cladel,Maillol, 1937, p.82).
Prononc. et Orth.: [pɔtɑ ̃ta]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1372-74 «souveraineté, gouvernement autocratique non héréditaire» (Oresme, Livre de politiques d'Aristote, éd. A. D. Menut, p.367); 2. 1554 «prince souverain» (Papiers d'État du Cardinal de Granvelle, publ. sous la dir. de Ch. Weiss, t.4, 1843, p.322); 3. 1798 (Ac.: On dit cependant en style badin: C'est un petit Potentat; il se croit Potentat; il tranche du Potentat, pour dire, Il affecte une importance qui ne lui appartient pas). Empr. au lat. médiév. potentatus «pouvoir seigneurial, force, puissance, prince souverain» (Nierm. et Du Cange) dér. de potens «puissant» sur le modèle de mots comme magistratus (magistrat*). Fréq. abs. littér.: 74. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.382. _Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.290.