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POTASSER, verbe trans.
Familier
A. − [En parlant d'une activité intellectuelle, en vue, notamment, d'un examen] Étudier avec acharnement. Synon. bosser (fam.; v. bosser1C), bûcher2, chiader (arg. scol.; v. chiader III).Deux chambres au cinquième, dans Plaisance, d'où il filait tous les matins, sur l'impériale de l'omnibus, pour aller potasser les bouquins de la bibliothèque de la rue Richelieu (Coppée,Vingt contes nouv., 1883, p. 286).Il (...) se mit à potasser ses bouquins (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 201).Gourgaud, entre deux cours, potassait consciencieusement un cours de prosodie (Magnane,Bête à concours, 1941, p. 341).
[Le compl. désigne une épreuve, un examen] Préparer par un travail assidu. Bernard Profidendieu était resté à la maison pour potasser son bachot; il n'avait plus devant lui que trois semaines. La famille respectait sa solitude (Gide,Faux-monn., 1925, p. 933).
Absol. Elle a à repasser ses examens, elle va potasser, la pauvre gosse. Ce n'est pas gai, je vous assure. Il peut arriver qu'on tombe sur un bon sujet. Le hasard est si grand (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 889).Avec un service midi-huit, tu pourrais aller au cours le matin et potasser le soir (H. Bazin,Mort pt cheval, 1949, p. 127).
B. − P. ext. Étudier, préparer avec acharnement. Beauconseil, ce chef d'escadrons (...) qui est un officier du plus grand avenir, a potassé sa petite attaque du Pratzen, la connaît dans les coins (Proust,Guermantes 2, 1921, p. 112):
. ... deux heures et quart, (...) le multiplace de combat B n'avait d'essence que pour ce temps; or, tous, Leclerc assis en singe sur le comptoir, ou les austères qui potassaient le perfectionnement éventuel de la mitrailleuse, tous savaient que l'avion et leurs camarades étaient partis pour la Sierra depuis deux heures cinq. Malraux,Espoir, 1937, p.476.
REM.
Potassage, subst. masc.,hapax. Entre les cours, les travaux pratiques, le potassage à domicile, l'hôpital où il avait été d'abord stagiaire, puis externe, Jean avait de moins en moins le temps de penser à ses tourments personnels (H. Troyat,Une Extrême amitié, Paris, La Table ronde, 1963, p. 28).
Prononc.: [pɔtase], (il) potasse [-tas]. Étymol. et Hist. 1. 1838 trans. (St-Cyr d'apr. Esn.); 2. 1869 absol. (lycéens d'apr. Esn.). Orig. obsc. Une compar. de l'activité fébrile des élèves avec le bouillonnement de la potasse dans certaines réactions chimiques (hyp. déjà exprimée ds Lar. 19e, puis ds Sain. Lang. par., p. 445 et Bl.-W.1-5et reprise par le FEW t. 16, pp. 648-649) paraît peu prob. Une orig. région., avancée par Esn. 1965 (potasser «cuisiner» dans le Maine, qui serait dér. de pot, -asser exprimant l'effort) repose prob. sur la citat., ds Sain. Lang. par., p. 445, de G. Dottin, Gloss. des parlers du Bas-Maine, 1899, dans lequel on ne trouve que potasser «faire de mauvais travail» et potansiner «cuisiner maladroitement», ce dernier seul étant rattaché à pot par le FEW t. 9, p. 269a. Le rapprochement avec potache*, proposé par Guir. Lex. fr. Étymol. obsc. est invraisemblable.
DÉR.
Potasseur, subst. masc.,fam. Grand travailleur, celui qui potasse. Le descendant (...) de l'instituteur de village perdu, boursier acharné au boulot, potasseur sans trêve (Arnoux,Solde, 1958, p. 64).[pɔtasoe:ʀ]. 1reattest. 1838 (St-Cyr d'apr. Esn.); de potasser, suff. -eur2*.
BBG.Behrens D. 1923, pp. 61-62.