| * Dans l'article "PONTON,, subst. masc." PONTON, subst. masc. A. − ART MILIT., vieilli 1. Pont flottant réalisé avec des bateaux légers reliés par des poutres, recouverts de madriers et destiné à permettre aux troupes de franchir un cours d'eau. Deux ponts sont jetés [sur la Bérésina]. Un seul boulet, le feu de la pipe d'un Cosaque eussent suffi pour mettre en pièces ou pour brûler les faibles pontons de d'Éblé (Chateaubr., Mém., t.2, 1848, p.457). 2. Ponton (de cuivre). Bateau de cuivre transporté autrefois par les troupes afin de jeter un pont sur un cours d'eau. Nous passâmes la Moselle, au-dessus de Thionville, sur des pontons de cuivre (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.412). B. − MAR. Vieux bâtiment, de guerre ou non, généralement rasé, ne pouvant plus naviguer mais utilisé à différentes fins (réparations, chargement, dépôt de matériel, surveillance, etc.) dans un port, un arsenal, une rade; chaland plat ponté, cale flottante construite spécialement pour divers usages (transport, chargement, travaux, etc.) dans un port et supportant ou non des équipements. En France, on double en zinc les bâtiments de servitude qui sont, pour la plupart, de vieux navires en bois transformés en pontons, allèges, charbonniers, etc. (Croneau, Constr. nav. guerre, t.1, 1892, p.348).Autour de lui [un vaisseau], sur des pontons, dix grues, sept ou huit aspirateurs, se pressaient, s'agitaient (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p.95): 1. Le vieux cuirassé Courbet, qui depuis quatre ans nous servait de ponton dans la rade de Portsmouth, reçut, en cette suprême occasion, un équipage réduit et un bon commandant: Wietzel, et s'en fut, sous le feu de l'ennemi, s'échouer près de la côte française afin de servir de môle au port artificiel d'Arromanches.
De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.276. − HIST. Vieux vaisseau immobilisé ayant servi de prison, en particulier à l'époque de la Révolution française et surtout pendant les guerres de l'Empire où les Anglais y détinrent les Français faits prisonniers. Max pris par les Anglais, fut envoyé sur les pontons espagnols de Cabrera, les plus horribles de tous (Balzac, Rabouill., 1842, p.369).Revenu des pontons de Rochefort et des cachots de Paris (Lamart., Confid., 1851, p.121). − Littér. [Dans des compar. avec des pers.] Vaisseau endommagé et allant à la dérive. Je suis tel qu'un ponton sans vergues et sans mâts, (...) Vaisseau désemparé qui ne gouverne plus (Dierx, Poèmes, 1864, p.86).On la voyait, alors, déambuler comme un ponton entre des récifs, ayant l'air de remorquer des tronçons d'elle-même (Bloy, Femme pauvre, 1897, p.253). − Expr. [Le suj. désigne un navire] (Être) rasé comme un ponton. (Être) entièrement démâté, généralement sous l'action de la tempête ou du canon. L'Henrietta n'était plus qu'un bâtiment rasé comme un ponton (Verne, Tour monde, 1873, p.199). ♦ P. compar. Je perds huit cent mille francs, je n'ai pas de quoi les payer, je suis (...) rasé comme un ponton (Augier, Contagion, 1866, p.437).Rasée comme un terrain de manoeuvre, la vie! Rasée comme une cour de caserne. Rasée comme un ponton (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p.963). − En compos. avec un subst. ♦ Ponton(-)grue. Engin de port supportant une grue. La manutention des fardeaux très pesants exige des engins spéciaux: −soit fixes (...) −soit flottants, qu'il s'agisse de «pontons mâtures», de «pontons grues» ou de «bigues flottantes» (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p.187). ♦ Ponton(-)mâture. Engin supportant une ou deux bigues, ou un appareil pour mâter ou démâter un bâtiment. Le «ponton mâture» de Philadelphie a une puissance de 300 tonnes (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p.187). C. − Plate-forme flottante ou sur pilotis ayant divers usages. Ponton des bains. Ponton de blanchisseuses amarré contre le bord (Flaub., Éduc. sent., t.1, 1869, p.83).Un ponton de bois, amarré pour les pêcheurs, dansait mollement à deux ou trois mètres de la rive (Duhamel, Terre promise, 1934, p.28). − En partic. Plate-forme flottante ou sur pilotis reliée au bord et servant de point d'arrivée et de départ ainsi que de station aux bateaux de voyageurs. Ponton d'embarquement; être sur le ponton: 2. Je gagnai la Seine pour prendre l'Hirondelle qui me déposerait à Saint-Cloud. Comme j'aimais cette attente du bateau sur le ponton. Il me semblait que j'allais partir pour le bout du monde...
Maupass., Contes et nouv., t.1, Souv., 1884, p.533. D. − ÉQUIP. Barre métallique articulée, en forme de trapèze, destinée à cuber les tas de pierres cassées en vue de l'empierrement des routes. (Dict.xixeet xxes.). REM. Pontonner, verbe intrans.Flotter, bouger à la manière d'un ponton (vraisemblablement au sens C); donner cette impression. Des grosses bouées bringuebalantes passent en dansant, alors que la ville pontonne dans l'embrun (Cendrars, Dan Yack, Plan de l'Aiguille, 1929, p.13).Tout pontonnait, virait, écumait, à gauche et à droite du commissaire (...) cependant que le haut paquebot blanc s'inclinait (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p.11). Prononc. et Orth.: [pɔ
̃tɔ
̃]. Homon. pontons (de ponter1 et 2). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1245 «pont» (Philippe Mousket, Chroniques, 15103 ds T.-L.); 1360-70 «pont-levis» (Baudouin de Sebourg, X, 712, ibid.); 1532 «pont flottant composé de bateaux joints» (Lettre de Fr. 1erdu 3 juill., Rev. des soc. sav., 1860, p.387); 2. 1251 «grand bateau plat et ponté servant à passer une rivière (?)» (Layettes du Trésor de Chartes, éd. A. Teulet, t.3, p.125); fin xives. (Froissart, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t.15, p.245); 1515 «vieux navire qui sert à plusieurs usages dans les ports» (A. de Conflans, Faits de la marine et navigaiges, s.v. Venise ds Jal); 1813 «vieux vaisseau rasé où l'on enferme des prisonniers» (M. L. Bouchet, Dissertation inaugurale sur les maladies qui affectèrent les prisonniers détenus à bord des pontons de Plymouth); 3. 1872 «instrument servant à cuber les tas de pierres cassées disposés sur le bord des routes» (Littré Add.). Du lat. pontōnem, acc. de pontō, -tōnis «bateau de transport». Fréq. abs. littér.: 87. DÉR. Pontonage, subst. masc.,vieilli. ,,Droit qui se perçoit en quelques lieux sur les personnes, voitures ou marchandises qui traversent une rivière, soit sur un pont, soit dans un bac`` (Ac. 1835, 1878). − [pɔ
̃tɔna:ʒ]. Att. ds Ac. 1762-1878. − 1resattest. déb. xiiies. pontenaige (Coutumes et péages de Sens ds Bibl. Éc. des Chartes, 27, p.286); xives. pontonnage (Rentes de la prév. de Clerm., B.N. 4663, fo2 rods Gdf.); de ponton, suff. -age*. BBG. −Kemna 1901, pp.48-49. |