| POLICIER, -IÈRE, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − [Corresp. à police1] 1. Relatif à la police; qui est le fait de la police ou de certains membres de la police. Enquête, expédition policière; mesure, rafle, surveillance policière; bavures, brutalités, pressions, provocations policières. Une de ces opérations policières que le gouvernement avait plus ou moins fait prévoir dans les journaux du soir (Aragon, Beaux quart., 1936, p.356).Des histoires de prostitution dont les retombées policières et politiques furent importantes (Le Point, 10 janv. 1977, p.77, col. 2).V. infra ex. 3. ♦ Chien policier. Chien spécialement dressé pour aider à des enquêtes de police. Chien policier (...). Les chiens de police, dans leur grande majorité sont de nos jours des bergers allemands (Triquet1981, p.217). 2. Souvent péj. Où la police (politique) joue un rôle important. L'appareil policier dont s'entourait le pouvoir (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.64).Chez le Habsbourg, Colloredo, le Kabinetts-Minister, perfectionna les méthodes policières de Joseph II (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.617). − État, régime policier. État, régime dont l'autorité s'appuie essentiellement sur la police. C'était une Italie policière en ce temps-là (Butor, Modif., 1957, p.192). ♦ P. anal.: 1. Cet espionnage de tous les instants finit par m'impatienter. Je voulus hâter le dénouement, et je devins, un soir, entreprenant. Elle me reçut de telle façon que je m'abstins de toute tentative nouvelle; mais un violent désir m'envahit de lui faire payer, d'une façon quelconque, le régime policier auquel j'étais soumis, et je m'avisai d'un moyen.
Maupass., Contes et nouv., t.1, Fen., 1882, p.885. B. − [En parlant d'un roman, d'une pièce de théâtre ou d'un film] Dont l'intrigue est fondée sur des activités criminelles plus ou moins mystérieuses qui sont élucidées par une enquête conduite par la police, par des détectives ou par des particuliers. Intrigue, pièce, série policière (à la télévision). Les 39 marches, de Wilcok, est un film policier original, où la puissance du cinéma éclate (Arts et litt., 1936, p.34-6): 2. ... j'ai horreur des romans policiers. Je trouve que c'est le genre le plus niais du monde. Se torturer à embrouiller artificiellement une histoire pour se donner la fausse élégance de la dénouer en trois pages, à la fin, c'est une activité de plaisantin.
Anouilh, Répét., 1950, III, p.79. − P. ell., fam., subst. masc. Roman ou film policier. Synon. fam. polar (infra rem.).Dès les premières pages, on oublie qu'il s'agit d'un «policier», on se laisse éblouir par le talent époustouflant du romancier (L'Express, 13 mars 1972ds Gilb. 1980). II. − Subst. masc. Personne qui appartient plus particulièrement à un service de police sans uniforme (v. police1). Synon. flic (fam.), poulet (pop).Les policiers qui enquêtent sur l'assassinat à Châtillon-sous-Bagneux, du gardien Paul Garnier, ont eu leur attention attirée par deux suspects (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.2, col. 4).Un policier trop zélé, comme il arrive, dénonça ce trafic au ministre Savary, et ne fut pas remercié de sa découverte (L'Hist. et ses méth., 1961, p.349): 3. Le droit de se contredire, je sais, mais enfin! À Dieu, à Poe? Poe qui, dans les revues de police, est donné aujourd'hui à si juste titre pour le maître des policiers scientifiques (de Sherlock Holmes, en effet, à Paul Valéry...) N'est-ce pas une honte de présenter sous un jour intellectuellement séduisant un type de policier, toujours de policier, de doter le monde d'une méthode policière?
Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p.97. − P. anal. Personne qui se comporte comme un policier. C'est un vrai policier. Le révolutionnaire est en même temps révolté ou alors il n'est plus révolutionnaire, mais policier et fonctionnaire (Camus,Homme rév.,1951, p.306). Rem. Au fém. on relève a) Femme-policier. Femme-policier chargée de la surveillance de Patricia Hearst pendant son procès (Le Point, 16 août 1976, p.69, col. 2). b) Except. policière. Des policiers? Et d'abord, pourquoi pas des policières? La rareté du «sexe» qui est cependant aujourd'hui en France électeur majoritaire n'est-elle pas la preuve des difficultés que fait la police du muscle à laisser la place à la police de la tête ou à la police du coeur? (Pol. 1969). REM. Polar, subst. masc. fam.Roman ou film policier. Lire un polar; aimer les polars; collection de polars. [Jean-Pierre Melville] construit, patiemment camouflé derrière les «polars» de la Série Noire, une espèce de geste proustienne (Le Nouvel Observateur, 12 août 1968, p.32 ds Quem. DDL t.23).Nada, de J. -P. Manchette (Série Noire). Gare aux anars! Le manifeste du nouveau polar (L'Express, 24 juill. 1981, p.89, col. 3). Prononc. et Orth.: [pɔlisje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.A. Adj. 1. 1611 «qui concerne l'administration, le gouvernement d'une ville, d'un territoire» (Cotgr.), attest. isolée; 2. 1836 «qui concerne la police; qui est du fait de la police» (Raymond); 3. 1898 «qui appartient à la police» (Lorrain, Âmes automne, p.31: sous l'oeil policier des inspecteurs); 4. 1908 roman policier (G. Leroux, Parfum, p.56); 5. 1911 chien policier (Le Plein air, 19 sept., 807a ds Quem. DDL t.17, s.v. chien); 6. 1941 «qui s'appuie essentiellement sur la police» (L'OEuvre, 22 janv.). B. Subst. 1. 1753 «membre de la police» (Fougeret de Monbron, Le Cosmopolite, p.160 ds Quem. DDL t.10; 2. 1949 «roman policier» (Aymé, Confort, p.205). Dér. de police1*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 419. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 23; xxes.: a) 650, b) 1378. Bbg. Darm. 1877, p.108. _Lötmarker (R.). Policier, adj. de relation. St neophilol. 1978, t.50, pp.81-99. |