| POLÉMIQUE, subst. fém. et adj. I. − Subst. fém. Discussion, débat, controverse qui traduit de façon violente ou passionnée, et le plus souvent par écrit, des opinions contraires sur toutes espèces de sujets (politique, scientifique, littéraire, religieux, etc.); genre dont relèvent ces discussions. Engager, poursuivre une polémique avec qqn; aimer la polémique; faire de la polémique. Dites bien, je vous supplie, à vos bons parents qu'ils ne s'inquiètent de rien avec moi, qu'ils ne se croient pas obligés de gêner les polémiques littéraires ou politiques qu'ils pourraient juger nécessaires contre moi dans la nouvelle position où mes ennemis de toute nature et de tous rangs m'ont placé (Hugo,Corresp., 1832, p.516).Cette polémique que je viens d'avoir avec André Gide aura du moins eu l'intérêt, et pour moi-même, d'amener à la clarté les difficultés et les contradictions dans lesquelles se sont débattus cette année bien des intellectuels et des écrivains (Guéhenno,Journal «Révol.», 1937, p.85): 1. Il n'y a pas de vie sans dialogue. Et sur la plus grande partie du monde, le dialogue est remplacé aujourd'hui par la polémique. Le
xxesiècle est le siècle de la polémique et de l'insulte (...) Des milliers de voix jour et nuit, poursuivant chacune de son côté un tumultueux monologue, déversent sur les peuples un torrent de paroles mystificatrices, attaques, défenses, exaltations.
Camus,Actuelles I, 1948, p.258. II. − Adj. Qui est relatif, qui appartient à la polémique; qui se réclame du caractère de la polémique. Article, attitude, critique, écrit, écrivain, langage, style, ton polémique. Voilà la dernière fois que je t'entretiens sur cet objet; il doit régler ma conduite selon tes voeux, mais il ne doit plus être l'objet d'une discussion polémique (Staël,Lettres jeun., 1790, p.407).M. Hamon n'approuvait pas les publications toutes polémiques, telles que Les imaginaires de Nicole, qui se poursuivaient alors; il y trouvait plus d'épines que de moelle nourrissante (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.4, 1859, p.197): 2. L'attitude d'un laïque et d'un libre penseur, qui, sans préoccupation polémique, étudie le divin, est peut-être bien ce qu'il y a de plus étranger à notre goût français.
Barrès,Voy. Sparte, 1906, p.25. − SÉMIOT. Principe, structure polémique. Principe, structure sur lesquels repose l'organisation narrative du discours quand elle est faite de confrontations d'idées (d'apr. Greimas-Courtés 1979). REM. Polémiquement, adv.De façon polémique. Cicéron s'efforce de convaincre l'auditeur que la peur de la mort n'est pas justifiée, même chez ceux qui la croient définitive. Il reprend donc polémiquement l'argument d'Épicure contre les épicuriens (J. Vuillemin,Essai signif. mort, 1949, p.50). Prononc. et Orth.: [pɔlemik]. Ac. 1718: polemique; dep. 1740: -lé-. Étymol. et Hist.1. 1578 chanson polémique «guerrière» (Vigenere, Philostr., fo24 rods Gdf. Compl.); 1584 adj. «qui appartient à la dispute, par écrit» (Benedicti, Somme de pechez, 3eédit., 1595, p.425 ds Fr. mod. t.6, p.173); 2. 1619 subst. «discussion, controverse par écrit» (D'Aubigné, Trag., préf. ds Gdf. Compl.). Empr. au gr.
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ς «qui concerne la guerre», «disposé à la guerre», «batailleur, querelleur». Fréq. abs. littér.: 351. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 463, b) 500; xxes.: a) 445, b) 561. Bbg. Gall. 1955, p.XVIII, pp.73-74. |