| POISSEUX, -EUSE, adj. A. − 1. Qui est collant, gluant, visqueux comme de la poix. On a vu les vaisseaux des ventricules, tantôt gonflés d'un sang vif et vermeil, tantôt farcis de matières noirâtres, poisseuses et délétères (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t.2, 1808, p.365).C'est une boue d'un brun jaunâtre, poisseuse, et qui colle tenacement à tout ce qu'elle touche (Genevoix,Boue, 1921, p.82).Les visiteurs suspects, les «bons amis», les protecteurs bedonnants qui lui bourrent les poches de bonbons poisseux (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1446). − P. métaph. Le silence est énorme et l'obscurité, à quelques pas, est si compacte, si coagulée, si poisseuse, que le soleil s'y éteindrait (Bloy,Femme pauvre, 1897, p.174). 2. [En parlant d'une pers.] L'inévitable Delaage, l'ubiquité faite homme et la banalité faite poignée de main, un homme pâteaux, poisseux, gluant, qui ressemblait à un glaire bienveillant (Goncourt,Journal, 1853, p.86). − Empl. subst. ♦ ,,Voyou`` (Rigaud, Dict. jargon paris., 1878). ♦ Jeune gandin (d'apr. Esn. 1966). B. − Sali par une matière semblable à de la poix. Au pli de son coude, dans la bourre de sa tunique, était collé, gros comme une noix d'une chose humide et molle. Il arracha ça et il le jeta dans la boue. Il toucha sa manche. Elle était toute poisseuse (Giono,Gd troupeau, 1931, p.165).D'un geste large, le bras tendu, avec une sorte d'air noble qui évoquait un acteur de province, il offrit à Mélanie le journal déplié et froissé, taché par ses doigts toujours poisseux d'on ne sait quoi, et toujours sales (Montherl.,Célibataires, 1934, p.739). − Au fig. Qui inspire du dégoût, de la répulsion. Toute la journée, il somnolait d'un vague à l'estomac; il fumait sans plaisir et bâillait. Il visita des gens et leurs conversations poisseuses l'écoeurèrent (Barrès,Barbares, 1888, p.172). REM. Poisseusement, adv.,rare. De façon poisseuse. Ces rêves ne durent pas, Berthome est là, poisseusement conjuguée à moi-même, pour me rappeler au présent (Arnoux,Roy. ombres, 1954, p.202). Prononc. et Orth.: [pwasø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. I. Adj. A. Fig. 1. 1575 «qui ressemble à de la poix, qui semble poisser» (A. Jamyn, OEuvres poétiques, II, XXXIX, Baizer, 39, éd. S.M. Carrington, t.2, p.88: Comme le Soleil dechasse Devant les rais de sa face Une poisseuse espesseur...); cf. 1901 humidité poisseuse (Barrès, Leurs fig., p.318); 2. a) 1853 homme pâteux, poisseux, gluant (Goncourt, loc. cit.); 1886 religion molasse et poisseuse (Bloy, Désesp., p.239); 1888 conversations poisseuses (Barrès, loc. cit.); b) 1884 voix poisseuse (A. Daudet, Sapho, p.202). B. 1577 «enduit de poix» poisseuse navire (A. Jamyn, op. cit., II, XXV, Ode, 4, t.2, p.63 [leçon de l'éd. princeps 1575: la sableuse navire]). II. Subst.1. 1878 «voyou» (Rigaud, loc. cit.); 2. 1882 «jeune gandin» (d'apr. Esn.); 1883 (Delvau Suppl.). Dér. de poix*; suff. -eux*. II 1 s'explique comme poissard «voleur», v. poissard1, il est aussi à rapprocher de I A 2 supra. II 2 est à rapprocher de gommeux* subst. Fréq. abs. littér.: 71. |