| PLUMITIF, subst. masc. A. − DR. ,,Registre tenu par le greffier pendant l'audience sur lequel il note les diverses phases de l'audience et l'essentiel des décisions`` (Barr. 1974). Monsieur Popinot avait mis la dernière signature nécessaire au bas du jugement de non-lieu (...) tout était fini! Le greffier emportait le plumitif (Balzac, Splend. et mis.,1847, p.490).Les minutes notariales et les plumitifs de juridictions (L'Hist. et ses méth.,1961, p.606). − P. anal. On a le détail des nombreuses assemblées qui se tinrent (...). J'en ai sous les yeux les récits manuscrits, les comptes rendus jour par jour, les incidents, les opinions, tout le plumitif (Sainte-Beuve, Port-Royal,t.2, 1842, p.530). B. − Gén. péj. Personne qui vit de sa plume. 1. Greffier, clerc de notaire, secrétaire, employé aux écritures. Synon. (péj.) bureaucrate; (péj. et fam.) gratte-papier, rond-de-cuir, scribouillard.Bourgogne, secrétaire du général Daumas, (...) pétillant d'esprit: «Moi, je suis un plumitif. On ne me demande que de l'exactitude et de la paresse!» (Goncourt, Journal,1856, p.258).Les employés du bureau de Nivard furent fort étonnés de voir leur chef de file enlever ses manches de lustrine (...). Delphin Nivard était un modèle d'assiduité, et sa conduite était tellement anormale qu'elle stupéfia tous les plumitifs de sa division (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p.106).Il distribuait gravement (...) le papier, les plumes, (...) les mille fournitures inutiles, dont aiment à s'entourer les plumitifs désoeuvrés des grandes administrations (A. Daudet, Trente ans Paris,1888, p.206). − Empl. adj. Qui se caractérise par des travaux d'écriture. On obtient le silence des clercs (...). Cette république plumitive ne franchit jamais les dix marches qui la séparent du patron (Gozlan, Notaire,1836, p.11).Au ministère de la Marine, où nos chefs, les commissaires, prennent au sérieux leurs galons d'officiers plumitifs pour nous traiter comme des gabiers (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Print., 1881, p.386).Ils s'amuseraient, les ancêtres, à regarder des gardiens ignobles (...) des conservateurs plumitifs et sordides (La Varende, Homme aux gants,1943, p.331). 2. Écrivain ou journaliste généralement médiocre, besogneux, peu scrupuleux. Cet homme [Flaubert] si féroce, qui parlait de pendre tous les journalistes, était ému aux larmes, dès que le dernier des plumitifs faisait sur lui un bout d'article (Zola, Romanc. natur.,Flaubert, 1881, p.159).Plumitifs dont la spécialité est de distribuer, dans les feuilles imprimées, des éloges aux gens médiocres (Huysmans, Art mod.,1883, p.296).Tout le monde sait ça, un plumitif c'est un écrivain, c'est quelqu'un qui tient une plume (Proust, Guermantes 1,1920, p.203): . Le nom de la place de l'est pourrait me séduire si je n'étais depuis longtemps dégoûté des écrivaillons; elle s'appelle de los Literarios, sans doute jadis encombrée de plumitifs vaniteux, comme ils le sont presque tous.
T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p.273. − Empl. adj. Qui se rapporte au métier d'écrire. Ma liberté pour le 1erseptembre. Vienne ce jour, et je ne regretterai ni mes nuits ni mes tortures, car jamais les recettes plumitives ne cadrent avec les dépenses (Balzac, Lettres Étr.,t.1, 1834, p.145). Prononc. et Orth.: [plymitif]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1589 plumetif «clerc» (Inventaire des meubles de Catherine de Médicis, éd. E. Bonnaffé, p.48); 1757 greffier (au) plumitif (Encyclop.); 1767 «homme de plume, commis de bureau, de greffe» (Voltaire, L'Ingénu, 13 ds Littré); 2. 1679 plumitif «registre» (Doc. concernant les pauvres de Rouen, éd. G. Panel, t.2, p.87). Altér. dans le lang. des clercs, prob. par croisement avec primitif* au sens de «original d'un écrit», de plumetis «brouillon d'un acte» (1539, Coutumes gén. et partic. de France et des Gaules, éd. 1635, t.2, p.352; var. plumetif, 1625, Variétés hist. et litt., éd. E. Fournier, t.1, p.35), dér. d'un anc. verbe plumeter «écrire au brouillon» (xvies. ds Gdf. et Hug.), lui-même dér. de plume1* (à écrire), cf. aussi plumeteur «petit écrivain, clergeau» (1549, Est.). Le sens mod. est dû à un rapprochement avec plume1* (à écrire). Fréq. abs. littér.: 30. |