| PLASTRONNER, verbe I. − Empl. trans. A. − Plastronner qqn (de qqc.) − Protéger quelqu'un par un plastron (v. ce mot A 1). (Dict. xixeet xxes.). ♦ Empl. pronom. réfl. Avant de s'aller battre en duel, il s'était plastronné (Ac.). ♦ Empl. part. passé et/ou adj. [Napoléon] avait peur, il était toujours plastronné (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.348).Circulant dans la vie, masqué, ganté, plastronné, du plastron de satin blanc des maîtres d'armes les jours de grand assaut (A. Daudet, Nabab, 1877, p.84). − Au fig., vieilli. Protéger. Cette république est plastronnée d'une royauté qui reçoit les coups et les empêche de porter sur le gouvernement même (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.51). B. − Vieilli, ESCR. Plastronner qqn.Toucher au plastron. Henriette (...) aussi satisfaite qu'un maître d'armes qui a plastronné son adversaire (Duranty, Malh. H. Gérard, 1860, p.229). − Au fig, vieilli. Attaquer verbalement, railler. Il le poussait à lire cette philippique, où les deux tiers des convives étaient plastronnés (Bloy, Désesp., 1886, p.286). II. − Empl. intrans. A. − ESCR., vieilli. S'exercer à tirer contre le maître d'armes, qui est protégé par un plastron. (Dict. xixeet xxes.). B. − [Gén. avec une valeur iron. ou dépréc.] Bomber le torse afin de se donner une attitude avantageuse. Synon. se rengorger.Non seulement l'oncle est petit, mais il a l'air embêté de l'être. Il se redresse, il a des talons trop hauts, il plastronne (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.216).Lui-même, en habit noir, plastronnait, bedonnait, rejetait en arrière sa tête de Christ pour bordels (Gide, Journal, 1930, p.1004). − P. méton., usuel, fam. Prendre une attitude avantageuse, un ton avantageux; affecter le courage, l'autorité. Synon. parader, poser, crâner (fam.).Un jeune coq, encore enroué de mue, plastronne «je suis d'âge à faire des gosses, moi!» (Colette, Jumelle, 1938, p.251).La puberté du paranoïaque est bruyante et rebelle. Il plastronne et provoque avec cynisme, il méprise comme des imbéciles ou des esclaves ceux qui ne partagent pas ses convictions (Mounier, Traité caract., 1946, p.555): . Darlan, visiblement lassé mais voulant, sans doute, raffermir son entourage, crut devoir plastronner devant mon envoyé. Il déclara qu'il avait les affaires en main, qu'à coup sûr s'imposait la nécessité de faire l'union des Français...
De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.6. REM. 1. Plastronnant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui plastronne (supra II B); qui prend ou qui marque une attitude avantageuse, un ton avantageux. Avoir un air plastronnant. Ils s'ornent de moustaches, de poitrines plastronnantes, de pendentifs (Giraudoux, Amphitr. 38, 1929, i, 5, p.52). 2. Plastronné, -ée, part. passé en empl. adj. a) [En parlant d'une pers.] Qui porte un plastron (v. ce mot B 1). Il y avait un monsieur rigidement plastronné, avec une grosse chose blanche à la boutonnière (Renard, Journal, 1891, p.77).b) [En parlant d'un vêtement] Qui comporte un plastron (v. ce mot B 1). Une redingote à brandebourgs, plastronnée d'un gilet blanc (Goncourt, Journal, 1865, p.177). Prononc. et Orth.: [plastʀ
ɔne], (il) plastronne [plastʀ
ɔn]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. 1611 «protéger, couvrir d'un plastron» ici, au part. passé (Cotgr.); 2. escr. a) 1860 trans. (Duranty, loc. cit.); b) 1869 intrans. (Littré); 3. 1897 au fig. «prendre une attitude avantageuse» (Barrès, Cahiers, t.1, p.141). Dér. de plastron*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 28. |