| PISTOLE, subst. fém. I. − ARM. Au xvieet au xviies., courte arme à feu portative employée principalement par les cavaliers. Il portait (...) les pistoles avec pierre à feu, premier essai du pistolet à pierre, auquel nos soldats préféraient encore, à tort, les armes à rouet et à mèche (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t.2, 1857, p.116). II. A. − 1. NUMISM. Monnaie d'or battue au xvieet au xviies. en Espagne et en Italie, de titre et de poids analogues à ceux du louis. Pistole d'or; pistole fausse, légère, rognée; demi, double-pistole. En 1679, il y avait une quantité considérable de pistoles espagnoles et de grands écus d'or en circulation (Shaw, Hist. monnaie,1896, p.130). − P. ext. Au xviiies., monnaie de compte exprimant une valeur fixe de dix livres. Appuyé d'une main sur la bête, il entama le marché (...) −quarante pistoles, hein? c'est pour rire (...) Voulez-vous trente pistoles? (...) −Non, trente-cinq. Du coup, tout sembla rompu (...). Les femmes le rejoignirent (...) trouvant, elles, que la vache valait les trois cent cinquante francs (Zola, Terre,1887, p.174). − Loc., vx. Être (tout) cousu de pistoles. ,,Être fort riche`` (Ac. 1798-1878). Rem. On utilise auj. cette métaph. dans être cousu d'or. 2. Vx. Régime de faveur dans une prison, obtenu moyennant finance; p.méton., quartier de prison où l'on bénéficie de ce régime. Être à la pistole; cellule de la pistole; chambre à la pistole. Leur dortoir, de même que leur coucher [des surveillants de la Conciergerie], ne diffère pas de celui dit de la pistole. Ce nom vient sans doute de ce que jadis les prisonniers donnaient une pistole par semaine pour ce logement (Balzac, Splend. et mis.,1846, p.375).Tout le monde sait ce que c'est qu'être à la pistole. Moyennant finances, on peut faire venir sa nourriture et sa boisson (...) du dehors (Verlaine, OEuvres compl.,t.4, Prisons, 1893, p.384). B. − P. anal. (de forme et de couleur). Pruneau dénoyauté, aplati et rond qui a été séché au soleil et dont la couleur est jaune dorée. Synon. pruneau* de Brignoles.Je mangeais avec excès des pistoles et des pommes tapées (A. France, Pt Pierre,1918, p.125). Prononc. et Orth.: [pistɔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1544 «petite arquebuse employée par la cavalerie» (Du Bellay, Mém., liv. 10, p.179 ds Gay); 2. a) 1619 «ancienne monnaie d'or battue en Espagne, en Italie» (D'Aubigné, Aventures du baron de Faeneste, III, 6 ds OEuvres compl., éd. E. Réaume et F. de Caussade, t.2, p.496); b) ca 1650 «monnaie de compte française valant dix livres» (La Rochefoucauld, Apologie de M. le prince de Marcillac ds OEuvres, éd. D. L. Gilbert et J. Gourdault, t.2, p.451); c) 1828-29 «quartier de prison où les détenus bénéficient d'un régime de faveur» (Vidocq, Mém., t.2, p.182); 1832 «régime de faveur dans une prison» (Raymond); 3. 1869 «pruneaux de Brignoles» (Littré]. Au sens 1, empr. à l'all. Pistole, lui-même empr. au tch. pís̆t'ala «sifflet, flûte», puis «espèce d'arme portative» (FEW t.16, pp.624-626). Fréq. abs. littér.: 158. Bbg. Behrens D. 1923, p.49. _Colomb. 1952/53, p.120, 442-443. _Darm. Vie 1932, p.157. _Jänicke (O.). Zu den slavischen Elementen im Frz. Mél. Wartburg (W. von) t.2, 1968, p.441. _Quem. DDL t.2. _Wind 1928, p.131. |