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PIROGUE, subst. fém.
A. − Embarcation primitive légère, longue et étroite, souvent faite d'un seul tronc d'arbre creusé, mue à la voile ou à la pagaie. Pirogue double, monoxyle. Les pirogues étaient à balancier; chacune avait de trois à cinq hommes; les moyennes pouvaient avoir vingt-quatre pieds de longueur, un pied seulement de largeur, et à peu près autant de profondeur (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.113).Il vient de remonter le chenal à la pagaie et de traverser le lac dans une petite pirogue à voile triangulaire (Cendrars, Or, 1925, p.79):
. Les pirogues en écorce sont si légères qu'on peut aisément les porter lorsqu'on rencontre des cataractes. Le modèle canadien qu'on trouve au nord du lac Supérieur est typique. Son armature en bois de cèdre, longue de 5 mètres et pourvue de cinq bancs de nage, est recouverte d'écorce de bouleau, cousue avec des racines de sapin et enduite de poix. Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.180.
B. − P. anal., MAR., vx. Embarcation primitive légère d'Afrique, d'Océanie, d'Amérique du Sud ou de Sibérie, longue et étroite, employée par les baleiniers pour approcher l'animal (d'apr. Gruss 1978). Synon. baleinière.L'un des hommes placés en vigie à la tête du mât signale une baleine: vite, vite, armez les embarcations! et les rapides pirogues toujours prêtes sur les côtes du navire sont mises à la mer (Bellot, Voy. mers polaires, 1863, p.47).Les baleiniers, armant leurs pirogues de pêche, Sont moins prompts à lancer leur barque au flot mouvant (...) Qu'un pédant n'est rapide à défaire un esprit (Hugo, Âne, 1880, p.304).
Prononc. et Orth.: [piʀ ɔg]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1638 (Gazette de France, p.90 ds Arv., p.414). Empr. au caraïbe piraugue «id.», forme secondaire de piragua, en usage dans la lang. des Caraïbes du continent (v. Arv., p.414). Ce dernier a été empr. par l'esp. piragua «id.» (1535, Fr. Oviedo, Historia general y natural de las Indias, I, 171 ds Fried.: usan estas canoas tan grandes o mayores, como lo que he dicho, é llamanlas los caribes piraguas), empr. à son tour par le fr., cf. Poleur, qui dans sa trad. d'Oviedo parue en 1555, donne le mot sous sa forme esp.piragua (Hist. nat. et gén. des Indes, fo89b ds König) et, comme adaptation fr., sous la forme pirague (ibid., fo36 rods Arv.). Fréq. abs. littér.: 408. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1171, b) 539; xxes.: a) 148, b) 357.
DÉR.
Piroguier, subst. masc.Celui qui manoeuvre une pirogue. Ces piroguiers sont de grands hercules maigres admirables de formes et de muscles, avec des faces de gorilles (Loti, Spahi, 1881, p.5).Le griot chantait sur un ton de mélopée la chanson des piroguiers (Tharaud, Randonnée Samba Diouf, 1922, p.95).Tam-tam sur le fond bleu du fleuve. Femmes en noir et bleu, très belles. Noirs groupés hiérarchiquement: les pêcheurs et piroguiers bozos qui ont le monopole des industries fluviales, les cultivateurs bambaras, les bergers peulhs (Morand, Paris-Tombouctou, 1929, p.87).− [piʀ ɔgje]. − 1reattest. 1845 (Annales maritimes et coloniales, t.91bis, p.109 ds Quem. DDL t.18); de pirogue, suff. -ier*.
BBG. −Kemna 1901, pp.232-233.