| PIPEAU, subst. masc. A. − MUSIQUE 1. Littér. Flûte champêtre à six trous en bois ou en roseau, symbole de la poésie pastorale. Synon. chalumeau, flageolet, flûte* de Pan, galoubet (région.), sifflet* de chevrier.Pipeau de berger, de pâtre; danser au son du pipeau, des pipeaux. La voix très douce, d'un charme aigrelet de pipeau champêtre (Zola, Argent,1891, p.156).Tu fais mal à mon coeur. Voici que mon pipeau Pleure sur le départ des célestes troupeaux (Jammes, Géorgiques,Chant 5, 1912, p.18): . Le troisième satyre, assis sur un coupeau,
De sa bouche approcha son rustique pipeau,
Fit tant jouer ses doigts qu'il en sortit un son
Et menu et enflé, frénétique et plaisant
Moréas, Sylves,1896, p.197. 2. Flûte à bec rudimentaire en bois ou en matière plastique, munie de huit trous (d'apr. Mus. 1976). Jouer du pipeau. B. − CHASSE 1. a) Appeau servant à attirer les oiseaux en imitant leurs différents cris. Pipeaux de chasse. Hubert, quand il fut bien caché, commença d'appeler le canard. Il employait à cet effet deux pipeaux: l'un d'appel, l'autre de réponse. Le voilier lointain entendait; il entendait cette réponse: le canard est si bête qu'il la croyait de lui (Gide, Paludes,1895, p.135). b) Au plur. Pièges à petits oiseaux faits de menus branchages enduits de glu. Synon. gluaux.Chasser aux pipeaux, disposer des pipeaux (Ac.1835, 1878).Elle s'affolait, comme un oiseau pris aux pipeaux (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p.1017). 2. Au fig., fam., vieilli. Artifice servant à tromper quelqu'un. Se laisser prendre aux pipeaux de qqn. J'ai évité ses pipeaux (Ac.1835-1935).Le président Wilson ou les pipeaux neufs: Mil neuf cent dix-sept: la guerre militaire se traîne. La stratégie se réduit à des bousculades formidables (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p.80). Prononc. et Orth.: [pipo]. Homon. pipo. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1559 pipeau «flûte» (Ronsard, Chant pastoral ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.9, p.99, 460); 1568 pippeau «appeau» (Garnier, Porcie, éd. W. Foerster, II, vers 335, p.26); 1771 (Trév.: Pipeau. Petit bâton fendu par un des bouts [...] et qui sert à contrefaire le cri de plusieurs oiseaux, à les attirer dans un arbre dont les branches sont remplies de gluaux où ils se prennent); 1798 subst. masc. plur. (Ac.: Pipeaux. Les petites branches, ou brins de paille qu'on enduit de glu pour prendre les petits oiseaux). Dér. de pipe* A; suff. -eau*. Cf. l'a. fr. pipet «flûte» 1remoit. xiiies. (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XXI, 15) −1611, Cotgr.; pipeau est att. en m. fr. au sens de «goulot» 1537 (Compt. d'Agnes Roussel, Arch. Tournai ds Gdf.: pippeau). Fréq. abs. littér.: 58. Bbg. Brücker (F.). Die Blasinstrumente in der altfranzösischen Literatur. Giessen, 1926, p.29. |