| PION1, subst. masc. A. − JEUX DE SOCIÉTÉ 1. JEU D'ÉCHECS. Chacune des petites pièces du jeu, à l'exception des figures. Pions blancs, noirs; pion coiffé*; pion du roi, de la reine, de la tour; damer un pion (v. damer1A 1); avancer, déplacer, pousser un pion sur l'échiquier; prendre un pion à l'adversaire. Sur l'échiquier, vous déplacez les fous, les reines, les pions (Daniel-Rops,Mort, 1934, p.335).Les parties d'échecs (...) où l'on fait avantage au joueur le plus faible d'un pion, d'un cavalier, d'une tour (Jeux et sports, 1967, p.159).V. échec1ex. 2, échiquier A 1 ex. de Claudel: 1. Une petite table, dressée devant lui, supportait un échiquier et un livre ouvert qu'il consultait tout en manoeuvrant les pions et les changeant de cases...
Bourget,Actes suivent, 1926, p.147. 2. JEU DE DAMES (et divers jeux de société comme le jacquet). Chacune des pièces du jeu, que le joueur doit déplacer sur un damier. Synon. dame (v. dame1I B 2 a α).Rangée de pions; pion qui va à dame; pion coiffé*; damer un pion (v. damer1A 2). Un jeu d'dames en papier avec des pions en espèce de pain à cacheter (Barbusse,Feu, 1916, p.190).Les tables sont le jeu de trictrac, avec des dés et des pions: elles introduisent déjà le hasard (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p.205): 2. ... en se remettant à considérer sa partie de dames du haut de ses lunettes (...) il poussa un pion en disant: «Vous permettez? Ce coup m'est dû. Je ne veux pas le perdre.»
G. Leroux,Roul. tsar, 1912, p.129. B. − Loc. verb. fig., fam. ♦ Damer le pion à qqn. V. damer1B. ♦ (N')être (qu')un pion (sur l'échiquier). Être manoeuvré, manipulé. Il m'a fallu du temps pour comprendre que le progrès ne va pas vite, et que c'est déjà beaucoup demander si l'on prétend à être autre chose qu'un pion sur l'échiquier de nos Messieurs (Alain,Propos, 1929, p.848). ♦ Pousser un pion (sur l'échiquier). Obtenir un avantage sur un adversaire; manipuler quelqu'un dans un sens qui vous est favorable. Les nEP [non-émotifs primaires] (...) n'immolent pas leurs victimes, comme les précédents, à quelque vue de longue portée, mais à un échiquier d'intrigues au jour le jour dont la ruse et la duplicité poussent les pions (Mounier,Traité caract., 1946, p.493).V. échiquier ex. 3. Prononc. et Orth.: [pjɔ
̃]. Homon. et homogr. pion2, 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin du xiies. poon «la plus petite pièce du jeu d'échecs» (Raoul de Cambrai, 1588 ds T.-L., s.v. pëon); ca 1380 pëon (Jean Lefèvre, trad. La Vieille, 77, ibid.); 1remoit. du xves. pion (Charles d'Orléans, Ballade, LVIII, 14 ds Poésies, éd. P. Champion, t.1, p.83); 2. a) 1661 fig. donner le pion à qqn «l'emporter sur quelqu'un» (Chapelain, Lettre du 25 avr. ds Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.2, p.132; v. aussi le commentaire ds Hunter 1967); 1688 damer le pion «id.», v. damer1; b) 1689 «chacune des pièces au jeu de dames» (La Bruyère, Les Caractères ds OEuvres, éd. G. Servois, t.2, p.237, § 64). De pion2*, en raison de la lenteur avec laquelle se déplace cette figure du jeu d'échecs, comparativement aux autres. DÉR. Pionner, verbe intrans.,jeux de dames et d'échecs. [Le suj. désigne un joueur] Prendre beaucoup de pions, prendre trop souvent des pions; perdre des pions pour en prendre d'autres de même valeur. (Dict. xixeet xxes.). − [pjɔne], (il) pionne [pjɔn]. Att. ds Ac. dep. 1798. − 1resattest. 1798 jeu d'échecs (Ac.), 1834 jeu de dames (Boiste); de pion1, dés. -er. BBG. −Van der Stoep (A.). A History of draughts. Rockanje, 1984, p.64. |