| PIAULER, verbe intrans. A. − 1. [Le suj. désigne un oiseau, en partic. un poussin] Pousser de petits cris aigus et répétés. Synon. piailler.Des petits poulets viennent de naître et piaulent au coin du feu (E. de Guérin, Journal, 1838, p.192).Dans les bosquets j'entends piauler les pintades (Jammes, Clairières, 1906, p.118).Il n'était nul besoin de prêter attentivement l'oreille pour entendre une fauvette babillarde ramager au plus haut du chêne (...), des vanneaux piauler sur l'étang (Genevoix, Routes avent., 1958, p.76). 2. [Le suj. désigne un autre animal] Pousser des cris aigus et plaintifs. Il y avait un chacal qui piaulait derrière la seconde pyramide (Flaub., Corresp., 1850, p.154).C'est le chien qui commence à souffrir, on lui écrase la patte d'un grand coup de talon. (...) On rigole bien à le voir disparaître en piaulant sous le lit comme un éventré (Céline, Voyage, 1932, p.330). B. − P. anal. 1. Fam. [Le suj. désigne une pers.] a) [Le suj. désigne le plus souvent un jeune enfant] Pleurer en poussant des cris plaintifs, pleurnicher. Synon. piailler.Cet enfant ne fait que piauler (Ac.).Quel beau rôle Que celui d'un nigaud qui gémit et qui piaule (Pommier, Crâneries, 1842, p.161).Au logis, il y a des petits qui piaulent avec des voix de chacal en détresse; des enfants hâves qui crient le froid ou la faim (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.361).V. melon C 2 ex. de Du Camp. b) Parler, crier ou chanter d'une voix aiguë. Synon. glapir, piailler.Les femmes s'excitaient et piaulaient en agitant leurs ombrelles rouges (L. Daudet, Entre-deux-guerres, 1915, p.53).Ce vigoureux proverbe me hantait, ce dimanche tandis (...) que piaulaient les enfants de Marie entraînées par soeur Sainte-Hélène qui dactylographiait sur un harmonium essouflé (H. Bazin, Huile sur feu, 1954, p.225). − Empl. trans. Une école de gamins (...) piaulant traînardement des litanies vers les acacias en boule de la Promenade (Laforgue, Moral. légend., 1887, p.93). ♦ [En incise] Xavière! piaule une dernière fois mon oncle hors d'haleine (Fabre, Xavière, 1890, p.249).Le boucher va vous entendre (...). −Je l'enquiquine! piaula Fanny (Colette, Seconde, 1929, p.88). 2. [Le suj. désigne un inanimé; en partic. un instrument de musique] Produire un son aigu. Ce fut d'abord un long charivari de basses ronflant, de violons grinçant, de pistons trompettant, de flûtes et de flageolets qui piaulaient (Flaub., MmeBovary, t.2, 1857, p.65).Les balles inutiles piaulaient, striaient la nuit (Arnoux, Roi, 1956, p.93). REM. 1. Piaulant, -ante, part. prés. en empl. adj.a) [En parlant d'un oiseau, en partic. d'un poussin] Qui piaule. Des oiseaux piaulants (Rob. Suppl. 1970). P. ext. [En parlant d'un autre animal] Qui pousse des cris aigus et plaintifs. Il laissa le corps saignant au milieu des nouveau-nés [des chiots], piaulants et lourds, qui cherchaient déjà les mamelles (Maupass., Contes et nouv., t.2, Saut, 1882, p.11).b) P. anal. [En parlant d'un inanimé, en partic. d'un instrument de musique] Qui grince, ou qui siffle, qui produit un son aigu. La flûte, tout à la fois sucrée et poivrée, piaulante et douce (Huysmans, À rebours, 1884, p.63).Moutonnante, peineuse, résignée, la horde des soldats descend la sape (...) au bruit (...) quelquefois d'une balle piaulante qui s'acharne (Genevoix, Éparges, 1923, p.129). 2. Piaulis, subst. masc.,fam. rare. Ramage (des oiseaux). Les oisillons, par grand'bandes, voletaient devant François de branche en branche, et le piaulis qu'ils faisaient lui réjouissait l'esprit (Sand, F. le Champi, 1848, p.187).Des oiseaux faisaient tout un piaulis dans les sorbiers (Pourrat, Gaspard, 1922, p.175). 3. Pigner, verbe intrans.,région. (Ouest et Centre). Pleurer, pleurnicher. Prêt à pigner comme un enfant qui perd ses jouets (H. Bazin, Huile sur feu, 1954, p.305).Elle pignait de toutes ses larmes (La Varende, Coeur pensif, 1957, p.224). 4. Piotter, verbe intrans.,synon. (supra A 1).(Dict.xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [pjole], (il) piaule [pjo:l]. Ac. 1762-1878: piauler, pioler; 1935: piauler. Étymol. et Hist.1. 1552 pieuler ou pioller «pousser de petits cris aigus» [en parlant de petits poussins]» (Est., s.v. pipio, pipis); 2. id. pioller «gémir, se plaindre [en parlant d'une personne]» (Rabelais, Quart livre, XIX, éd. R. Marichal, p.109, 80). Dér. du rad. onomat. pi- évoquant un bruit aigu avec prolongement de l'élém. vocalique par une seconde voyelle: o, et fermeture de la syll. par la cons. l; dés. -er; FEW t.8, p.419 a; cf. piailler. Fréq. abs. littér.: 54. Bbg. De Charencey. Étymol. fr. B. Soc. Ling. 1906-1908, t.14, p.clxcvj. |