| PHYLACTÈRE, subst. masc. A. − RELIG. ET CROYANCES 1. ANTIQ. GRÉCO-ROMAINE. Amulette, talisman que l'on portait sur soi. P. ext. Parfois, répliqua Sigognac, tous les enchantements sont vains et l'ennemi pénètre en la place malgré les phylactères, les tétragrammes et les abracadabras (Gautier, Fracasse,1863, p.283). 2. LITURG. CHRÉT. ANC. Châsse renfermant des reliques d'un saint. [Il] campa entre les flambeaux, des phylactères de vermeil et de bronze doré et des novices allumèrent, pour honorer et pour signaler aux fidèles la présence des reliques (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p.250). 3. RELIG. JUIVE. Boîte cubique en cuir contenant quatre versets de la Bible inscrits sur des rouleaux de parchemin, que les Juifs s'attachent au bras et au front pendant la prière du matin. C'est encore la consécration qui explique le grand nombre des rites jalonnant la vie juive. Les principaux sont des symboles extérieurs: le vêtement à franges (...), les «phylactères» (tefillin) et le signe figurant sur le linteau de la porte (I. Epstein, Le Judaïsme, trad. par L. Jospin, 1959, p.151).La manière dont, dans le Paris de nos jours, un Juif pieux, retranché et solitaire dans quelque logis de la périphérie anonyme de la capitale, fixe le matin les courroies de ses phylactères sur son bras, est exactement la même que celle des contemporains de Jésus, en Judée et en Galilée, il y a près de deux millénaires (A. Mandel, La Voie du hassidisme, 1963, p.46). B. − HIST. DE L'ART. Banderole, aux extrémités enroulées, portant les paroles prononcées par un personnage ou la légende du sujet représenté, surtout utilisée par les artistes du Moyen Âge et de la Renaissance. On lit de l'écriture du peintre, au bas du dessin: Louis XV donne la paix à l'Europe (...) et sur un phylactère déployé par un amour dans le dessin: La paix de 1748 (E. de Goncourt, Mais. artiste, t.1, 1881, p.67).Presque toutes les compositions emblématiques présentent, en dehors d'un sujet sculpté en bas-relief, une inscription gravée sur un phylactère. Mais, tandis que l'image se rapporte directement au côté pratique de la science, l'épigraphe offre surtout un sens moral ou philosophique (Fulcanelli, Demeures philosophales, t.2, 1929, p.17). − P. ext. Synon. de bulle1(dans une bande dessinée).À l'aide d'une feuille de calque reproduisez cette bulle et résumez en quatre phylactères semblables votre dernière leçon de français (Le Point, 9 oct. 1972ds Gilb. 1980). Prononc. et Orth.: [filaktε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1160-74 «châsse renfermant des reliques de saint» filatieres (Wace, Chronique ascendante des ducs de Normandie, éd. A. J. Holden, 862); b) 1598 «talisman, amulette» phylactere (G. Bouchet, 33eSeree ds Hug.); 2. a) ca 1200 relig. juive filatire (Eine Altfranzösische Bearbeitung Biblischer Stoffe, éd. H. Andresen, p.39, 72 vo); b) 1861 «petite banderolle qui, dans une oeuvre d'art du Moyen Âge et de la Renaissance, porte une inscription» (Goncourt, Journal, p.936). Empr. au lat. tardif et chrét. phylacterium «amulette, préservatif (des païens); châsse, reliquaire» et «fragment de parchemin sur lequel étaient inscrits des versets de la Bible et que portaient au front et au bras les Juifs pendant la prière», empr. au gr. φ
υ
λ
α
κ
τ
η
́
ρ
ι
ο
ν «lieu pour garder; sauvegarde; ce qui sert à garder, talisman, amulette» qui a pris dans le Nouveau Testament le sens de «pancarte que les Juifs portaient autour du cou et où étaient inscrits des versets de la loi mosaïque», calque de l'hébr. thephîlîn, dér. de φ
υ
λ
α
́
σ
σ
ω «veiller, protéger». |