| PHILOSOPHE, subst. I. A. − [Corresp. à philosophie1I A] 1. HIST. ou vieilli a) ANTIQ. et jusqu'au xixes. Personne qui étudie rationnellement la nature; personne qui cherche la vérité et cultive la sagesse. Synon. sage, savant.Les anciens philosophes ayant observé le pouvoir de la chaleur, avoient remarqué l'extrême fécondité que les différentes parties de la surface du globe en reçoivent de toutes parts, à mesure qu'elle y est plus abondamment répandue (Lamarck, Philos. zool.,t.2, 1809, p.62).Si l'on se souvient que Thalès, le premier physicien et le premier philosophe, disait que tout est né de l'humide, et, en même temps, que tout est plein de dieux, on comprendra (...) la vénération avec laquelle le Grec devinait les forces infinies de la nature vivante sous les images de ses dieux (Taine, Philos. art,t.2, 1865, p.208): 1. Certes, le philosophe fut pendant longtemps celui qui possédait la science universelle; et aujourd'hui même que la multiplicité des sciences particulières, la diversité et la complexité des méthodes, la masse énorme des faits recueillis rendent impossible l'accumulation de toutes les connaissances humaines dans un seul esprit, le philosophe reste l'homme de la science universelle, en ce sens que, s'il ne peut plus tout savoir, il n'y a rien qu'il ne doive s'être mis en état d'apprendre.
Bergson, La Pensée et le mouvant,Paris, P.U.F., 1963 [1934], p.1359. b) En partic.
α) Gén. au plur. Synon. de alchimiste.Émeraude, mercure, pierre, plomb, soufre des philosophes. Les Philosophes parlent souvent de la chambre nuptiale [symbole de l'oeuf philosophal] dans laquelle le Roi et la Reine sont enfermés pour leurs noces (F. Bardeau, Les Clefs secrètes de la chim. des Anciens,Paris, R. Laffont, 1975, p.184). − Rare. Philosophe chimique, hermétique. Les philosophes hermétiques ont découvert (...) que les métaux sont des corps composés et que leur composition est identique. Ils varient donc simplement entre eux, suivant les différentes proportions des éléments qui les combinent; on peut, dès lors, à l'aide d'un agent qui déplacerait ces proportions, changer les corps, les uns en les autres, transmuer, par exemple, le mercure en argent et le plomb en or (Huysmans, Là-bas,t.1, 1891, p.126).L'or de nos Philosophes chymistes est bien le Vulgaire, mais amendé par la bonne nature (...). Les métaux philosophiques sont, en effet, des métaux purs et non plus vulgaires (E. D'Hoogvorst, Réflexions sur l'or des alchimistesds Question de, janv. 1983, p.102).
β) Personne qui se dirige d'après la seule raison et adopte une attitude irréligieuse. Qu'est-ce qu'un philosophe? C'est un homme qui oppose la nature à la loi, la raison à l'usage, sa conscience à l'opinion, et son jugement à l'erreur (Chamfort, Max. et pens.,1794, p.22).De l'homme qui doute à celui qui renie, il n'y a guère de distance. Tout philosophe est cousin d'un athée (Musset, Confess. enf. s.,1836, p.274): 2. Sans être le moins du monde ce qu'on appelle voltairien, ou philosophe, ou incrédule, respectueux au contraire, par instinct, pour l'Église établie, il ne la connaissait que comme un fragment auguste de l'ensemble social...
Hugo, Misér.,t.2, 1862, p.583. − Gén. au plur. Personne qui, au xviiies., pratiquait le libre examen (v. examen B 1 b) à l'égard notamment des dogmes de la religion catholique, qui refusait la révélation et assimilait parfois la religion à une superstition. Synon. libertin, libre-penseur.Le philosophe sait que la multiplicité des religions prouve qu'il n'y a pas eu de révélation, que la religion n'est qu'une passion humaine, fille de l'admiration, de la crainte et de l'espérance (Adam, Le Mouvement philos. dans la première moit. du XVIIIes.,Paris, S.E.D.E.S., 1967, p.244).V. autorité ex. 20, inspiré II A 1 ex. de Guéhenno: 3. ... s'il faut, pour être philosophe, applaudir aux progrès des lumières, honorer les sciences, aimer les lettres et les arts, désirer le bonheur des hommes, idolâtrer la patrie, je suis philosophe.
Chateaubr., Martyrs,t.1, 1810, p.115. − En appos. Grimm, ce courtier de tous les souverains philosophes du dix-huitième siècle (L. Blanc, Organ. trav.,1845, p.193).Ceux qui, sous le XVIIIesiècle «philosophe», maintiennent la chaîne secrète d'initiés, par où l'irrationalisme mystique rejoint le romantisme naissant (Béguin, Âme romant.,1939, p.10). 2. Courant a) Personne qui recherche les raisons des choses et en particulier leurs raisons dernières, personne qui réfléchit sur le sens de la vie humaine; en partic., penseur qui édifie une théorie philosophique originale. J'estime «philosophe» tout homme, de quelque degré qu'il soit, qui essaie de temps à autre de se donner une vue d'ensemble, une vision ordonnée de tout ce qu'il sait, et surtout de ce qu'il sait par expérience directe, intérieure ou extérieure (Valéry, Entret.[avec F. Lefèvre], 1926, p.78).C'est seulement à travers la raison, dans la raison par où nous communions tous, que les philosophes nous font regarder l'humanité pour nous montrer l'éminente dignité de la personne humaine, le droit de tous au respect (Bergson, Deux sources,1932, p.28).Les philosophes «professionnels» apprendront sans doute à évaluer la portée de l'oeuvre de Châtelet, qui n'a jamais été un «maître penseur» mais a enseigné à des générations d'étudiants à penser (Libération,27 déc. 1985, p.20, col. 5).V. abstraction ex. 3, concept B 1 ex. de Bergson: 4. C'est proprement le travail du philosophe de rechercher des lois de cette sorte [loi commune qui gouverne tous les cas], et d'élaborer des formules de cette espèce. À les poursuivre, son imagination entre en branle. Cette formule, en effet, vous paraît morte à vous, qui ne vous remuez point parmi les abstractions comme parmi des êtres. Pour le philosophe, elle est vivante.
Bourget, Essais psychol.,1883, p.156. − [Avec adj. ou compl. déterminatif] ♦ [indiquant l'école, l'époque, le pays, la culture à laquelle ou auquel appartient un philosophe] Philosophe chrétien, classique, cynique, postkantien, pyrrhonien, stoïcien. V. clairvoyant ex., ésotérisme A ex. de Miomandre, existentiel ex., idéaliste I A ex. de Proust.En partic., le plus souvent au plur. Nouveaux philosophes. Jeunes philosophes antimarxistes (v. nouvelle philosophie, s.v. philosophie1I A 2 b α). Les «nouveaux philosophes» ont agacé beaucoup de monde à la fois par l'allégresse avec laquelle ils envoient valser les vieilles potiches idéologiques et par leur art d'utiliser les mass media (Le Point,18 juill. 1977, p.85, col. 2): 5. Les «nouveaux philosophes», puisque c'est ainsi qu'on les appelle, ont été mal entendus, mal reçus et mal lus: comment en irait-il autrement dans cette gauche somnambule et vaguement hébétée, qui en est encore à ressasser d'obscurs débats sur la réforme et la révolution, −et dont l'horizon théorique ne dépasse pas les polémiques rances de Lénine et Hilferding.
B.-H. Lévy, La Barbarie à visage humain,Paris, Grasset, 1977, p.210. ♦ [indiquant l'ordre de la connaissance qu'il étudie] Philosophe des sciences; philosophe politique. Pour le philosophe de l'histoire et à condition de tenir un compte suffisant de la durée, le totalitarisme fasciste ou raciste, dans ses divers types apparaît comme une fatalité historique attirant en réalité le communisme ou des infortunes historiques de mêmes dimensions (Maritain, Human. intégr.,1936, p.299).V. homogène A ex. de Ruyer. ♦ [indiquant la perspective ou le fondement de sa recherche] Philosophe de l'action, de l'engagement. Il est une tentation contre laquelle peu de philosophes de la volonté se sont gardés: celle de tirer une théorie de la connaissance d'une réflexion sur l'action, de dériver le voir du faire (Ricoeur, Philos. volonté,1949, p.313).V. charnel ex. 3: 6. À tort ou à raison, les philosophes de l'analyse ne considèrent pas seulement qu'il [le langage] est un objet philosophique important, on les voit soutenir qu'il a par sa logique −celle de la langue commune comme celle des langues artificielles −une incidence déterminante sur tous les problèmes philosophiques.
Fr. Jacques, Av.-pr.ds R. de Métaphys. et de Mor., 1979, no2 (La Philos. analytique), p.150. − Au fém., rare. Au culte de Reid elle associait celui de Kant, qui pour elle avait fait découler la liberté, l'homme-dieu, du beau principe désintéressé qui est pour lui comme l'honneur de l'humanité et la clef de voûte de sa philosophie: le devoir. Madame Gervaisais était donc une philosophe; mais une philosophe qui était restée tout entière une femme (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p.45). − Empl. adj. ♦ [En parlant d'une pers.] Les penseurs du Moyen Âge ont été si philosophes qu'ils en ont compromis l'essence du christianisme (Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p.213). ♦ [En parlant d'une chose] L'art de la scène appartient trop à l'action pour ne pas troubler le recueillement du poëte; outre cela, c'est l'art le plus étroit qui existe; déjà trop borné pour les développements philosophes à cause de l'impatience d'une assemblée et du temps qu'elle ne veut pas dépasser, il est encore resserré par des entraves de tout genre (Vigny, Lettre Lord***,1829, p.265). − En appos. [Séparé ou non par un tiret] Cournot, ce mathématicien philosophe, ce grand théoricien du hasard, cet investigateur des probabilités (L. Febvre, Esprit européen et philos.,[1948] ds Combats, 1953, p.294). ♦ Romancier, poète philosophe. Romancier, poète dont l'oeuvre contient une vision du monde. Il a été lié d'amitié avec le poète-philosophe Coleridge qui vient de mourir (Michelet, Chemins Europe,1874, p.6).Les grands romanciers sont des romanciers philosophes, c'est-à-dire le contraire d'écrivains à thèse. Ainsi Balzac, Sade, Melville, Stendhal, Dostoïevsky, Proust, Malraux, Kafka, pour n'en citer que quelques-uns (Camus, Sisyphe,1942, p.138). − Péj. Écrivain-penseur plus imaginatif que raisonneur. Mes jeunes amis, méfiez-vous des poëtes, et des philosophes qui, comme eux, raisonnent d'après leur imagination, et non d'après les faits (Destutt de Tr., Idéol. 1,1801, 307): 7. Lorsqu'on a exclu de ses conditions d'existence la solitude et le commerce humain, le respect et la révolte, la colère et l'acceptation, le conformisme et l'indignation, la ruse et la franchise, alors seulement on peut croire qu'un philosophe est une tête sans corps, un être aussi pur, aussi éloigné du remue-ménage terrestre que le moulage blanc de son masque mortuaire.
Nizan, Chiens garde,1932, p.34. − P. méton. Lire les philosophes. Ce mot que j'ai lu dans je ne sais plus quel philosophe: «Le diabolique, c'est le soudain.» (Gracq, Beau tén.,1945, p.126). b) Élève d'une classe terminale de philosophie ou (vieilli) de la classe suivant celle de rhétorique, ou étudiant(e) en philosophie. Cette prière était à l'usage d'écoliers (dont plusieurs cependant étaient des rhétoriciens et des «philosophes») (Verlaine, OEuvres compl.,t.5, Confess., 1895, p.48).Au lycée, (...) dans la cour des grands, où circulaient, isolés et prestigieux, les philosophes (Malègue, Augustin,t.1, 1933, p.107).Il y a longtemps, on parlait de nous marier ensemble si je réussissais à l'X. Mais il me semble qu'il ne doit pas être drôle tous les jours d'être marié à une philosophe, ajoutai-je en riant (Abellio, Pacifiques,1946, p.62). − En appos. La misère disparaît devant les idées de la misère. La vie devant les idées de la vie. Ce n'est pas vainement que le jury d'agrégation ne pose aux candidats philosophes que des questions sur des idées (Nizan, Chiens garde,1932p.124).J'avais lu dans une revue un article sur une femme philosophe qui s'appelait Mademoiselle Zanta: elle avait passé son doctorat (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p.160). c) Professeur de philosophie de l'enseignement secondaire ou supérieur. À son cours de Sorbonne, dans l'amphithéâtre Gerson, le philosophe R... étudiait l'expérience religieuse (Malègue, Augustin,t.1, 1933p.270). B. − [Corresp. à philosophie1I B] 1. Personne qui, connaissant la vie et les choses à leur juste valeur, acquiert une attitude de sérénité, le goût de la simplicité, ce qui peut parfois être perçu défavorablement par autrui qui n'y voit que résignation, manque d'ambition ou insouciance. Synon. sage.En voyant son parc entouré de murs infranchissables, elle ne craignit point d'être troublée dans ses jouissances immédiates, et ne souhaitait pas autre chose que la paix, en vraie philosophe qu'elle fut (Balzac, Paysans,1844, p.107).L'âge était venu, cette neige du coeur qui avait éteint sa flamme et calmé sa voix. L'expérience d'un sage, la modération du philosophe se lisaient sur son front (Flaub., Champs et grèves,1848, p.259).J'ai toujours été un solitaire, un rêveur, une sorte de philosophe isolé, bienveillant, content de peu, sans aigreur contre les hommes et sans rancune contre le ciel (Maupass., Contes et nouv.,t.2, Qui sait? 1890, p.1186): 8. D'où vient que cette vision [épicurienne de la vie], certes désaliénante, mais finalement dépourvue de toute espérance, se soit dégradée en cette apologie souriante qu'on connaît, de ce qu'il est convenu d'appeler la bonne vie? −Pour la même raison, sans doute que le philosophe a fini par signifier père tranquille...
L. Jerphagnon, Dict. des grandes philos.,Toulouse, Privat, 1973, p.103, s.v. épicurisme. − Empl. adj., cour. [En parlant d'une pers., de son expression, de son tempérament] Synon. résigné, serein.Toutes ces suppositions flatteuses, qui auraient agité profondément une âme moins philosophe que la mienne, ne troublaient pas ma sérénité (About, Roi mont.,1857, p.174).Les griots sont les gens du monde les plus philosophes et les plus paresseux; ils mènent la vie errante et ne se soucient jamais du lendemain (Loti, Spahi,1881, p.156).Après tout, dit Fanny sur un ton philosophe, c'est un peu ça dans toutes les familles, on n'en est pas responsable (...) moi, j'ai mon père Legrand; toi, tu as ton oncle Césaire (A. Daudet, Sapho,1884, p.119): 9. ... c'est d'un hochement de tête philosophe, sans haine, que, prêt à repartir pour la guerre, il disait en voyant se bousculer les embusqués retenant leurs tables: «On ne dirait pas que c'est la guerre ici.»
Proust, Temps retr.,1922, p.735. ♦ P. anal. [En parlant d'un animal] Plus haut, dans les lieux secs, s'étendent des greniers où le rat philosophe, sur un bon tas de blé, prend la saison en patience (Michelet, Oiseau,1856, p.172). 2. Personne qui sait garder son calme en toute circonstance: 10. −C'est un temps à couper un morutier en deux ou à se casser le nez sur un iceberg. Son voisin le plus proche lui avait répondu: −Il faut s'attendre à ça plutôt qu'à gagner le million. Puis, philosophe, il avait ajouté: −Bah! On passera bien à travers, cette fois-ci encore.
Peisson, Parti Liverpool,1932, p.186. II. − Seulement au masc., arg., vx A. − 1. Misérable, vagabond, clochard; voleur. Lorsqu'un de ces philosophes a fait un bon coup, il enlève ses loques, prend un bain pour tuer sa vermine, s'habille au Temple et devient souteneur, camelot, vendeur de programmes, de contremarques, et quelquefois l'aide d'un petit bookmaker (Macé, Joli monde,1887, p.181). 2. Chiffonnier. Cet assommoir est un rendez-vous de philosophes (Bruant1901, p.106). B. − Tricheur (généralement aux cartes et dans le grand monde). Il se trouva que le colonel était un «philosophe», cartonnant dans les salons aristocratiques (Hogier-Grison, Monde où l'on triche,1resérie, 1886, p.141).Imaginez qu'il nous a crevé dessus tout un nuage de croupiers, de philosophes, d'aigrefins. Tous les portiers du paradis (Toulet, J. fille verte,1918, p.123). C. − 1. Souliers; souliers d'occasion, bon marché. J'ai mis les philosophes du Messière pour avoir les attaches (Ansiaume, Arg. bagne Brest,1821, f. 12 vo, § 320).Plus d'une ci-devant beauté, aujourd'hui réduite (...) aux sabots, si elle ne préfère les philosophes (Vidocq, Mém.,t.3, 1828-29, p.175). 2. Savates. J'aime mieux (...) avoir des philosophes aux arpions (Sue, Myst. Paris,t.1, 1842, p.35). 3. Philosophes de neuf jours. Savates ou souliers percés. [Vous avez toujours] aux arpions des philosophes de neufs [lire neuf] jours (Vidocq, Vrais myst. Paris,t.3, 1844, p.285). REM. 1. Philosophastre, subst. masc.,péj., vx. [Corresp. à philosophe I A 1 b β] Écrivain, philosophe dont les oeuvres développent des thèses immorales et/ou irréligieuses. Les babioles pédantesques de quelques méchants philosophastres brevetés, patentés et appointés (Nodier, Fée Miettes,1831, p.190).Ce siècle (...) ne croit plus en Dieu, grâce aux philosophastres (Pommier, Colères,1844, p.15). 2. Philosophé, -ée, adj.[En parlant d'un groupe d'écrivains] Acquis aux idées des philosophes (supra I A 1 b β). Je les définis [les écrivains genevois], au dix-huitième siècle, toute une tribu intellectuelle, née de Calvin, restée très-morigénée en s'émancipant, très-philosophée d'ailleurs et sécularisée, où Bayle est entré, où Fontenelle a passé (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t.15, 1861, p.135). Prononc. et Orth.: [filɔzɔf]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.I. Subst. masc. 1. ca 1165 li philosophe «les Auctores dont les écrits sont la source du savoir et de l'enseignement philosophiques» (B. de Ste-Maure, Troie, 9 ds T.-L.); 2. a) ca 1223 philosophe «savant qui cultive, sous leur aspect spéculatif, les sciences divines, naturelles et humaines» (G. de Coinci, Miracles N. D., éd. V. F. Koenig, II Mir 11, 38); b) 1637 «celui qui s'applique à la recherche des principes et des causes» (Descartes, Discours de la méthode, seconde partie ds OEuvres, éd. F. Alquié, t.1, p.583); c) 1588 «celui qui pratique l'étude de la morale, de la logique, de la physique et de la métaphysique, en tant que disciplines de l'École et selon la tradition de celle-ci» (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t.1, p.508); 1690 «dans un collège, élève qui étudie la logique, la morale, la physique et la métaphysique» (Fur.); d) ca 1660 «celui qui s'applique à l'étude de l'homme et, particulièrement à la science des moeurs» (Pascal, Epict. et Mont. ds DG); e) 1694 «homme qui, par libertinage d'esprit, se met au-dessus des devoirs et des obligations de la vie sociale et brave les lois religieuses» (Ac.); 3. a) xiiies. «celui qui cultive à la fois la plus haute science et la sagesse» (Trad. de la Disciplina Clericalis de Petrus Alfonsus, éd. A. Hilka et W. Söderhjelm, B, 2862); b) 1637 «celui qui pratique la sagesse, conforme sa vie à ses principes» (Descartes, Discours de la méthode, troisième partie, éd. citée, t.1, p.596); c) 1694 «homme sage, qui mène une vie tranquille et retirée, hors de l'embarras des affaires» (Ac.); d) 1920 subst. et adj. «(celui) qui est d'esprit calme, prend la vie du bon côté, ne se fait jamais de souci» (Bauche); 4. xves. «alchimiste» (Petit traité d'alchimie, éd. Méon, p.211). II. Adj. 1535 «qui témoigne de dispositions naturelles pour les spéculations philosophiques» (Rabelais, Gargantua, Prol., éd. R. Calder, M. A. Screech et V. L. Saulnier, p.13); 1584 «participant à la dignité d'une réunion de philosophes» (Mém. de la Sté de l'histoire de Paris, t.2, p.383); 1655 «qui pratique la philosophie, est formé par elle» (Racine ds Livet Molière, p.273); 1663 «propre aux philosophes» (Loret, Muze histor., 31 mars, ibid.). Empr. au lat. philosophus, lui-même empr. au gr. φ
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ς «ami de la sagesse». FEW t.8, pp.387b-389. Fréq. abs. littér.: 5268. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 9373, b) 6620; xxes.: a) 5774, b) 7385. DÉR. Philosophard, -arde, adj. et subst.,péj. a) Adj. Qui a des prétentions philosophiques, intellectuelles, élevées. Écrivain détestable dont on vante le style. (Jerphanion a horreur du peu qu'il connaît de sa prose prétentieuse, philosopharde, tuméfiée.) (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p.159).Le débat (...) de nature philosopharde, qui oppose les partisans de l'origine psychique des maladies mentales aux tenants de l'origine organique (H. Bazin, Fin asiles,1959, p.29).b) Subst. Synon. de philosophe (supra I A 2 a).25 juillet −Lu Le Fantôme de Rémy de Gourmont. Peu de chose. Autant d'esprit ou de talent qu'on en peut avoir. Mais, obsession des philosophards allemands, imitation sensible de Villiers (Bloy, Journal,1893, p.86).À l'âge de vingt ans (...) je demandais aux uns et aux autres, à quoi ils pensaient le plus fréquemment (...). Les philosophards étaient à Lachelier, ou à Cournot, ou à Ravaisson (L. Daudet, Rêve éveillé,1926, p.90).− [filɔzɔfa:ʀ], fém. [-aʀd]. − 1reattest. 1893 (Bloy, loc. cit.); de philosophe, suff. péj. -ard*. BBG. −Gohin 1903, p.299. - Sain. Arg. 1972 [1907], p.58. _Zumthor (P.). Note sur les ch. sem. ds le vocab. des idées. Neophilologus. 1955, t.39, pp.178-179. |