| PHILOSOPHAL, -ALE, adj. Seulement au sing., ALCHIM. A. − Relatif ou conforme à l'alchimie. Pratique philosophale. Le bas-relief du grand portail qui représente, selon les uns, le sacrifice d'Abraham, selon les autres, l'opération philosophale, figurant le soleil par l'ange, le feu par le fagot, l'artisan par Abraham (Hugo, N.-D. Paris,1832, p.401): 1. Au cours de l'élaboration philosophale, la couleur verte annonce l'indéfectible union, dans la pleine concorde, des deux principes, primitivement opposés, savoir le mercure et le soufre, en même temps que la vertu végétative qu'ils acquièrent alors.
Canseliet, Alchim.,1936, p.97. − [Dans un cont. métaph.] Je fis de mon âme un lieu secret et redoutable. Je m'y enfermai avec le cher fantôme obsesseur et l'adorable idée fixe de ma passion; j'y élaborai avec une sage patience le sentiment philosophal, l'élixir de parfaite douleur qui en devait éterniser le voluptueux martyre (Milosz, Amour. init.,1910, p.173). ♦ Péj. [En parlant d'une pers.] [Germain Gâteau] est le Péruvien du compte rendu sympathique et le carrier philosophal des transmutations de la Réclame (Bloy, Désesp.,1886, 270). B. − Pierre philosophale. Substance longtemps recherchée qui, mise au contact des métaux vils, était supposée les transmuer en or. Les alchimistes attribuaient à la pierre philosophale trois propriétés essentielles: changer les métaux vils en argent ou en or; guérir les maladies et prolonger la vie humaine au delà de ses bornes naturelles (L. Figuier, L'Alchim. et les alchimistes,Paris, Denoël, 1970, p.37): 2. La magie, les civilisations primitives ou naïves, l'alchimie, la rhétorique des fleurs de feu ou des nuits blanches, sont autant d'étapes merveilleuses sur le chemin de l'unité et de la pierre philosophale.
Camus, Homme rév.,1951, p.126. − P. métaph. [L'esprit] est une véritable pierre philosophale, un agent de transmutation de toutes choses matérielles ou mentales (Valéry, Variété III,1936, p.207). − Au fig. Ce qui est très difficile ou impossible à trouver. Que faut-il faire pour soulager ses chagrins? Voici la pierre philosophale (Chateaubr., Essai Révol.,t.2, 1797, p.162).Cette méthode naturelle unique, qui doit faire le but de tous les efforts des naturalistes quoiqu'elle soit peut-être la pierre philosophale de leur art (Cuvier, Anat. comp.,t.1, 1805, p.xix). Prononc. et Orth.: [filɔzɔfal]. Ac. 1694-1740: -al, -ale ,,Il n'a guère d'usage qu'en cette phrase, pierre philosophale``; dep. Ac. 1762: -ale, adj. fém. Étymol. et Hist. a) xve-xvies. «prêt à la transmutation (en parlant d'un corps naturel)» (Petit traité d'Alchimie, éd. Méon, 275); 1580 la pierre philosophale (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, t.1, p.560); 1671 fig. «une chose extrêmement difficile à trouver, ou dont on ne sait rien» (Pomey); b) 1580 art philosophal «alchimie» (Palissy, Des métaux ds Gdf.); 1581 «qui appartient à la pratique de l'alchimie» (De Bara, Le Blason des Armoiries, p.132). Dér. de philosophe* au sens anc. de «alchimiste»; cf. xves. la pierre des philosophes «la pierre philosophale» (Testament attribué à Arnaud de Villeneufve, éd. Méon, p.203). Fréq. abs. littér. Philosophale: 51. Philosophal: 3. |