| PHILOLOGUE, subst. A. − Personne qui s'occupe de philologie, spécialiste de philologie. − [Corresp. à philologie A] Quant à Schalischim, si je n'ai pas écrit (comme j'aurais dû le faire) Rosch-Esch-Schalischim, c'était pour raccourcir un nom déjà trop rébarbatif, ne supposant pas d'ailleurs que je serais examiné par des philologues (Flaub., Corresp.,1863, p.78).En pratique, la rythmique grecque et ses successeurs les grands philologues allemands (de Herman à Wilamowitz, Boeckh excepté) ont substitué à cet outil trop large, des outils trop menus et particuliers (Arts et litt.,1935, p.50-6).Empl. adj. Tel qu'il est, je crois que Smarra, qui n'est qu'une étude, et je ne saurais trop le répéter, ne sera pas une étude inutile pour les grammairiens un peu philologues (Nodier, Smarra, 1821, p.15). ♦ [Corresp. à philologie A p.ext.] :
. Le champ du philologue ne peut donc être plus défini que celui du philosophe, parce qu'en effet l'un et l'autre s'occupent non d'un objet distinct, mais de toutes choses à un point de vue spécial. Le vrai philologue doit être à la fois linguiste, historien, archéologue, artiste, philosophe. Tout prend à ses yeux un sens et une valeur, en vue du but important qu'il se propose, lequel rend sérieuses les choses les plus frivoles qui de près ou de loin s'y rattachent. Ceux qui, comme Heyne et Wolf, ont borné le rôle du philologue à reproduire dans sa science, comme en une bibliothèque vivante, tous les traits du monde ancien, ne me semblent pas en avoir compris toute la portée.
Renan, Avenir sc.,1890, p.130. ♦ [Corresp. à philologie A en partic.] L'éminent philologue David Bayonne, entré en 1830 dans l'université, signalé de bonne heure aux orientalistes par ses travaux sur la grammaire comparée des langues sémitiques (Vogüé, Morts,1899, p.30).Philologue comparateur. Spécialiste de philologie comparée. Un philologue comparateur, nous a-t-on dit souvent, doit connaître à fond quelques-unes des principales langues dont il s'occupe (A.-H. Sayce, Princ. de philol. comparée,trad. par E. Jovy, 1888, p.54). − [Corresp. à philologie B] En Angleterre, indépendamment des éditions particulières toujours nombreuses et importantes, les Oxford Classical Texts, corpus dû presque exclusivement aux philologues anglais depuis 1900, des éditions critiques originales, plusieurs remarquables, tel le Platon de Burnet, ainsi que la collection de Loeb, grecque et latine avec traduction anglaise, chez Heinemann, à Londres (Civilis. écr.,1939, p.28-4).Lorsqu'un manuscrit antique a été beaucoup recopié, par des copistes peu intelligents ou qui travaillaient machinalement, les fautes ont souvent tendance à s'aggraver, à la façon des défauts d'un disque, mais un philologue ingénieux arrive parfois à rétablir la leçon originale (Ruyer, Cybern.,1954, p.152). B. − P. anal., rare. Je sais des danseurs intelligents, mais plus compétents peut-être qu'intelligents, qui situent la danse aux frontières d'une science et de l'art. Ces philologues chorégraphiques inventent un style (...) dont le pouvoir est nul et qui lasse aussitôt vu, car c'est pur travail du cerveau descendu dans les jambes et les bras (Lifar, Traité chorégr.,1952, p.117). Rem. Donné comme masc. ds les dict. du xixes., sans genre défini ds la plupart des dict. du xxes. Prononc. et Orth.: [filɔlɔg]. Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist.1. 1534 philologe «celui qui aime les belles lettres, savant» (Rabelais, Gargantua, Prol., éd. M. A. Screech, p.17, 107); 2. 1816 «savant en matière de langue et de littérature» (Raynouard, Choix des poésies originales des troubadours, t.1, p.36). Empr. au lat. philologus, -i «lettré, savant, érudit», du gr. φ
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λ
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λ
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γ
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ς «qui aime raisonner, discuter» puis «savant, érudit», comp. de φ
ι
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λ
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ς «ami» et λ
ο
́
γ
ο
ς «paroles, propos», de λ
ε
́
γ
ω «bavarder, discourir» d'où «dire, raconter». Fréq. abs. littér.: 100. |