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* Dans l'article "PHIL(O)-,(PHIL-, PHILO-), élém. formant"
PHIL(O)-,(PHIL-, PHILO-) élém. formant
Élém. empr. au gr. φ ι λ(o) -, de φ ι λ ε ́ ω «j'aime» et de φ ι ́ λ ο ς «ami», entrant dans la constr. de qq. mots où il exprime la sympathie, l'intérêt pour, ou l'affinité avec ce que désigne le 2eélém. Peu productif en fr., on le trouve en revanche dans un grand nombre d'empr. ou d'adaptations (v. rem. infra).
A. − [Le 2eélém. est issu du gr.] V. philatélie et aussi:
philédon (-édon de η ̃ δ ο ς ou η ̔ δ ο ́ ν η «plaisir»), subst. masc., ornith. Genre d'oiseaux passereaux ténuirostres de la famille des Méliphagidés (ou Mangeurs de miel, v. Encyclop. Sc. Techn. t.8 1972, p.744) que l'on trouve depuis l'Australie jusqu'à l'Indonésie (d'apr. Quillet 1965). Sur les rives et sur l'îlot, se pavanaient des canards sauvages (...), des philédons, munis d'une langue en forme de pinceau (Verne, Île myst., 1874, p.111).Rem. On dit aussi a) Philéton: À Chiloé (...) les oiseaux me donnaient de merveilleuses rhapsodies (...). Le philéton à cravate, qui est l'oiseau paille-en-queue, le toui-toui des indigènes, fait alors jaillir de sa gorge, éparpille, égrène des milliers de roulades, rapides, souples, trillées, sonores (Cendrars, Dan Yack, Confess. Dan Yack, 1929, p.285). b) Philémon (de φ ι λ ε ́ ω «chérir, baiser» ou φ ι ́ λ η μ α «baiser»). (Ds Lar. encyclop. et Quillet 1965).
philocome (-come, de κ ο ́ μ η «chevelure»), adj., cosmétol. , vieilli. ,,Qui est favorable à la croissance des cheveux`` (Littré). V. aussi Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p.34.
Philocomique , adj., dér. Qui concerne un produit philocome. M. le colonel de la troisième légion veut que ses cavaliers se laissent pousser des moustaches (...). Vous, homme paisible, vous, homme grave, il va falloir vous enquérir d'une recette philocomique (Balzac, OEuvres div., t.3, 1836, p.125).
B. − [Le 2eélém. est un adj. ou un subst. fr., il qualifie ou désigne une ethnie] Je les reconnais, ces trois bonshommes, ces trois gentils garçons: ils appartiennent à une vieille, très vieille tradition de chez nous, la tradition des philhellènes, des philoturcs, des philoarméniens, des philoboers, des philo-tout-le-monde, de ces Français qui se jettent à l'étourdie au milieu de bagarres qui ne les regardent en rien (Tharaud, Cruelle Esp., 1937, p.22):
philosémite. (Celui) qui est favorable aux juifs, qui aime les juifs. On m'a dit que les auteurs avaient voulu éviter de prendre parti, ne se montrer ni philosémites ni antisémites (Léautaud, Théâtre M. Boissard, t.1, 1926, p.32).Que diriez-vous d'un film d'actualité (...) sur les atrocités hitlériennes... un film philosémite? (Morand, Fr.-la-Doulce, 1934, p.29).
Philosémitisme , subst. masc., dér. Attitude du philosémite. [Le] philosémitisme apparent [de Petlioura] n'était qu'une hypocrisie de plus (H. Torrès, Le Procès des pogromes, 1927, p.239 ds Quem. DDL t.7 1975).
Rem. 1. Empr. a) Au gr., v. philanthrope, philanthropie, philhellène, philodendron, philomathie, philosophème, philotechnie (v. étymol. s.v. philotechnique) et aussi: α) Philautie (de φ ι λ α υ τ ι ́ α «amour de soi, égoïsme»), subst. fém. Amour exagéré de soi-même. Voir Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.240. β) Philiatre (de φ ι λ ι ́ α τ ρ ο ς «qui a du goût pour la médecine et les médicaments»), subst. masc. Celui qui se livre à l'étude ou à la pratique de la médecine pour l'amour de l'art (ou médecin amateur d'apr. Guérin 1892). Médecin exerçant sa profession, suivant les uns, ou philiatre à l'éducation purement livresque suivant les autres, il n'en est pas moins vrai que son «Traité de Médecine» [de Celse], représente un document précieux (Roussy ds Nouv. Traité Méd. fasc. 5, 2 1929, p.6). γ) Philodoxe (de φ ι λ ο ́ δ ο ξ ο ς «qui s'attache à une opinion»), subst. masc. [P. oppos. à philosophe] Celui qui suit des opinions, des vues, des apparences (d'apr. Littré). Philodoxie, subst. fém., dér., philos., péj. [Chez Kant] ,,Dilettantisme intellectuel qui se plaît à agiter les problèmes philosophiques sans désir d'atteindre à des solutions scientifiques et universellement acceptées`` (Lal. 1968). δ) Philogyne (de φ ι λ ο γ υ ́ ν η ς ), adj. ,,Qui aime les femmes`` (Littré). Philogynie (de φ ι λ ο γ υ ν ι ́ α ), subst. fém. Amour des femmes. −Mais viens donc, coquette! qu'as-tu peur? −Vous êtes un carabin. −Les carabins sont connus pour leur philogynie: je n'ai jamais mangé de femme vivante (Borel, Champavert, 1833, p.174). ε) Philomaque (de φ ι λ ο ́ μ α χ ο ς ), adj. Qui aime le combat, guerrier. Littér. J'abordai dans le port vaste et désert des pingouins philomaques (France, Île ping., 1908, p.184). b) Au lat. (sc.) du gr., v. philanthe, philologie, philologue, philomèle, philosophe, philosophie, philosophique. c) Au lat., v. philosopher (v. aussi philtre). d) À l'ital., v. philharmonique. 2. Adapt. du gr., v. philomathe et aussi: a) Philadelphe(s) (de φ ι λ α ́ δ ε λ φ ο ς «qui aime son frère ou sa soeur), subst. masc. Membre(s) d'une société secrète militaire d'opposition à Bonaparte dont l'existence n'est pas absolument prouvée. J'eus l'honneur de fonder le premier le cercle des philadelphes au Cap-Français (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p.338). Empl. en appos. Tous vos maréchaux philadelphes supplièrent eux-mêmes Buonaparte à Wilna, il y a deux ans, d'arrêter sa course sanglante à travers notre sainte Russie (Adam, Enf. Aust., 1902, p.144). Philadelphe, philadelphus, bot. Synon. sav. de seringat (d'apr. Bot. 1960, p.1043 [Encyclop. de la Pléiade]). b) Philalète(s) (de φ ι λ α λ η ́ θ η ς «ami de la vérité»), subst. masc. Membre(s) d'une secte religieuse allemande du xviiies. qui réclamait une liberté absolue de religion et professait un déisme pur (d'apr. Guérin Suppl. 1895). Ce fut la période la plus ardente de ma vie. J'étais philalèthe, puis philadelphe à Narbonne (Adam, op. cit., p.339). c) Philarète(s) (de φ ι λ α ́ ρ ε τ ο ς «qui aime la vertu, vertueux»), subst. masc. Membre(s) d'une société secrète d'étudiants polonais, fondée à Wilno en 1820 par Adam Mickiewicz (d'apr. Lar. encyclop.). V. philomathe rem. s.v. philomathie ex. de La Gde encyclop. Assis sur des caisses parmi les philarètes et les philomathes, (...) [les frères Brattiano et Rosetti], flattent les manies anarchisantes de nos intellectuels (Morand, Bucarest, 1935, p.90). En 1823, les philarètes furent déférés à la justice russe: beaucoup furent torturés, déportés en Sibérie ou incorporés dans l'armée russe (Lar. encyclop.). d) Philodrome, philodromus (de φ ι λ ο δ ρ ο ́ μ ο ς «qui aime courir»), subst. masc., zool. ,,Araignée de nos régions`` (ibid.). Les Thomisidés, ou Thomises ou Araignées-crabes, (...) vivent dans les herbes, sur les fleurs, chassent à la course; ce sont surtout elles qui produisent les «fils de la Vierge». Citons Thomisus albus et Philodromus aureolus, deux espèces européennes (Encyclop. Sc. Techn. t.1 1969, p.664). e) Philomachus (v. philomaque supra), subst. masc. Genre d'oiseaux de rivage qui comprend le combattant (v. ce mot III B 2). Le combattant (Philomachus pugnax), aux riches livrées nuptiales (ibid., t.3 1970, p.103).
Rem. gén. Contrairement à l'opinion émise par Guérin 1892 et Lar. 19e, Philander, subst. masc., zool. ,,Marsupial de l'Amérique tropicale`` (Lar. encyclop., v. aussi Encyclop. Sc. Techn. t.7 1972, p.602) n'est pas composé de deux élém. gr. mais est adapté du malais pelandoc «lapin» (d'apr. Cuvier Règne animal t.1 1817, p.178).
Prononc. et Orth.: [filo], en syll. inaccentuée [-ɔ-]. Att. ds Ac. dep. 1878. Bbg. Peytard 1975. _Quem. DDL t.15 (s.v. philosémite), 16 (s.v. philocome).