| PHILIPPINE, subst. fém. et adj. I. − Subst. fém. Jeu où deux personnes qui se sont partagé deux amandes ou deux noisettes jumelles conviennent que celle qui (après un délai convenu) dira la première: «Bonjour Philippine!» à l'autre, aura gagné et obtiendra un cadeau ou imposera un gage. Retenir une confidence, (...) répondre à une superstition, (...) garder le souvenir d'une guérison, d'un voeu, d'un amour ou d'une philippine (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.620).Wanda: Bonjour, vous! Armand sort quelques amandes de sa poche, en choisit une, et l'offre à Wanda. Armand: Philippine? Wanda: Pour quand? Armand: Pour... pour notre première partie de canot ensemble, cet été! Wanda, riant: Tope! (Martin du G., Taciturne, 1932, I, 7, p.1259). II. − Empl. adj. Amandes philippines. Amandes jumelles. Marchant, ramant, roulant par paires, les nouveaux impétrants se veulent aussi semblables que deux amandes philippines, que deux marrons dans la même coque, que Narcisse et son image (Colette, Belles sais., 1945, p.12). − P. plaisant. Escargot philippine. −Un escargot double, Antoine! −Comment double? Il se baisse et reste penaud, n'osant toucher les deux escargots accolés (...): −(...) c'est sale! −Pourquoi sale? Pas plus sale qu'une amande ou une noisette... C'est un escargot philippine! (Colette, Ingénue libert., 1909, p.67). Prononc.: [filipin]. Étymol. et Hist. [1869 bonjour, Philippine (Littré)] 1. 1898 jeu (DG); 2. ca 1900 «amande jumelle» (Combe, Pl. air, 164 ds Pierreh.). Altération, par rapprochement avec le prénom Philippe, de l'all. Vielliebchen, proprement «bien-aimée» (viel «beaucoup» et Liebchen, dimin. de lieb adj. «cher, chéri»), également empl. pour désigner le jeu et les amandes jumelles (1remoitié du xixes., v. Kluge20), et qui est prob. une altération de l'angl. valentine «bien-aimé» (dep. 1450 ds NED) ou du fr. valentin, valentine «id.», dér. du nom de saint Valentin. L'angl. connaît également les sens de «amandes jumelles» (1839 ds NED Suppl.2). et de jeu (1879 philopoena present ds NED). Bbg. Darm. 1877, p.112. |