| PHALANSTÈRE, subst. masc. A. − PHILOS., SOCIOL. 1. Organisme communautaire imaginé par Fourier. La stupidité utopique du phalanstère: un bonheur coupé pareillement et du même morceau à chacun, comme une part de galette (Goncourt, Journal, 1859, p.656).[Fourier] a tenté de réaliser quelques phalanstères, qui tous ont échoué; mais l'idée d'association était promise à un grand avenir, qu'il s'agisse des syndicats ouvriers ou des coopératives (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p.163).V. aussi phalange2B 2 ex. de Romeuf: 1. Le phalanstère, organisme communautaire autoritaire et complet, est peuplé par une phalange (...). La population prévue est de 1800 personnes par lieue carrée.
Baudhuin1968. 2. P. méton. Domaine, édifice habité par la phalange (v. phalange2B 3). [Ézéchiel] rappelle Fourier; mais c'est un Fourier qui décrirait son phalanstère avec la précision d'un architecte ou d'un arpenteur (Renan, Hist. Isr., t.3, 1891, p.406): 2. Quant au Phalanstère [it. ds le texte], ce devait être un palais splendide réunissant les triples conceptions de l'économie, de l'utilité et de la grandeur. Les ménages devaient y habiter séparés, quoique réunis dans l'ensemble.
Bouillet1859. B. − P. anal. 1. Groupe de personnes vivant en communauté, poursuivant une même tâche ou unies par des intérêts communs. Synon. communauté.[Rothenstein] me parlait d'un phalanstère momentané, établi entre Rossetti, Whistler, Swinburne, phalanstère tout rempli du matin au soir de disputes, de chamaillades, d'engueulements, et dans lequel on voyait vaguer Swinburne, le plus souvent ivre et tout nu (Goncourt, Journal, 1894, p.545).Les gendarmes sont revenus nous voir... mais y avait pas grand'chose à dire sur notre phalanstère [le «Familistère rénové de la Race Nouvelle»]... les enfants ne souffraient de nulle part... aucun n'était tombé malade... (Céline, Mort à crédit, 1936, p.601). 2. Littér. Endroit, maison où vivent de nombreuses personnes, de nombreuses familles. Dans ces phalanstères du Paris bourgeois, tout devient événement (Bourget, Disciple, 1889, p.16): 3. ... l'organisation du chalet des Fontanin, devenu, sous la conduite de la robuste Clotilde, l'ancienne cuisinière de M. Thibault, un bizarre phalanstère, −où logeaient Nicole et Gise, −où Daniel avait échoué après son amputation, −et où Jenny était venue habiter avec son enfant, à son retour de Suisse.
Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.792. REM. Phalanstérisme, subst. masc.,philos., sociol. Système philosophique et socio-politique de Charles Fourier qui préconise la vie en phalanstère. Pour moi, Fourier et le phalanstérisme, armes d'occasion et prétextes à abaisser mon rival ne me turlupinaient guère (Arnoux, Algorithme, 1948, p.121). Prononc. et Orth.: [falɑ
̃stε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1822 «dans le système Fourier, unité de travail vivant en communauté» (Fourier, Théorie de l'unité universelle, 456 cité ds Vardar Soc. pol. 1970, p.285); 2. p. ext. 1841 «immeuble qui loge de nombreuses familles» (Balzac, Fausse maîtr., p.9). Mot. comp. par Fourier (v. supra) à partir de phalan[ge]2* et [mona]stère*. Fréq. abs. littér.: 48. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.375. |