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* Dans l'article "PHALANGE2,, subst. fém."
PHALANGE2, subst. fém.
A. − Domaine milit.
1. ANTIQ. GR. Corps d'infanterie rangé dans un ordre compact, en partic., dans l'armée macédonienne, corps d'infanterie des hoplites, armés de la sarisse. Phalange double, quadruple, simple, triple; corps, front de la phalange; la phalange lacédémonienne. L'invincible phalange macédonienne (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.1, 1840, p.320).J'écrase les hommes comme des coquilles, et je me jette sur les phalanges, j'écarte les sarisses avec mes mains (Flaub., Salammbô, t.2, 1863, p.42).V.aussi phalangite infra rem.:
1. L'arme essentielle de la phalange est la sarisse, lance de 12 coudées ou 5 m. 50, si longue et si lourde qu'il fallait la tenir des deux mains. Alexandre dispose la phalange sur huit rangs. Cette masse hérissée de fer avait un aspect intimidant, mais elle manquait de mobilité et pouvait être facilement tournée. Lavedan1964.
2. P. ext.
a) Littér. Armée, troupe (en particulier de fantassins). La camaraderie qui lie entre eux les glorieux restes de la phalange napoléonienne, ils se croient toujours au bivouac, obligés de se protéger envers et contre tous (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.272).Nos phalanges en rangs profonds Allaient nous conquérir l'Empire Du monde... (Verlaine, OEuvres posth., t. 1, Parall., 1896, p.121).
P. anal. [En parlant d'animaux] [Hamilcar] organisa une phalange de soixante-douze éléphants et les rendit formidables (Flaub., Salammbô, t.1, 1863, p.157).
b) Poét. Les phalanges (célestes, divines). Les anges considérés comme organisés militairement. Aidez-moi, bons chevaliers de Dieu, Bienheureux combattants des célestes phalanges, Terribles chérubins, victorieux archanges... (Coppée, Théâtre, Guerre Cent ans, t.1, 1878, p.336).Le visionnaire assiste à la mobilisation de ses alliés célestes. Il contemple les phalanges divines, il assiste au conseil des chefs, il glorifie les ordres de Dieu (Barrès, Colline insp., 1913, p.281).Puis, tournant ses regards sur les chefs des phalanges célestes, il s'écria (...) −Archange Michel, et vous, Puissances, Trônes et Dominations (A. France, Révolte anges, 1914, p.405).
3. HIST. Groupement politique et paramilitaire d'extrême droite notamment en Espagne, au Liban. Devant lui [un tribunal militaire d'armée] sont bientôt transférés les volontaires de la «phalange» tunisienne, l'amiral Derrien, le fasciste Guilbaud (L'Express, 10 avr. 1967, p.101, col.3).Le rôle du parti fasciste dans l'Italie de Mussolini était (...) modeste: à certains égards, il paraît avoir décru (...). En Espagne, la Phalange n'a jamais eu un rôle de premier plan, et son influence n'a cessé de décroître (Traité sociol., 1968, p.43):
2. Les combats se déroulent (...). De la rue de Damas, où les Phalanges ont entièrement détruit l'enclave musulmane de Berjaoul, au quartier des grands hôtels, où les «Mourabitoun» (les vigilants) nassériens de gauche s'accrochent à l'annexe de l'hôtel Saint-Georges. La bataille fait rage. Le Monde, 12 déc. 1975, p.1, col.6.
B. − P. anal.
1. Littér. Groupement humain étroitement uni par un idéal, des goûts, des intérêts. Synon. camarilla, clan, cohorte, faction.Une phalange d'acteurs, d'artistes, de savants, de sculpteurs, de supporteurs. La noblesse n'est plus cette phalange impénétrable qui souleva contre elle tant d'inimitiés acharnées (Sandeau, Sacs, 1851, p.9).Toute une phalange de jeunes peintres, désireux de réintégrer Dame peinture dans son véritable domaine (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.24):
3. Les philosophes des diverses nations embrassant, dans leurs méditations, les intérêts de l'humanité entière sans distinction de pays, de race ou de secte, formaient, malgré la différence de leurs opinions spéculatives, une phalange fortement unie contre toutes les erreurs, contre tous les genres de tyrannie. Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.165.
P. anal., vieilli. Groupe serré, compact d'animaux, en partic., d'insectes. Les plaines étaient désertes, l'air seul était rempli du mouvement et du bruit des grandes phalanges d'oiseaux de passage (Sand, Mauprat, 1837, p.242).V. friquet A ex. de Musset.
P. ext. Groupe nombreux, grand nombre, multitude, légion. [Le père Alexis:] «(...) La Révolution française (...) enfante tous les jours, sans que tu t'en doutes, Angel, des phalanges de héros...» (Sand, Spiridion, 1839, p.383).Les subjonctifs étaient rares, et la phalange des adjectifs, d'ordinaire si docile et si abondante, n'arrivait pas (Veuillot ds Sainte-Beuve, Gds écriv. fr.: XIXes., 1869, p.129).Et puissions-nous les voir [ces époux] renaître, Parmi les phalanges d'enfants! (Privas, Chans. sent., 1906, p.36).
2. PHILOS., SOCIOL. Société communautaire imaginée par Charles Fourier et composée de familles associées pour les travaux d'agriculture, d'industrie, d'art, etc. [Fourier] invente alors la phalange ou réunion d'un petit nombre de travailleurs associés qui sont à la fois producteurs et consommateurs et doivent trouver le bonheur dans la satisfaction d'un labeur accompli sans contrainte et agréablement (Hist. sc., 1957, p.1567).Les membres d'un phalanstère constituent une phalange commandée par un unarque et divisée en groupes correspondant à chacune des activités nécessaires à la vie de la communauté (Romeuft. 21958).V. aussi phalanstère ex. 1. et phalanstérien ex. de Musset.
REM. 1.
Phalangite, subst. masc.,Antiq. gr. Soldat de la phalange (supra A 1). La phalange coupa les barbares; deux tronçons énormes s'agitèrent; les ailes, à coup de fronde et de flèche, les rabattaient sur les phalangites (Flaub., Salammbô, t.1, 1863, p.168).Avec ses rangs serrés, la phalange forme une masse redoutable, protégée par les boucliers et hérissée de piques; les phalangites des cinq premiers rangs pointent en avant la sarisse qu'ils tiennent à deux mains (Vial1972).
2.
Phalangisme, subst. masc.,hist. Mouvement politique et paramilitaire de la phalange espagnole. Il n'était pas inconcevable qu'en présence du national-socialisme triomphant à Berlin, du fascisme régnant à Rome, du phalangisme approchant de Madrid, la République Française voulût, tout à la fois, transformer sa structure sociale et réformer sa force militaire (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.18).
Prononc. et Orth.: [falɑ ̃:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1213 antiq. «corps de piquiers pesamment armés» (Li Fet des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, 95, 9); 2. p. ext. 1635 «toute espèce de troupes» (Mairet, Sophon., III, 1 ds Littré); 1678 «toute espèce de multitude considérée comme organisée militairement» les celestes phalanges (La Fontaine, Fables, IX, 19, 227, éd. H. Régnier, II, 478); spéc. 1937 phalanges espagnoles (Malraux, Espoir, p.439); 3. 1808 «dans le système Fourier, association de cent familles» (Fourier, Théorie des 4 mouvements, Discours préliminaire, in Compère-Morel et Rappoport, Encycl. socialiste, Un peu d'histoire, p.179 ds Quem. DDL t.11). Empr. au lat. phalanx, -angis «ligne de bataille», empr. au gr. φ α ́ λ α γ ξ, - α γ γ ο ς «formation de combat des Grecs et des Macédoniens», sens qui, bien plus anciennement att., est sûrement un sens métaph., donc secondaire de φ α ́ λ α γ ξ, - α γ γ ο ς «pièce de bois cylindrique» (v. Chantraine, p.1173b).
STAT.Phalange1 et 2. Fréq. abs. littér.: 390. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 936, b) 611; xxes.: a) 339, b) 327.
BBG. Quem. DDL t.12.