| PET, subst. masc. A. − Fam. Gaz intestinal qui sort de l'anus avec bruit. Synon. perle (arg.), perlouse (arg.), prout (fam.), vent, vesse (rare).Faire, lâcher un pet. On ne se figure pas l'état de folie où peuvent tomber certains individus par la crainte des pets (Janet,Obsess. et psychasth., t.1, 1903, p.47).On a envie, comme les Romains, de saluer chaque pet qui sort (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.192): 1. ... le grand plaisir de causerie de la société, ce sont les plaisanteries stercoraires (...). Oui, la merde, les pets, c'est le fond de la gaîté.
Goncourt,Journal, 1863, p.1327. ♦ Pop. Pet foireux. Pet entraînant des excréments. V. foireux A 1 ex. de Apollinaire. − Loc. et expr. ♦ Pet honteux. ,,Vesse`` (France 1907). ♦ Pet de travers. Menu désagrément. Avoir toujours un pet de travers. Se plaindre continuellement de menus désagréments. Qui est-ce qui se mettait en grève pour un pet de travers, rien que pour emmerder le patron? (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.211). ♦ On tirerait plutôt un pet d'un âne mort. ,,Se dit d'un avare dont on ne peut rien obtenir`` (Littré). ♦ Ça ne vaut pas un pet (de lapin*). Cela n'a pas d'importance. Tiens! Veux-tu savoir? Tout ça ne vaut pas un pet. Et, levant la cuisse (...), il en fit un, dédaigneux et puissant (Zola,Terre, 1887, p.338). ♦ Glorieux comme un pet. Excessivement fier. Et nous voilà partis (...), moi et l'autre niais, glorieux comme deux pets (Rolland,C. Breugnon, 1919, p.121). ♦ Filer, partir, se sauver... comme un pet. Filer, partir, se sauver... rapidement. Ils seraient pas barrés comme des pets (...) Ils seraient encore là (Céline,Mort à crédit, 1936, p.660).Elle devait être en retard (...) Elle a filé comme un pet (Simonin,Touchez pas au grisbi, 1953, p.142). ♦ Lâcher quelqu'un comme un pet. ,,L'abandonner, le quitter précipitamment`` (Delvau 1883). − P. anal., fam. Bruit sec, généralement violent. Elle embrassait ses amies, du bout des lèvres, en faisant de petits pets sur les joues (D'Esparbès,Dern. lys, 1898, p.30).Le four éclata comme si on y avait jeté un sac de poudre; et l'on entendit le pet de deux lieues de loin (Pourrat,Gaspard, 1922, p.91).Le dernier pet de la voiture d'Adolphe venait de s'éteindre à l'horizon (Queneau,Enf. du limon, 1938, p.75). B. − Arg. et pop. 1. Tapage, scandale. Faire du pet; il va y avoir du pet! [Le capitaine] entrait comme un coup de vent (...) et, tout de suite, du pet!... −En voilà une chambrée! Quelle bauge! (Courteline,Train 8 h 47, Jusqu'à la gauche, 1884, p.166): 2. L'inspecteur (...) tenait à dire à M. Charles qu'il était spécialement utile qu'il n'y eût pas de pet pour l'instant au Passage-Club: (...) les cercles tolérés, n'est-ce pas? au moindre signe, pour donner satisfaction à certaine opinion...
Aragon,Beaux quart., 1936, p.414. − Loc. Porter le pet. Porter plainte. Les caves, on peut même pas leur étouffer un journal sans qu'ils portent le pet au lardu (Le Breton1960). 2. Danger. Magne-toi, môme (...), et, en cas de pet, repasse devant la grille sans donner de doutance (Carco,Équipe, 1919, p.80).Moi, je surveille par là (...). Toi, par là. S'il y a du pet, tu ne fais rien sans me prévenir (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.174). − [Empl. comme interj.] Pet! Attention! Les voleurs (...), pour prévenir d'un danger, crient: Pet! Pet! (France1907).Un moment à la caisse, j'ai bien cru qu'ils [des voleurs] s'esquintaient, rapport au pèze. Pet! là d'dans! que j'fais en m'aboulant, et j'ai sorti mon feu, pour qu'ils comprennent (Carco,Jésus-la-Caille, 1914, p.196). − Loc. Faire le pet. Faire le guet. On fait les préparatifs [pour un punch clandestin]; moi je fais le pet (Cohen,Lang. Éc. polytechn., 1908, p.191).Je l'ai vu qui faisait le pet derrière les saules (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.110). Prononc. et Orth.: [pε]. Homon. paix, (la, il) paie. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1179 «gaz intestinal qui sort avec bruit» (Renart, éd. E. Martin, I a, 1858); 2. 1580 «bruit, détonation» (B. Palissy, Discours admirable ds IGLF); 1690 tirer aussitôt un pet d'un âne mort «être très avare» (Fur.); 1808 on tirerait plutôt un pet d'un âne mort «même sens» (Hautel t. 2); 3. a) 1205 je ne ti mesferai un pet (Renart, XIII, 1184); b) 1887 ça ne vaut pas un pet (Zola, loc. cit.); 1896 ça ne vaut pas un pet de lapin (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg.). II. 1835 «danger» (ds Esn.); 1847 faire le pet «faire un esclandre» (Dict. arg., p.163). I du lat. peditum «pet, vent». II apocope de pétard* au sens 4. Fréq. abs. littér.: 66. Bbg. Spitzer (L.). On the etymology of pet. Language. 1950, t.26, p.534-538. |