| PERVENCHE, subst. fém. A. − Plante herbacée commune en France, aux tiges couchées et aux fleurs bleues ou mauves, poussant dans les lieux ombragés et les sous-bois, traditionnellement utilisée en phytothérapie et dont on extrait divers alcaloïdes. La pervenche des bois, toujours verte, (...) donne en hiver ses fleurs bleues (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.145): . ... dans le présent, cette place importante paraît être prise par la modeste pervenche [it. ds le texte]. En effet, la petite fleur bleue se révèle actuellement comme une véritable source de produits anticancéreux, d'une activité indiscutable.
R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act.,1965, p.184. − BOT. Genre de plantes, de la famille des Apocynacées, comprenant plusieurs espèces, notamment la grande pervenche (Vinca major), la petite pervenche (Vinca minor) et une espèce exotique, la pervenche de Madagascar (Vinca Rosea), aux feuilles persistantes d'un vert luisant, aux fleurs généralement bleues mais pouvant produire, lorsqu'on les cultive, des fleurs violettes, blanches, pourpres ou roses. Par terre des pervenches blanches, des jacinthes blanches avaient coulé et s'effeuillaient (Zola, Page amour,1878, p.1077).La presqu'île de Taravao: un coin paisible, ombreux, enchanteur, −des bois d'orangers gigantesques, dont les fruits et les fleurs jonchent un sol délicieux, tapissé d'herbes fines et de pervenches roses (Loti, Mariage,1882, p.78). B. − [P. réf. aux fleurs de la pervenche commune] Bleu clair tirant sur le mauve. 1. Loc. adj. (Bleu, couleur) de pervenche. Ses yeux bleus, ses yeux de pervenche me parurent une chose surnaturelle (A. France,Bonnard,1881, p.391).La fumée qui sort des toits est couleur de pervenche (Renard, Journal,1905, p.963).Quand il fut las de marcher, il se coucha dans les bois. Les arbres étaient à demi défeuillés, le ciel bleu de pervenche (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p.792). 2. Empl. adj. inv. (Couleur, bleu) pervenche. Regard pervenche; robe bleu pervenche. Par des escaliers empierrés, on descendait vers un petit port décoré de quelques barques pervenche et de six tonneaux vides (Morand, Lewis,1924, p.183).Une maison ocre à volets bleu pervenche (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p.942).Un autre, qui ressemble, avec ses yeux pervenche et son nez ingénu, à Suzanne Derval, chipote les plats (Colette, Pays. et portr.,1954, p.50). − Empl. subst. masc. Le rose de confiseur, le bleu argenté des clairs de lune de carte postale, le jacinthe et le pervenche des aquarelles (Arnoux, Paris,1939, p.243). Prononc. et Orth.: [pε
ʀvɑ
̃:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1225-30 parvenche (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 889); 1900 couleur pervenche (Willy, Claudine à l'école, 267 ds Quem. DDL t.16); 1909 pervenche (Femina, 15 sept., 466, ibid.). D'un lat. *pervinca, cf. l'ital. pervinca, le cat. pervinca (FEW t.14, p.462a), de vinca pervinca même sens. Le nom semble issu d'une formule magique, v. réséda, peut-être à rattacher à vincere «vaincre» (André Bot.) ou vincire «lier» (Ern.-Meillet). De la forme de b. lat. vinca «id.» (Marcellus 28, 38 d'apr. FEW, loc. cit.) est issu l'a. fr. venche ca 1220 (Jean Renart, Ombre, éd. F. Lecoy, 282: vanche) encore usuel dans les patois de l'Est et en pic. (cf. FEW t.14, p.461a). Fréq. abs. littér.: 135. Bbg. Quem. DDL t.16. _Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t.32, p.125. |