| PERTURBER, verbe trans. A. − Qqn/qqc. perturbe qqn/qqc. (rel. à une pers.) 1. Troubler la vie physique, psychique ou affective d'un individu. Perturber les habitudes de qqn. Laissez-le! laissez-le! vous lui perturbez le moral avec votre mysticisme! (Flaub., MmeBovary,t.2, 1857, p.19).C'était à peu près tout et il n'y avait pas de quoi, vraiment, perturber, deux minutes, ne fût-ce qu'une petite princesse de l'hôpital et du crève-coeur (Bloy, Femme pauvre,1897, p.106). − Au part. passé, en empl. adj. Il se sentait perturbé, mal à l'aise et il aurait bien voulu que cette fête fût déjà terminée (Huysmans, Oblat,t.2, 1903, p.29). 2. Déranger l'harmonie d'un groupe de personnes, dérégler le fonctionnement d'une organisation. Perturber le déroulement d'un match, d'une élection. Il eût même dû s'avouer, (...) que le drame où se débattait l'Europe n'était pas étranger à ce détachement: comme si la liaison avec cette femme n'eût plus été à la mesure de certains sentiments nouveaux, à l'échelle des événements qui perturbaient le monde (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p.480). B. − Qqc. perturbe qqc. 1. Dérégler le fonctionnement normal d'un mécanisme, d'un système. La circulation des autobus et du métro a été perturbée par des grèves (Reynaud, Syndic. en Fr.,1963, p.153): . L'écoute d'un disque suppose une sorte de «chaîne» dont les maillons sont d'abord les étapes de sa fabrication, mais aussi les différents appareils qui constituent l'instrument reproducteur (...); or les qualités de l'audition sont évidemment perturbées par la moindre imperfection du moindre maillon de cette longue chaîne.
Samuel, Art mus. contemp.,1962, p.633. 2. Spécialement a) ASTRON. Provoquer des irrégularités dans le mouvement d'un satellite, d'une planète. Si l'on imagine qu'une planète perturbe le mouvement d'Uranus, les inconnues du problème sont d'une part les éléments de la planète hypothétique, d'autre part les corrections à donner à ceux qui étaient antérieurement attribués à Uranus (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 1, 1961, p.150). b) ÉCON. Modifier les données économiques d'un marché. Perturber les échanges, la Bourse. Assouplir les mesures dirigistes ou fiscales qui peuvent perturber le marché en mécontentant les professionnels (Le Monde,19 janv. 1952, p.10, col. 5). c) GÉOPHYS. (géomagnétisme, météor.). Provoquer une rupture dans l'équilibre de l'environnement terrestre. Radiations (...) qui (...) perturbent la propagation des ondes radioélectriques (Schatzman, Astrophys.,1963, p.68).L'orage a perturbé le temps (Quillet1965). d) PATHOL. Provoquer une modification pathologique d'un organe, d'une fonction ou d'un comportement. Il est possible, d'ailleurs, que l'intoxication thyroïdienne perturbe les fonctions des surrénales (Souquesds Nouv. Traité Méd.fasc. 81925, p.205). Prononc.: [pε
ʀtyʀbe], (il) perturbe [pε
ʀtyʀb̥]. Étymol. et Hist. Ca 1200 parturber «troubler» (Moralités sur Job, éd. W. Foerster, p.310, 15), plusieurs fois att. dans ce texte, v. T.-L.; ca 1355 pertourber (Bersuire, T. Liv., ms. Ste-Gen., fo82c ds Gdf.) −1611, Cotgr., rare jusqu'à la 2emoitié du xixes.; spéc. 1844 «provoquer un changement dans un état naturel» (R. Töpffer, Voyages en zigzag ds Littré Suppl.); 1839 part. passé adj. perturbé (Peltier, Mém. ds Ann. chim. et phys., t.71, p.292: Si le circuit est très court et d'une résistance moindre que celle de chacune des molécules perturbées). Empr. au lat. perturbare «troubler, bouleverser», dér. de turbare «troubler, agiter», de turba «trouble d'une foule en désordre, confusion» peut-être empr. au gr. τ
υ
́
ρ
β
η «confusion, tumulte», cf. Ern.-Meillet et Chantraine. Fréq. abs. littér.: 22. |