| PEINTURER, verbe trans. A. − Vx, région. (Canada) ou techn. Peindre (v. ce mot A), couvrir d'une couche de couleur, badigeonner. Peinturer un treillage, un lambris (Ac. 1798-1878). Le Kremlin faisait partie de cette masse couverte de fer poli ou peinturé (Chateaubr., Mém.,t.2, 1848, p.436).Vers le milieu de mai, on s'apprêta à déménager au fournil. Pendant que les Beauchemin en peinturaient l'intérieur, Beau-Blanc arriva (Guèvremont, Survenant,1945, p.187). Rem. Le mot est encore utilisé dans la lang. techn. Barb.-Cad. 1971 le définit ainsi: ,,Appliquer sur des subjectiles des peintures ou des vernis à des fins de protection ou de décoration``. − P. métaph.: . Quand, le soir, la lune nette,
Le peinture [un poirier] d'argent clair,
Il fait, dans le calme éther,
Un bruit frais de castagnettes!
Noailles, Forces étern.,1920, p.142. B. − Vieilli, fam. 1. Faire de la mauvaise peinture; peindre maladroitement ou en utilisant des couleurs criardes. Synon. barbouiller, peinturlurer.Cet enfant s'amuse à peinturer, à peinturer des images (Littré). Le révérend Péchard avait fait cadeau à l'église de deux statues: Saint Mathurin et saint Yves, complètement neuves et peinturées de couleurs rouges et jaunes (Nerval, Fayolle,1855, p.97). 2. P. anal. Farder, maquiller avec excès. − Empl. réfl. C'était une femme de quarante-huit ans qui, les jours où elle faisait toilette et se peinturait en blanc, arrivait à n'en paraître que soixante, car chez les créoles la nature met les bouchées doubles (Morand, Homme pressé,1941, p.55). − Part. passé en empl. adj. Torlonta est parti hier au soir après deux jours de maladie: je l'ai vu tout peinturé sur son lit funèbre (Chateaubr., Mém.,t.3, 1848, p.503).Sur les fauteuils, les causeuses, le sopha (...), se tenaient, raides, guindées, poudrées, peinturées de blanc de céruse et vermillonnées, les plus grandes dames de la noblesse bretonne (Nerval, op.cit.,p.44). REM. 1. Peinturage, subst. masc.a) Vx, région. (Canada) ou techn. Action de peindre ou de peinturer; résultat de cette action. Un beau, un solide peinturage (Besch. 1845-46). Le peinturage d'un mur (Littré). Peint. 1978 préconise l'emploi de peinturage pour désigner ,,le travail de mise en peinture proprement dit`` et de réserver le mot peinture pour la désignation générique des produits auxquels il est fait appel pour ce travail``.b) Vieilli, fam. Action de peindre de façon maladroite ou avec de mauvaises couleurs; résultat de cette action. Exécuter d'abominables peinturages (Lar. 19e-20e). Au temps de Phidias et de Polyclète, tandis que les vieilles figures en bois coloré continuaient d'être adorées dans les temples, (...) ces grands artistes sculptaient des images d'une beauté accomplie, mais qui, dans leur condition extérieure, gardaient un reste de ressemblance avec les idoles sacrées. Le peinturage des anciens fétiches était remplacé par une coloration naturelle résultant des matières employées (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p.434). 2. Peintureur, subst. masc.,vx. Celui qui peinture. a) ,,Ouvrier qui met en couleur les bois, les fers, les murs, etc.`` (Besch. 1845-46). Les ouvriers des ports dont la profession est de Peindre ou Peinturer les navires, portent la dénomination de Peintres, de Peintres de navire ou de Peintureurs (Bonn.-Paris1859, s.v. peintre).b) Mauvais peintre. (Dict.xixes., Lar. 20e, Rob., Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth.: [pε
̃tyʀe]. Att. ds Ac. 1798-1878. Étymol. et Hist.,1. Ca 1140 «rehausser de couleurs, orner, décorer; peindre» (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 124: Karles [...] Vit de cleres colurs le muster (de) peinturet De martirs et de virgines et de granz majestez...); 2. 1680 peinturé «qui n'est couvert que d'une seule couleur» (Rich.), cf. 1689 (Andry de Boisregard, Réflexions sur l'usage de la lang. fr., p.380 d'apr. F. Baldensperger ds R. Philol. fr. t.24, p.112: Peinturer, mettre seulement des couleurs sur quelque matière que ce soit); 3. 1690 peinturé «couvert de couleur sans art particulier» (Fur.); 1752 péj. «barbouiller» (Trév.). Dér. de peinture*; dés. -er. |