| PAVOT, subst. masc. A. − BOT. Plante herbacée, annuelle ou vivace, de la famille des Papavéracées (dér. s.v. papaver), cultivée pour ses larges fleurs de couleurs variées, pour ses propriétés somnifères, et qui comporte de nombreuses espèces dont les plus répandues fournissent l'opium et l'huile d'oeillette. Pavot blanc, noir, rouge; pavot(-)oeillette; pavot officinal; pavot sauvage; pavot de(s) jardin(s); pavot des Alpes, d'Orient; capsule, feuille, fleur, graine de pavot; massif de pavots; cultiver des pavots. Monsieur de Mortsauf est maintenant endormi, me dit-elle. Quand il est ainsi, je lui donne une tasse d'eau dans laquelle on a fait infuser quelques têtes de pavots, et les crises sont assez éloignées pour que ce remède si simple ait toujours la même vertu (Balzac,Lys, 1836, p.80).Dans la campagne réveillée ondulaient les flots d'herbe et les flammes des pavots triomphants (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1461).Lorsque, la nuit (...), il flânait au sortir de quelque débauche, il lui arrivait de rejeter le suc épaissi du pavot qu'il s'apprêtait à fumer (Jammes,Robinsons, 1925, p.11). − P. méton. ♦ Au sing. Capsule (feuille, fleur) de cette plante utilisée pour ses propriétés sédatives. Infusion, sirop de pavot. Quand les douleurs sont insupportables, beaucoup de praticiens recommandent les narcotiques (...): il ne faut les employer qu'après avoir détendu par plusieurs saignées et ne les donner encore que très-légers, tels que le sirop diacode, la décoction de pavot (Geoffroy,Méd. prat., 1800, p.166). ♦ Au sing. ou au plur. Graine de cette plante utilisée comme condiment ou entrant dans certaines préparations sucrées ou salées. Épices: chez les Romains, on utilisait principalement le poivre, le gingembre, la cardamome, l'anis, le cumin, le pavot (Gdes heures cuis. fr.,Éluard-Valette,1964,p.235).Tarte au pavot (...) Mets toulois (...) Prenez 1 demi-litre de graines de pavots que vous aurez convenablement broyées en les mouillant de laid chaud (J.-M. Cuny,La Cuis. lorr.,1977,p.129).Comme leurs célèbres consoeurs salées et aromatisées, la quiche au lard en Lorraine, la tarte flambée et la tarte à l'oignon en Alsace, plus rarement la tarte aux pavots, les tartes aux fruits, très épaisses, étaient faites pour «nourrir» (Cl. Thouvenot, Le Pain d'autrefois, 1977, p.156). B. − P. méton., poét., vieilli, au plur. Pavots (de Morphée, du sommeil, de la nuit). Sommeil. Au milieu de l'effervescence de tant d'idées nouvelles, comment solliciter et obtenir les bienfaisans pavots du sommeil? (Crèvecoeur,Voyage, t.2, 1801, p.158).Morphée, seul éveillé, répand des pavots Sur les dieux endormis (Crémieux,Orphée, 1858, I, 2etabl., 1, p.25).Pour la douzième fois, hier, sur ma demeure, Nuit lente! tu passais sans jeter de pavots (Desb.-Valm.,Élégies, 1859, p.106). − P. anal. Pavots de la mort. Mort dont les pavots sont le symbole. Leurs têtes [d'un couple de gisants] semblent si appesanties par les pavots de la mort, qu'elles ont fait fléchir cet oreiller de pierre (Chateaubr.,Génie, t.2, 1803, p.347).Coupez ces longues chevelures, Où la main d'une mère enlaçait des fleurs pures Sans voir qu'elle y mêlait les pavots de la mort! (Hugo,Odes et ball., 1828, p.58). Prononc. et Orth.: [pavo]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. Mil. du xiiies. [ms.] plante (Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 2408 [var. du ms. BN fr. 794, v. aussi éd. W. Foerster, 2412]). Issu, par substitution du suff. -ot* à la forme régulière -o b lat. -avu, de l'a. fr. pavo «id.» (déb. du xiiies., Chrétien de Troyes, loc. cit. [var. du ms. BN fr. 1376], v. aussi l'éd. I. Bekker, v. 2402 ds Zeitschrift für deutsches Alterthum, t.10, 1856, p.435, qui a pris ce ms. pour base) lui-même issu d'un lat. pop. *papavus, altér. du lat. class. papaver «id.». Fréq. abs. littér.: 162. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.389. _ Keller (H.-E.). Notes d'étymol. gallo-rom. et rom. Mél. Wartburg (W. von) 1968, t.2, p.249. _ Sain. Sources t.31 1972 [1930], p.225. |