| PATROUILLE, subst. fém. A. − Ronde effectuée par un détachement de police civile ou militaire, qui suit généralement un itinéraire défini à l'avance et qui a pour but la surveillance, la prévention et la répression des désordres et de certains délits; p.méton., détachement qui effectue cette ronde. Synon. vx guet.Patrouille de nuit; patrouille d'agents cyclistes; faire patrouille. Ils se hâtaient, gênés par le ballottement du cadavre, obligés de le poser à terre tous les cent mètres. Au coin de la ruelle de Réquillart, un bruit les glaça. Ils n'eurent que le temps de se cacher derrière un mur, pour éviter une patrouille (Zola,Germinal, 1885, p.1494).Place de la Concorde, un groupe de gardes mobiles à cheval passait en patrouille, au pas, comme pour maintenir la chaussée libre, mais ils devaient souvent baisser la tête, des jeunes gens qui les suivaient leur lançant de grosses pierres (Larbaud,Journal, 1934, p.282): 1. Les hommes se rendent au Châtelet dès la tombée de la nuit, pour être inscrits sur les rôles et répartis en plusieurs patrouilles. Ils restent à leur poste jusqu'à l'heure du lever du soleil, où un sergent du guet «corne la fin du guet» et avertit que chacun peut rentrer chez soi.
Faral,Vie temps st Louis, 1942, p.260. − P. anal., plais. Groupe de personnes employées à une mission particulière de garde ou de surveillance. Tout évêque un peu influent a près de lui sa patrouille de chérubins séminaristes, qui fait la ronde et maintient le bon ordre dans le palais épiscopal, et qui monte la garde autour du sourire de Monseigneur (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.66). B. − [Dans un conflit armé] Déplacement d'un groupe de militaires ou de partisans chargés d'effectuer une mission ponctuelle (reconnaissance, observation) ou routinière (surveillance); p.méton., détachement qui effectue cette mission. Faire une patrouille; envoyer une patrouille; être de patrouille; patrouille de protection; patrouille de cavalerie, d'artilleurs; caporal de patrouille. Je prends dans ma compagnie un Parisien, hâbleur, frondeur, mauvaise tête, le désespoir de son sergent. Je constitue une patrouille de trois hommes dont je lui donne le commandement et je l'envoie par les guérets (Barrès,Cahiers, t.9, 1911, p.159).Dans les vallées de la Bruche et d'Oderen, on nous signalait que les positions étaient occupées et renforcées par des travaux de campagne; des patrouilles étaient poussées jusqu'à la frontière (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.217): 2. Puis une nuit, chef de patrouille, pour avoir mal lu ma carte, je suis allé trop loin sur une route de l'Oise défendue par quelques abatis. Je suis arrivé à l'entrée d'un village dont j'ai lu la plaque bleue avec stupeur, un village que je savais se trouver derrière les lignes allemandes!
Vercel,Cap. Conan, 1934, p.29. − AVIAT., MAR. MILIT. Détachement d'avions légers ou de petits bâtiments rapides qui effectuent des missions de surveillance ou de reconnaissance. Les Alliés durent développer à un degré extraordinaire leurs flottilles d'escorte et de patrouille afin de protéger les convois marchands (Le Masson,Mar., 1951, p.7).L'armée de l'air (...) comprenait en général des formations d'exploration de patrouille des grandes routes maritimes, des escadrilles de protection directe des convois, des chasseurs, des bombardiers, des avions torpilleurs (Le Masson,Mar., 1951, p.29). ♦ La Patrouille de France. Patrouille d'avions à réaction spécialisée dans les démonstrations aériennes, qui se produit lors de certains grands meetings. (Ds Lar. encyclop., Lar. encyclop. Suppl. 1975). − P. anal. ♦ Déplacement aléatoire de quelqu'un lors d'une recherche ou d'une quête. À l'hôtel, un télégramme m'attendait qui interrompit ma libre disposition et mes patrouilles de limier amateur, qui me replongeait soudain aux affaires pressantes, à la famille, aux vastes embarras de la vie (Arnoux,Rêv. policier amat., 1945, p.295). ♦ Groupe de personnes organisées exerçant une surveillance dans un contexte particulier. Le tout a demandé six mois de préparation. S'ajoute à cela une impeccable logistique du téléphone, de la radio, des automobiles (avec leurs patrouilles volantes de grévistes) et une stratégie très élaborée qui permet de concentrer rapidement les troupes de choc aux points cruciaux des combats de rues (Traité sociol., 1967, p.494). − Arg. et pop. Faire patrouille, se mettre en patrouille. Faire la tournée des débits de boissons, s'enivrer. Hier au soir vraiment Tu t'es mis en patrouille (Larchey, Dict. hist. arg., 2eSuppl.,1883, p.115). C. − [Dans certains mouvements de jeunesse] Groupe organisé de jeunes gens (scouts, éclaireurs). [Valentine:] −(...) C'est toujours cette vie de scout. «Je suis en retard pour la patrouille,» m'a-t-il dit [Jean-Michel] (Bourget,Tapin, Enf. morte, 1928, p.124). REM. Patrouillotisme, subst. masc.,péj. Manie de faire des patrouilles, zèle exagéré des patrouilles. Dès ce moment, ce ne fut plus, pour le Philipotin, que rêves d'ordre public, crispations de revues, de gardes, d'exercices, d'arrestations et de patrouillotisme (Balzac,OEuvres div., t.2, 1832, p.506). Prononc. et Orth.: [patʀuj]. Ac. 1694: patroüille; dep. 1718: patrouille. Étymol. et Hist.1. 1538 «action de patauger, tripoter» et «écouvillon fait de vieux linges» (Est.); 2. 1559 «ronde de surveillance effectuée par un détachement militaire, civil ou de police» (Amyot, Cleomène, 28 ds Hug.); 3. 1671 «le détachement qui fait la ronde» (Pomey); 4. 1928 scoutisme (J. Droit, Le Loup bavarde, p.14); 5. 1951 «mission de surveillance confiée à une petite formation de soldats, avions ou navires» (Le Masson, loc. cit.). Déverbal de patrouiller*. Fréq. abs. littér.: 297. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 209, b) 523; xxes.: a) 268, b) 642. Bbg. Quem. DDL t.11. _Tracc. 1907, p.160. _Wind 1928, p.96, 133. |