| PASSÉE, subst. fém. Action de passer (v. passer11resection I A, B), résultat de l'action; passage (v. passage1I A). A. − Vx ou littér. Nous n'osons parler, tellement le moindre bruit s'éploie dans le silence (...). Nous saisissons (...) la passée brusque, entre deux arbres, d'un coin de capote bleue (Genevoix, Nuits de guerre, 1917, p.248).L'aube spongieuse et molle était trouée par moments de louches passées de lumière, qui boitaient sur les nuages bas comme le pinceau tâtonnant d'un phare (Gracq, Syrtes, 1951, p.19). ♦ En partic. Voie de passage: 1. Raboliot eut le temps d'entrevoir, sur le rectangle de nuit pâle, la silhouette d'une tête que coiffait un képi. (...) il aperçut du même coup, entre cette tête et le chambranle, le trou plongeant vers la nuit vaste, la passée libre qui l'appelait. Il s'élança vers elle, s'y engouffra...
Genevoix, Raboliot, 1925, p.39. B. − Spécialement 1. CHASSE a) Passage habituel du gibier d'eau, des bécasses, à la recherche de nourriture ou au retour de celle-ci; passage des oiseaux migrateurs. Endroit à passée; chasseur à la passée. Nous avons la passée des pigeons (...) un chasseur ne laisse point s'écouler une époque comme celle-là, sans se mettre, tous les matins, à l'affût (Dumas père, Chasse au chastre, 1850, i, 1, p.180).Les jours où l'état de la mer interdisait aux barques de sortir, les hommes attrapaient les oiseaux. Il y eut cette année-là de grandes passées de bécasses et de judelles (Queffélec, Recteur, 1944, p.99). ♦ Chasse à la passée et, absol., la passée. Chasse à l'affût, chasse postée. (Ds GDEL): 2. Chasse à la passée. Elle se pratique surtout en automne; le soir, à la chute du jour, lorsque les bécasses quittent leur remise diurne pour aller vermiller, ou le matin, à l'aube, quand elles rentrent, on peut les attendre à l'affût avec quelque espoir de succès.
Vidron, Chasse, 1945, p.61. b) Au plur.
α) Traces laissées sur le sol par le passage du gibier. Synon. foulée, pied.Je dis, monsieur le comte, que j'ai reconnu les passées (...) Dans le parc (...) Ce ne sont pas des passées de bête fauve (...) ce sont des passées d'homme (Dumas père, CteHermann, 1849, v, 7, p.297): 3. ... la côte (...) était vierge de toute empreinte humaine. Pencroff n'y remarqua que des traces de quadrupèdes, des passées fraîches d'animaux, dont il ne pouvait reconnaître l'espèce.
Verne, Île myst., 1874, p.47.
β) Lieu de passage habituel du gibier. Synon. coulée (v. ce mot B 2 e).Il s'attardait parfois, prenait le temps de poser un collet aux passées de bouquins en rut (Genevoix, Raboliot, 1925, p.290): 4. ... il faut s'attendre à être mené loin par un loup (...) si l'on est déterminé à le suivre partout où il ira. Si l'on a une meute nombreuse, si l'on connaît les fuites et les passées, il est prudent et sage de garder un relais et de le donner à propos.
La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn., 1945, p.161. − P. méton. Les animaux qui empruntent les passages habituels. Quelques (...) [loups] encore? Une «passée» voyageant entre les grandes forêts? (La Varende, Manants du Roi, 1938, p.11). 2. GÉOL. ,,Très petite veine, pouvant n'avoir que quelques centimètres d'épaisseur, mais qui subdivise un banc [v. ce mot III A 3]`` (Noël 1968). 3. PÊCHE. ,,Voie que l'on trace dans les herbes d'une rivière, en les faucardant, pour conduire le poisson dans le filet`` (Lar. encyclop.). 4. SPORTS a) AVIRON. ,,Temps propulsif du coup d'aviron, la pelle étant plongée dans l'eau`` (Petiot 1982). La passée dans l'eau comporte trois phases: l'engager, le tirer et le dégager (Vie au Grand Air,23 nov. 1912,ds Petiot 1982). b) NATAT. ,,Temps propulsif du ou des bras dans l'eau`` (Petiot 1982). (Crawl) La passée dans l'eau doit être rapide, puissante, le bras restant allongé (Encyclop. des Sports,1924,ds Petiot 1982). 5. Région. ,,Fête que l'on célèbre après la moisson et qui, en Normandie, se dit Passée d'août`` (Fén. 1970). C'est la même fête, le même rite, sous les noms les plus divers: la «passée», «passoïe», ou «passaye d'août» (Bourbonnais, Picardie, Normandie), qui paraît rappeler le passage de la constellation du «Grand Chien» (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p.10). Prononc. et Orth.: [pase], [pɑ-]. Martinet-Walter 1973 [-a-], [-ɑ-] (10/7). Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist.a) 1290 pessée «passage» (J. Priorat, Li abrejance de l'ordre de chevalerie, éd. U. Robert, 7787); b) 1376 en partic. «endroit, moment du passage des oiseaux» (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, § 135, 64; § 136, 10); c) 1827 pêche (Baudr. Pêches). Part. passé subst. au fém. de passer*, v. aussi passe. Fréq. abs. littér.: 3425. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5272, b) 5342; xxes.: a) 5251, b) 4045. |