| PASSAGE1, subst. masc. I. − Action, fait de passer (ou de faire passer). A. − [Corresp. à passer11resection I A, B] Fait de circuler; fait de parcourir ou de traverser un lieu; avec ou sans idée d'obstacle à franchir. Nous arrivâmes (...) près d'un ruisseau assez rempli d'eau pour rendre le passage difficile, à pied sec du moins (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.23). 1. a) [L'agent du procès est implicite] Contrée, région, zone de passage; priorité de passage. De Lyon, [les ingénieurs romains] profitèrent des facilités de passage qui s'offrent vers le Forez pour relier à la métropole des Gaules Roanne, Vichy, Clermont (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.305).Qu'il s'agît d'aller chercher des marchandises au Proche-Orient ou de pousser jusqu'au fond de l'Asie, la Méditerrannée restait toujours (...) la voie de passage obligatoire (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.132). ♦ Point de passage. On sait (...) à quel point les tourbières sont des obstacles à la circulation, et c'est pourquoi, dirions-nous, s'y rencontrent fréquemment des points de passage qui, en Suisse par exemple, portent les noms typiques de Bruggo, Bruggen, (...), Les Ponts, Pontet, Les Marches, Les Traverses, etc. (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p.278).V. passeur ex. 3.P. métaph. Un ministre ne peut agir seul: en raison des compétences législatives et budgétaires du parlement vers lequel le Premier ministre est le point de passage obligé (...), un ministre doit en permanence «solliciter un autre pouvoir» (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.108). − DROIT ♦ Servitude de passage. ,,Servitude établie par la convention des parties et destinée à permettre à l'une d'elles de traverser les terres d'un voisin pour parvenir plus aisément à une voie publique`` (cida 1973). Les bâtiments, cours et jardins attenants aux habitations sont exempts de la servitude de passage (Champly, Nouv. encyclop. prat., t.16, 1927, p.58). ♦ Droit de passage ou passage. Droit de passer par la propriété d'autrui: 1. ... le droit de passage: article 682: «Le propriétaire dont les fonds sont enclavés et qui n'a sur la voie publique aucune issue, ou qu'une issue insuffisante pour l'exploitation, soit agricole, soit industrielle de sa propriété, peut réclamer un passage sur les fonds de ses voisins, à la charge d'une indemnité proportionnée au dommage qu'il peut occasionner.»
Jaurès, Ét. soc., 1901, p.169. P. plaisant. Marie Coquelière, en qualité d'ancienne nourrice, (...) jouissait d'un droit de passage. C'était elle qui portait le petit déjeuner du matin et servait les autres repas (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.207).− POSTES, TRANSP. Avis de passage. Avis signalant à une personne absente de son domicile le passage du préposé venu lui remettre un colis ou une lettre recommandée (le terme officiel dans l'admin. des Postes est avis de mise en instance): 2. Le secrétaire d'État aux P.T.T. vient de (...) rappeler [la réglementation en vigueur] en réponse à une question écrite de M. Jean-Pierre Abelin, député U.D.F. de la Vienne, qui s'étonnait du nombre, à son opinion trop important, des «avis de passage» laissés au domicile des destinataires de paquets-poste ou d'objets recommandés, notamment en région parisienne.
Journal officiel du 19 janvier dsLe Monde, 20 mars 1981, p.31. − SPORTS (athl.). Temps de passage. Temps réalisé par un coureur sur une fraction de la course. Sur 400 m une erreur d'appréciation d'une seconde sur le temps de passage aux 200 ou aux 300 m peut être funeste (Féd. Fr. Athlétisme, Les Courses, 1939ds Petiot 1982). b) [Avec compl. prép.] Il n'y avait pas de route carrossable accédant aux cols de haute montagne. Il fallait réaliser des transbordements difficiles et des passages pénibles par chemins muletiers (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p.106).Un passeport collectif réduit au minimum les formalités de passage aux frontières (Defert, Pol. tour. Fr., 1960, p.76).V. passeur A 2 a ex. de Van der Meersch. ♦ Passage à gué. V. gué1ex. de Thierry. − ÉCON. Carnet de passage en douane. Document douanier nécessaire à l'importation temporaire d'un véhicule dans un pays étranger. Les accords (...) de Genève et de New-York avaient, au lendemain de la guerre, précisé et complété les conventions antérieures, sur la délivrance des carnets de passage en douane et des triptyques (Jocard, Tour. et action État, 1966, p.214). c) [Avec déterm. désignant l'objet du procès] Passage de la Bérésina, de la Mer Rouge, du Rubicon; passage des Alpes, de la Manche; passage d'un col, d'un pont; passage de la ligne (v. ce mot II B 2 géogr.); passage du cercle polaire (v. baptême B 1 b ex. de Le Clère); passage de la ligne de démarcation. Avec les barrages, on perd, aux passages des écluses, un temps assez considérable (Bourde, Trav. publ., 1929, p.336).Le passage de l'obstacle nécessite une technique extrêmement étudiée (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p.138).Ces variations [météorologiques] se produisent au passage d'une ligne marquée sur les cartes par un crochet des isobares, sur une longueur pouvant atteindre plusieurs centaines de kilomètres (Maurain, Météor., 1950, p.101).V. passeur A 2 a ex. de F. Hammel. d) P. méton., CIN. ,,Prise de vue de raccord montrant des personnages qui ne font que passer`` (Giraud 1956). On tourne. On tourne des «petits bouts», des «passages», ces allées et venues, ces vues de portes ouvertes et refermées, de couloirs, qui, posées comme des points de suture ingénieux, entre les scènes d'importance, donneront au spectateur l'illusion de la vérité, de la vie, de l'ubiquité (Colette, Pays. et portr., 1954, p.199). 2. a)
α) [L'agent du procès est précisé] Des empreintes (...) indiquaient le passage récent de grands animaux, fauves ou autres (Verne, Île myst., 1874, p.85).Perpendiculairement au vilebrequin et à l'arbre à cames, un trou permet le passage d'un axe entraîné par un pignon porté par l'arbre à cames (Chapelain, Techn. automob., 1956, p.30).Les voyageurs de commerce, nantis d'une voiture à cheval (...) supplantèrent les colporteurs (...). Ils avaient une clientèle fidèle et considérable qui attendait leur passage annuel pour se réapprovisionner (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1966, p.382).V. automobile ex. 2, hep ex., horloge ex. 5, passerelle ex. 3. − Synon. de passée (v. ce mot B 1 a)J'avais obtenu que Maria, une vieille bonne Napolitaine (...) nous accompagnât au clos du Voméro, à deux pas, où nous passions l'après-midi, (...) nous cachant pour guetter les petits oiseaux dont c'était la saison de passage (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.127).À chaque automne, je rentre à Paris quelques jours trop tôt: jamais je ne vois prendre les palombes. C'est saint Luc, le 18 octobre, qui préside au grand passage (Mauriac, Mém. intér., 1959, p.111).V. appelant ex. 3 et 4. SYNT. Passage bruyant, continuel, fréquent, incessant, ininterrompu, rapide (de qqn/qqc.); passage d'un promeneur, d'une foule, d'une armée; passage de troupes; passage d'un avion, d'un traîneau, d'une voiture; passage de l'air, de l'eau, du courant électrique; passage d'une comète, d'un tourbillon; passage nuageux, pluvieux; accélérer, assurer, attendre, conditionner, déceler, détecter, empêcher, favoriser, gêner, guetter, interdire, interrompre, marquer, observer, permettre, provoquer le passage (de qqn/qqc.); s'opposer au passage, être prévenu du passage (de qqn/qqc.); laisser les traces de son passage; époque, heure, jour du passage (de qqn/qqc.); vitesse de passage (de qqc.). ♦ AVIAT. Faire un passage. ,,Amener l'avion à basse altitude sur une base ou un point déterminé`` (Petiot 1982).
β) P. anal. [L'agent du procès est une entité linéaire continue] Le trafic international s'est accru de façon constante (...) au profit plus particulier des pays qui ont su devenir des lieux de passage des grands itinéraires (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p.8). b) [Avec compl. prép.] Accorder à qqn libre passage sur son territoire. L'emploi de substances isotopiques organiques ou minérales dites «marquées» offre la possibilité de suivre littéralement à la trace leur passage à travers l'organisme et de situer avec précision les étapes de leur dégradation chimique (Bariéty, Coury, Hist. méd., 1963, p.681). ♦ Littér. Mon Dieu! Pour un passage de tendresse dans ses yeux quand elle me regarde, mais je donnerais toute ma vie (Bourget, Crime am., 1886, p.183). c) Locutions
α) Au passage de qqn/qqc. Au moment de son passage. Des marchandes de fleurs avaient jeté leurs oeillets au passage des civières (Malraux, Espoir, 1937, p.458).Soudain les pigeons du Luxembourg s'abattaient sur la place et s'envolaient au passage du petit train qui remontait les Halles (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.68).
β) Absol. Au passage. Au moment du passage; tandis que se déroule l'action. Accrocher, arrêter qqn/qqc. au passage; interpeller qqn, serrer la main de qqn au passage; examiner, noter, souligner qqc. au passage; reconnaître, voir qqn/qqc. au passage. − [Celui qui passe est le compl. du verbe de la prop.] Dans la rue des Lombards, il sourit aux filles qui l'appelaient au passage (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.231).De quelle province êtes-vous? D'autres auraient dit département et Maigret saluait au passage ce mot province qu'il aimait (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p.48).V. déchiffrer ex. 4, guetter A 2 ex. de Stendhal. − [Celui qui passe est le suj. du verbe de la prop.] Synon. en passant.Un quart d'heure après, nous montons en automobile, (...). Nous prendrons au passage le capitaine H... à l'état-major de la division (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p.46).On partit, on longea la tranchée bulgare que Conan explorait de sa lampe, signalant au passage les entrées d'abris, les postes de guetteurs, les emplacements de mitrailleuses (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.208).J'indique au passage que ce fait ne doit pas constituer un alibi (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p.94).
γ) Sur le passage de qqn/qqc. − Au moment de son passage. Sur le passage du cortège, les femmes se signaient, les hommes du peuple se découvraient (A. France, Pt Pierre, 1918, p.279).Ces yeux trop grands pour son visage (...) faisaient se retourner les gens sur son passage (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.228). − À l'endroit où il passe. Être embusqué sur le passage de qqn. Sur le passage de la troupe (...), la population féminine est aux fenêtres (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.320).J'avais oublié mes gants, (...) j'empruntais les siens au premier camarade qui se trouvait sur mon passage (Ambrière, Gdes vac., 1946, p.326).Une voiture (...) paraissait avoir emprunté la piste étroite et fauché sur son passage les joncs dont j'apercevais partout les tiges brisées (Gracq, Syrtes, 1951, p.74). 3. En partic. Traversée à bord d'un navire. Billet de passage; payer son passage. 20 mercredi. Midi, embarqués à Belfast, débarqués jeudi 21 à six heures du matin à Glascow (...); le passage ne coûte que deux shillings (Michelet, Journal, 1834, p.141).La longueur du canal est de 168 kilomètres (...). Le passage s'effectue aujourd'hui en une douzaine d'heures (Albitreccia, Gds moyens transp., 1931, p.116): 3. Malgré la concurrence de l'avion, les navires marchands aménagés en «mixtes» sont devenus très nombreux sur les grandes routes maritimes, car beaucoup de voyageurs acceptent de rester un peu plus longtemps sur mer pour payer un prix de passage moins élevé.
Le Masson, Mar., 1951, p.73. ♦ DR. MAR. Contrat de passage. Contrat qui fixe les droits et les obligations de l'armateur et du passage pour ce qui concerne la traversée. Tarifs et contrat de passage (M. Benoist, Pettier, Transp. mar., 1961, p.39). − Prendre passage. S'embarquer. Le nègre a pris passage à bord d'un navire anglais (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.422). − Région. (Canada). Transport par chemin de fer, autobus, bateau ou avion; p.méton., titre de transport. Payer son passage; un billet de passage. Le prix d'un passage de Montréal à Miami est de soixante dollars (Bél.1957). 4. ASTRONOMIE a) ,,Traversée d'un plan ou d'une ligne remarquables par un corps céleste`` (Astron. 1980). V. draconitique ex. de Danjon. ♦ Lunette de passage. Synon. de lunette méridienne (v. lunette B 1 c γ et méridien II A 3 b ex. de Hist. gén. sc.). ♦ Passage au méridien. V. méridien II B 1 a et culmination A 2 spéc.; chronométrique ex. de Lalande. b) ,,Cas particulier de conjonction [v. ce mot I A 2] où un astre passe devant un autre dont le diamètre est beaucoup plus grand`` (Encyclop. Sc. Techn. t.3 1970, p.637). Les passages de Mercure se produisent à raison de treize par siècle en moyenne; les passages de Vénus sont beaucoup plus rares: deux par siècle en moyenne (Astron.1973). 5. Au fig. [L'agent du procès est le temps ou une fraction du temps] Fait de s'écouler. Le cours de l'eau restera, pour nous, l'image la plus frappante de l'inexorable passage des heures (Senancour, Obermann, t.2, 1840, p.230).Pendant les heures sombres, je me consolais du passage du temps en me disant qu'un trésor s'accumulait qui me serait donné d'un seul coup, à la minute où je rentrerais à Paris. Surtout, je voulais voir la Seine (Green, Journal, 1945, p.230).Les couleurs du ciel et les odeurs de la terre qui font le passage des saisons étaient (...) sensibles à tous (Camus, Peste, 1947, p.1309). B. − [Corresp. à passer11resection II] 1. [Avec compl. prép. désignant (le point de départ et) le point d'arrivée] Fait d'aller, de se rendre quelque part. a) Passage de... à.V. originel ex. 1. − P. métaph. La solennité des trois coups frappés sur la scène et suivis d'un profond silence m'émut. Le lever du rideau fut vraiment pour moi le passage d'un monde à un autre (A. France, Vie fleur, 1922, p.384). b) Passage dans.La stase sanguine dans l'abdomen provoque le passage dans le péritoine d'une partie du plasma sanguin. C'est ce qu'on appelle une ascite (Quillet Méd.1965, p.152). c) Passage à[Avec une idée de déplacement durable] Sa famille est d'origine anglaise. Un de ses aïeux, venu en exil avec Jacques II en France (...). Achat d'une terre de Saint-Victor. Puis aux XVIIIesiècle, passage de sa famille à Saint-Domingue, où son père est né (Goncourt, Journal, 1860, p.787). 2. Au fig. a) Fait d'avancer dans le temps ou dans un processus temporel, fait d'évoluer; fait de subir ou d'effectuer une transformation; fait de changer (de niveau, de catégorie professionnelle, d'activité, d'attitude, de sujet de préoccupation...).
α) [Le point de départ et l'aboutissement sont exprimés] − Passage de... à.L'histoire psychologique de l'influence familiale ne finit pas avec le passage de l'adolescence à la maturité (Mounier, Traité caract., 1946, p.105).C'est la guerre froide qui occupe la place de ce qui jadis entraînait le passage de l'état de paix au conflit armé (Jeux et sports, 1967, p.770).V. ennoblissement A ex. de Bonald. SYNT. Passage d'un âge à un/l'autre, d'une catégorie à une autre, d'une époque à une autre, d'un état à un autre, d'une génération à une autre, d'un ordre à un autre, d'une valeur à une autre; passage d'une forme de civilisation à une autre, d'un type de société à un autre; passage de la colère à la joie, du jour à la nuit, du paléolithique au néolithique, de la pensée à l'action, de la vie aquatique à la vie terrestre, de la vie à la mort. ♦ [Avec adj.] Comment peut-on, avec une pareille constitution politique, espérer un passage régulier et tranquille du capitalisme au socialisme? (Jaurès, Ét. soc., 1901, p.lxi). SYNT. Passage automatique, brusque, continu, direct, graduel, immédiat, inévitable, inexorable, insensible, instantané, irreversible, progressif, rapide, reversible, subit, subtil de... à... − Passage de... dans(rare). La mémoire est fondée de proche en proche sur le passage continu d'un instant dans l'autre et sur l'emboîtement de chacun avec tout son horizon dans l'épaisseur du suivant (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.307). − Passage entre (deux réalités).Une chaîne ininterrompue assure le passage entre la réalité, les formes naturelles qui l'évoquent, puis les formes artificielles qui l'imitent (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.109).Entre ces termes [inconscient, subconscient et conscient] il y a autant de continuités de passage que de ruptures (Traité sociol., 1968, p.334). ♦ (Constituer) une forme de passage, un terme de passage entre deux choses. L'étage danien [étage le plus élevé de la série crétacée] forme un terme de passage entre le néocrétacique [v. néo- II A 1] et le tertiaire (Lapparent, Abr. géol., 1886, p.327).On peut observer des formes de passage entre la cellule bipolaire à pôles distincts et la cellule en T à pôles confondus (Camefort, Gama, Sc. nat.1960, p.218).
β) [L'aboutissement est seul exprimé] − Passage à.Passage à l'âge adulte; passage à l'état gazeux, liquide, à l'état cristallin. Tu es un môme qui a de la peine à passer à l'âge d'homme mais tu feras un homme très acceptable si quelqu'un te facilite le passage (Sartre, Mains sales, 1948, 6etabl., 2, p.231).L'affection peut se compliquer (...) de néphrite, celle-ci parfois redoutable par le risque de passage à la chronicité (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p.565).V. aller ex. 18. − Passage dans.Passage dans la réserve, dans les troupes coloniales. Le gouvernement français sera invité à faciliter à ces soldats démobilisés leur passage dans la vie civile (Gide, Journal, 1943, p.173).Les conseils de la classe de 3edes établissements d'accueil du second degré (...) donnent leur avis sur le passage dans la classe de seconde moderne (Encyclop. éduc., 1960, p.108): 4. ... la papauté aurait favorisé à deux reprises la thèse du rattachement à l'Allemagne. Les études les plus objectives apportent peu d'aliments sérieux à une telle position: ce qui ne signifie pas que le Vatican aurait vu avec sympathie le passage définitif de la Sarre dans l'orbite française.
Meynaud, Groupes pression Fr., 1958, p.332. − Passage vers.Un décret (N59-1402) améliore les conditions de passage des chercheurs du CNRS vers l'enseignement supérieur (Encyclop. éduc., 1960, p.252).
γ) Absol., littér. Le passage; le grand, le dernier, le terrible passage; le passage suprême. La mort. Peut-être que ce seul petit scrupule de conscience parmi tous ses crimes de vieux vagabond lui rendit plus facile le terrible passage (A. Daudet, Jack, t.2, 1876, p.323).Il faut se résoudre à mourir, et conserver, s'il se peut, en ce passage, une âme, que n'émeuvent plus ni l'espérance, ni la crainte (Toulet, Mariage Don Quichotte, 1902, p.146): 5. ... la tentation du désespoir guette presque toujours le croyant à son lit de mort. C'est là, je le vois bien, ce qui infirme dans l'esprit de Gide la religion tout entière dont le rôle, semble-t-il croire, est de donner à celui qui va faire le grand passage une assurance inébranlable.
Green, Journal, 1950, p.41. b) Spécialement
α) AUTOMOB. Au bout d'une dizaine de secondes, on entendait un bruit d'écrasement, celui que ferait une locomotive en broyant une rangée de barriques: c'était le passage de première en deuxième vitesse que le chauffeur venait de réussir d'un seul coup (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.260). ♦ Passage des vitesses. Fait de manoeuvrer le changement de vitesse, d'enclencher le levier de vitesses dans la position voulue. La boîte ne doit pas permettre le passage simultané de deux vitesses (Chapelain, Techn. automob., 1956, p.92).
β) ENSEIGN. Examen de passage. Examen imposé à un élève dont le niveau n'a pas été jugé suffisant pour qu'on lui permette de passer directement dans la classe supérieure. Les élèves qui ne sont pas retenus pour le passage direct en classe de seconde devront subir l'examen de passage ordinaire (arrêté du 12 juin 1953) (Encyclop. éduc., 1960, p.108): 6. En règle générale, l'examen de passage porte sur une ou deux disciplines essentielles, lorsqu'il s'agit pour l'enfant d'un rattrapage qu'il peut, sans fatigue excessive, effectuer pendant les vacances.
Encyclop. éduc., 1960, p.136.
γ) ETHNOL. Rites, rituel, cérémonie de passage. Cérémonial qui, dans le déroulement d'une vie d'homme, marque la séparation entre une étape qui finit et une autre qui commence: ,,pour [l'ethnologue français] Van Gennep, aucun événement normal de la vie n'échappe à la notion de rites de passage (...), le rite en lui-même comporte trois moments: la séparation d'avec l'étape antérieure, la phase transitoire et périlleuse, la réintégration de l'individu dans le groupe`` (Encyclop. univ. t.19 1975, p.1464). Il faut signaler chez les Juifs au moins 3 groupes de cérémonies obligatoires de passage (circoncision, mariage, funérailles) et 4 chez les Chrétiens: (baptême, première communion et confirmation, mariage, funérailles) (G.-H. Bousquet, Prat. rit. Islâm, 1949, p.116): 7. L'un des rites de passage le plus universellement répandu dans les sociétés archaïques est celui qui impose au guerrier diverses précautions pour se détacher de la vie ordinaire et s'y réintégrer ensuite.
Jeux et sports, 1968, p.772.
δ) INSTIT. POL. Passage aux articles ou à la discussion des articles. [Dans la discussion parlementaire d'un projet ou d'une proposition de loi] Étape qui se place immédiatement après la discussion générale et qui est marquée par la résolution de l'assemblée concernée de poursuivre les débats par la discussion des articles (d'apr. Cap. 1936). Voir Lidderdale, Parlement fr., 1954, p.200.
ε) MATH. Passage à la limite (v. limite B 2 d). ,,Ce terme, d'origine topographique, a été d'abord employé par métaphore en mathématique pour désigner les nombres irrationnels en tant qu'ils sont la limite des fractions qui en fournissent des valeurs de plus en plus approchées. L'opération de passage à la limite consiste alors à tenir l'ensemble de ces valeurs pour acquises et à en pratiquer l'extrapolation`` (Legrand 1972, s.v. limite). − P. ext., PHILOS. ,,Opération intellectuelle par laquelle on passe d'une progression continue et indéfinie qui tend vers un terme à ce terme`` (Morf. Philos. 1980, s.v. limite). [Les docteurs de l'Inde] admettent, par une sorte de passage à la limite, que le moyen supérieur [parmi ceux qui permettent de s'acheminer vers le but] est déjà, en sa nature profonde, une anticipation de la fin (Philos., Relig., 1957, p.52-11): 8. Par une sorte de passage à la limite, l'attitude ludique cesse d'être une attitude parmi les autres; elle devient l'élément prédominant d'un style de vie rejetant toute norme de continuité, dont on trouverait des illustrations non seulement dans le stade esthétique kierkegaardien, mais chez le Barrès du culte du moi et chez son disciple Montherlant, ou encore chez le Gide des Nourritures terrestres.
Jeux et sports, 1968, p.1171.
ζ) MUS. Lorsqu'on arrive à la dernière note possible dans un registre, et que, pour prendre le son suivant même s'il n'est qu'à un demi-ton, on change de mécanisme laryngien et en même temps de registre, ce changement prend le nom de passage (Arger, Init. art chant, 1924, p.163). ♦ Note de passage. ,,Note étrangère à l'harmonie qui relie sur le temps faible, par degrés conjoints, diatoniques ou chromatiques, deux sons différents de la même harmonie ou de deux accords différents`` (Mus. 1976). Les notes de passage simultanées se traitent quelquefois entre elles, comme formant de véritables accords (...) ces notes ainsi harmonisées entre elles constituent donc ce qu'on pourrait appeler des accords de passage ou des harmonies de passage (Reber, Harm., 1949, p.207).
η) PEINT. [Dans la Joconde] les modelés restent très fins, très délicats, sans rupture dans le passage des lumières aux ombres (Moreau-Vauthier, Peint., 1933, p.195). − P. méton. ,,Mode de transition entre deux tons juxtaposés, entre des parties sombres et lumineuses`` (Adeline, Lex. termes art, 1884). [Memling] a déjà des passages, des demi-teintes vaporeuses et fondues que Van Eyck n'avait pas connues (Fromentin, Maîtres autrefois, 1876, p.409).[L'École byzantine] procède toujours par teintes plates et ignore les tons rompus, d'où la nécessité des passages et l'abondance des gris (Escholier, Greco, 1937, p.20).
θ) PSYCHOL. Passage à l'acte. ,,Impulsion violente, souvent agressive (meurtre, suicide, viol), traduisant l'irruption dans le comportement d'une représentation mentale`` (Méd. Flamm. 1975). Le passage de l'idée à l'acte est étonnamment rapide et complet (Janet, Obsess. et psychasth., 1903, p.100). C. − [Corresp. à passer11resection III] 1. [Gén. avec compl. prép. ou adv. de lieu] a)
α) Fait de s'arrêter pour un court moment, de séjourner quelque part de façon provisoire. Je compte sur ton amicale diplomatie pour m'excuser auprès de Natanson de tant d'embarras; dis-lui d'ailleurs qu'à mon passage à Paris je viendrai le remercier et m'excuser moi-même (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1894, p.226).Geoffroy ne fit qu'un passage très rapide à Dugny, où maintenant il n'aimait guère s'arrêter (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.262): 9. La loi du 8 juin 1923 (...) prescrit aux municipalités de faire placer, dans chaque salle de vote, une table sur laquelle les candidats pourront faire déposer des bulletins à leur nom, à la disposition des votants avant le passage à l'isoloir.
Bacquias, Conseil gén. et conseil arrondiss., 1934, p.9. − En partic. [À propos de la vie humaine] Le passage de l'homme sur terre; le passage ici-bas. S'il n'y avoit pas de nouvelles épreuves après ce passage terrestre, ne trouverois-tu pas que ton retour dans la vérité seroit trop facile? (Saint-Martin, Homme désir, 1790, p.147).Nous, pauvres humains, nous comptons les instants de notre rapide passage (Sand, Pte Fad., 1849, p.iii).Jésus (...) a répandu en prodigue, pendant son court passage en ce monde, ces bienfaits merveilleux pour prouver qu'il était le Fils du Dieu vivant (Coppée, Bonne souffr., 1898, p.146).
β) P. méton. Ceux qui sont de passage. Ainsi, la petite ville d'Arcis, sans transit, sans passage (...) est, relativement, une ville riche et pleine de capitaux lentement amassés dans l'industrie de la bonneterie (Balzac, Député d'Arcis, 1847, p.322).Commerçant qui travaille avec le passage (GDEL). b) Loc. adj.
α) De passage − [Le déterminé désigne une pers. ou un groupe de pers.] Qui ne fait que passer, qui ne s'arrête que pour un court moment (dans un lieu ou dans la vie de quelqu'un). Connaissance, convive, étranger, hôte, inconnu, maîtresse de passage; clientèle, troupe de passage. Zidore était à sec et Georgina, flairant la disette, avait levé le pied, était disparue une fois de plus avec l'un ou l'autre de ses clients de passage (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.177).Je vous ai présenté tous les habitants ordinaires de la maison en dehors de la famille directe. Je ne parle pas des amis de passage: il y en a presque toujours (Duhamel, Suzanne, 1941, p.99).V. conquête B 4 b ex. de Murger.Être de passage. Séjourner de façon provisoire. Je ne sais pas si le jeune homme était de passage pendant les vacances, ou s'il habitait toujours à Wartegg (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p.324). ♦ P. anal., rare. Oiseau de passage. Oiseau migrateur. Synon. oiseau passager.J'ai été visiter la colline (...). Il soufflait un vent impétueux; une nuée d'oiseaux de passage s'est abattue sur les arbres: ces oiseaux, dans leurs cris monotones, semblaient répéter leurs adieux en commençant leur nouvelle migration (Krüdener, Valérie, 1803, p.269). ♦ P. anal. Qui n'est jamais installé, qui n'est chez lui nulle part. Nous ne vivons qu'en garni, voyageurs de passage, indifférents aux destinées qui ont précédé notre existence (Amiel, Journal, 1866, p.211).V. oiseau I B 3. − [Le déterminé désigne un sentiment] Qui n'est pas fait pour durer. Amour de passage. Vous nous présentâmes l'un à l'autre sans autre forme de procès. −M. Bernard Aubry. −M. Georges Lahrier (...) C'était autant qu'il en fallait pour sceller le pacte d'une camaraderie de passage (Courteline, Conv. Alceste, Margot, 1888, p.58).
β) En passage (vieilli). Synon. de passage (supra).Présumant qu'ils devaient être des étrangers en passage, je commençai par visiter les hôtelleries (Borel, Champavert, 1833, p.124). 2. En partic. Fait d'exercer une activité, d'occuper une fonction de façon transitoire; fait de se présenter (d'être présenté) devant une instance. Passage d'un appelé au centre d'instruction, d'un texte devant une commission; passage aux affaires, au pouvoir. Les accords, ententes et propositions, après passage au Comité Central de Coordination deviennent exécutoires lorsqu'elles sont approuvées par le Ministre des Travaux Publics (Nav. intér. Fr., 1952, p.13).Ce texte après son passage à la commission spéciale de l'assemblée est nettement en retrait sur le projet gouvernemental (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p.205): 10. Après un bref passage de Carnot au Ministère de l'Instruction publique, de Falloux établissait d'abord deux projets de loi: un sur l'enseignement primaire, l'autre sur l'enseignement secondaire...
Encyclop.éduc., 1960, p.67. ♦ Passage par (un stade dans une évolution).Le passage par les écoles normales primaires est obligatoire pour les instituteurs (Encyclop.éduc., 1960, p.359).Ce cycle (...) représente la série des oxydations avec passage par plusieurs étapes (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.617). D. − [Corresp. à passer11resection IV] 1. Fait de remettre, de transmettre quelque chose à quelqu'un. − SPORTS (athl.). Passage du témoin. Le relayeur qui vient de recevoir le témoin dans la main droite, le passe dans la main gauche afin de le transmettre à son suivant (Féd. Fr. Athlétisme, Les Courses, 1939ds Petiot 1982, s.v. témoin). 2. Fait de déplacer (un membre). − MUS. Passage de la main, du pouce. ,,Tant que le pianiste joue des trilles, des exercices pour cinq doigts, sans passage de la main (sur une seule position, pour parler comme les violonistes), la nécessité de la souplesse ne se fait pas sentir. (...). En revanche, dès que la figuration exige le passage du pouce ou de la main, autrement dit dès que la main se déplace vers le haut et vers le bas (à droite et à gauche sur le clavier), le problème de la souplesse surgit`` (H. Neuhaus,L'Art du piano, Tours, éd. Van de Velde,1971,p.105).Le passage du pouce nécessite un mécanisme différent suivant qu'il se produit en montant ou en descendant (Cortot, Ét. piano Chopin, 1917, p.51).Cette nécessité d'un legato absolu [quand on joue de l'orgue] (...) exige l'emploi de ces trois procédés: 1oLe Glissando 2oL'Enjambement et le Passage des doigts 3oLa Substitution (Dupré, Improvis. orgue, 1925, p.6). − NATATION. Dans une publication des États-Unis, en 1903, on trouvait trace de ce que l'on pourrait appeler un dos crawlé, battement et passage alternatif des bras [dans l'air] (Jeux et sports, 1967, p.1569).La brasse dite papillon, à cause du passage aérien des bras, fit son apparition en 1926 (Jeux et sports, 1967, p.1570). 3. Fait de soumettre quelque chose (ou quelqu'un) à un traitement particulier. Passage à la flamme, au tamis; passage sur un milieu de culture. Après plusieurs passages dans le liquide albumineux, le méningocoque s'acclimate assez aisément aux milieux usuels (Dopter dsNouv. Traité Méd.fasc. 11926, p.386).L'encollage [du tissu] se fait sur une machine dénommée encolleuse. Les fils s'imprègnent sur le parcours de cet appareil qui comporte le passage dans un bain de colle à chaud (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p.48).Un léger nettoyage du parement (...) se fait (...) une fois le gros oeuvre terminé et couvert. Il consiste en un passage à la brosse métallique ou au rabot chemin de fer pour faire disparaître les coulures du ciment (Lambertie, Industr. pierre et marbre, 1962, p.98). ♦ Passage à tabac* (fam.). II. − P. méton. A. − 1. Moyen, possibilité de passer; place pour passer. Connaître, trouver un passage; établir, ménager, pratiquer un passage; fournir un passage à qqn/qqc.; donner, offrir (un) passage à qqn/qqc.; demander passage pour qqn; barrer, refuser le passage à qqn. Des hommes (...) occupaient la chaussée et les trottoirs, laissant à peine le passage aux voitures (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.169).Bien que les passants s'efforçassent de «tenir le haut du pavé» (...), ils étaient bien obligés de céder le passage et de redescendre dans le ruisseau du milieu quand survenait l'équipage de quelque grand personnage (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.145).V. livrer A 4 d et passerelle A 1 b α ex. de Foch: 11. À mesure que l'ennemi battait en retraite, un effort vraiment remarquable fut accompli pour rétablir progressivement des passages au moyen de ponts, de passerelles provisoires et de bacs, tout en s'attaquant à la reconstruction définitive des ouvrages les plus importantes.
J. Thomas, Route, 1951, p.310. ♦ Se frayer, s'ouvrir un passage. Il leur fallut (...) s'ouvrir partout un passage le fer à la main. Mais nul obstacle n'arrêtait ces intrépides vétérans (Mérimée, Don Pèdre Ier, 1848, p.438).Il sortit du rang, se frayant un passage d'un coup de coude (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p.53). − [La destination est spécifiée] Les Portugais, ayant découvert le passage aux Indes par le Cap de Bonne-Espérance, prétendirent avoir seuls la propriété du passage (Proudhon, Propriété, 1840, p.194).Henri Hudson cherche le passage de l'Atlantique au Pacifique par le nord 1610 (Hist. de la sc., 1957, p.1351). ♦ P. métaph. Un parti que nous avions défendu durant quelques jours, seulement comme moyen, comme passage vers la liberté (Constant, Princ. pol., 1815, p.164).Florian était peut-être le passage nécessaire pour arriver à Goethe (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1843, p.52).L'enseignement secondaire n'était qu'une voie et un passage conduisant à l'enseignement supérieur (Encyclop. éduc., 1960, p.28). 2. a) Espace naturel ou aménagé, généralement limité, que l'on emprunte pour passer d'un endroit à un autre, pour franchir un obstacle. Élargir un passage; barrer, boucher, embouteiller, fermer, obstruer un passage; défendre, dégager, surveiller un passage; occuper un passage. Les villes et les passages étaient gardés par les troupes qui étaient revenues d'Azincourt (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.86).Placez six hommes sûrs, à la sortie du pavillon (...); surtout, n'allez pas dégarnir les passages (Dumas père, Chev. Maison-Rouge, 1847, iii, 4, p.108).V. forcer ex. 7, passé1ex. 17: 12. ... aux ponts, aux cols montagnards et dans tous les passages difficiles, les voyageurs virent se dresser la silhouette rassurante d'un logis, d'un hospice, d'une chapelle, à côté des bâtiments où vivaient les religieux chargés de l'entretien.
P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.73. − Synon. de passe ♦ V. passe II A 2 a.Une galère (...) venait de lever l'ancre (...) elle franchit (...) l'étroit passage ouvert sur le bassin d'Eunostos et gagna la haute mer (A. France, Thaïs, 1890, p.63).Les bouées sont des corps flottants mouillés sur des écueils ou servant à délimiter un passage ou un chenal (Bourde, Trav. publ., 1929, p.322). ♦ V. passe II A 2 b.Le passage des Thermopyles. Le royaume de Navarre grandit enfin des deux côtés du passage de Roncevaux, voie longtemps suivie à l'exclusion de toute autre par les pèlerins allant à Saint-Jacques de Compostelle (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.361). − Synon. de passée (v. ce mot B 1 b b).Les hommes (...) s'étaient jusque-là bornés à quêter craintivement leur nourriture aux alentours de leur demeure, empruntant les passages frayés par les bêtes sauvages; ils s'enhardirent désormais à s'éloigner (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.8). − Passage + déterm.Passage large, glissant, sombre; passage sûr; passage désert, fréquenté; passage naturel; passage alpestre, arctique. Voilà l'élément vrai qui prouve le courant polaire et l'existence du passage nord-ouest. Dans quelle direction est ce passage? Voilà le hic! (Bellot, Voy. mers polaires, 1863, p.37).L'infanterie du 2ecorps d'armée française tenait les passages de la Meuse au sud de Namur en liaison avec l'infanterie belge (Joffre, Mém., t.1, 1931, p.246): 13. ... je me souviens de ces conciliabules en montagne avant d'entreprendre une ascension (...), de ces petits conseils de guerre, la veille d'une chasse au chamois: l'un prendrait tel sentier, l'autre tel couloir; attention, il y a un passage dangereux, il convient d'emporter un bout de corde.
Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p.49. ♦ ALPIN. Passage de tel ou tel degré. Partie d'un itinéraire d'ascension évaluée en fonction de la difficulté qu'elle présente. L'escalade de l'éperon Walker est caractérisée [.] par la nature des difficultés (plusieurs passages de 6edegré) (E. Frendo, La Face nord des Grandes Jorasses, 1947, p.99 ds Quem. DDL t.27, s.v. artificiel). b) En partic.
α) Ruelle étroite, parfois couverte, généralement réservée aux piétons, qui sert de dégagement aux rues voisines. Passage public. Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu'on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine (Zola, Th. Raquin, 1867, p.3).Il venait d'entrer dans le passage Jouffroy quand, sous la lumière des devantures, un gros petit homme en casquette l'aborda (Flaub., Éduc. sent., t.2, 1869, p.196).Les tables des boutiques dans le passage, les gens arrêtés aux devantures, le va-et-vient, encombraient les arcades de l'Opéra grand-Théâtre, semblables aux arcades de l'Odéon, à Paris (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.86).V. couvert ex. 2.
β) Corridor, dégagement entre deux pièces, deux parties d'un édifice. Qu'on se figure une salle de spectacle vide, (...): le rideau levé, l'orchestre désert, les lumières éteintes, (...) les comédiens, les chanteurs, les danseuses, disparus par les trappes et les passages secrets! (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.36).
γ) ,,Tapis étroit dans un corridor`` (GDEL).
δ) [Avec déterm.] ♦ Passage clouté. V. clouté II spéc. et ex. 1. ♦ Passage protégé. Croisement, intersection où la priorité est enlevée à la voie de droite, au bénéfice de la voie principale (d'apr. Lar. encyclop.). ♦ Passage souterrain. Passage en sous-sol, notamment sous une voie de communication. Dans les gares importantes des lignes très fréquentées, on fait passer les voyageurs par-dessus les voies au moyen d'une passerelle, ou par-dessous au moyen d'un passage souterrain (Bricka, Cours ch. de fer, t.2, 1894, p.260).Des passages souterrains (...), aux portes de Paris, permettent aux véhicules circulant sur la rocade dite «des boulevards militaires» d'éviter les courants de circulation qui empruntent les artères radiales de la capitale (J. Thomas, Route, 1951, p.313). ♦ Passage à niveau. Endroit où s'effectue le franchissement d'une voie de chemin de fer par une route ou un chemin, le croisement se faisant au même niveau. Passage à niveau automatique. Un grand nombre de passages à niveau [pourraient être] supprimés, la garde des passages se faisant par signalisation électrique comme aux États-Unis (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p.67).Des automobiles attendant devant un passage à niveau (Butor, Modif., 1957, p.90).V. gardé II A 2. ♦ Passage en/par-dessous ou passage inférieur. Le passage est dit par-dessous lorsque le chemin traverse la voie sous les rails (Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.82).Passage en/par-dessus ou passage supérieur. On appelle passages par-dessus ou passages supérieurs, les passages au moyen desquels les chemins franchissent la ligne au-dessus de la voie (Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.82). ♦ Passage pour piétons. Espace délimité par des bandes, réservé aux piétons. Elles matérialisent sur la chaussée un passage réservé aux piétons (Encyclop.Sc. Techn.t.91973, p.596). c) Spécialement
α) HIPP. Passage des sangles. ,,Partie antérieure du ventre où passent les sangles de la selle (à un travers de main en arrière du coude)`` (Tondra Cheval 1979).
β) MÉCAN. Passages à vide. ,,Ratés du moteur, Instants où il ne donne pas`` (Esnault, Notes compl. «Poilu», [1919] 1956). − Au fig. Passage à vide. ,,Moment où une activité (humaine ou non) cesse d'avoir la moindre efficacité`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). Villain, après un passage à vide vers le deuxième kilomètre, a effectué un retour remarquable (L'Équipe, 22 sept. 1969ds Petiot 1982): 14. ... ce cycle de conférences et travaux dirigés, intéressant au sens le plus fort du terme les participants, allant à la rencontre de leurs inquiétudes et de leurs curiosités les plus vives (...), les libérera de combien de «passages à vide», souvent même leur épargnera le temps consumé en vain sur une fausse route...
Antoine, Passeron, Réforme Univ., 1966, p.122.
γ) MÉD., au plur. Les voies génitales. [Le médecin]: −(...) d'après l'état des passages, j'aurais juré qu'il s'agissait d'une primipare (H. Bazin, Barbe, 1957, p.27). 3. Au fig. Synon. de passe (v. passe1II B 2).Rappelons-nous que la vie est courte, et suivie d'une vie immortelle: traversons ce passage avec intrépidité, comme un soldat qui va à la victoire (Simon, Relig. natur., 1856, p.189).Bien sûr qu'il avait connu de rudes passages (Genevoix, Raboliot, 1925, p.289): 15. Il y a dans la vie de chacun un passage difficile à franchir. C'est quand l'âge le fait entrer dans le personnage de ceux qui le guidaient et qu'il lui faut, sans rien perdre de sa faculté d'élévation, assurer de lui-même le rayonnement qui, naguère, la justifiait.
J. Bousquet, Trad. du sil., 1936, p.186. B. − Extrait, fragment, partie d'un texte, d'une oeuvre musicale. Durant sa maladie, mon petit camarade n'avait pas de plus vif plaisir que de m'écouter lui lire de longs passages choisis dans nos auteurs préférés (Bourget, Disciple, 1889, p.142).On entendit, comme tous les soirs, le piano de MlleCrissot. La musique, accélérée aux passages faciles, agonisait aux notes gênantes, et après des tâtonnements à un doigt, repartait follement (Hamp, Champagne, 1909, p.80).Auriez-vous la bonté de me citer le passage exact? dit-il en suçant la pointe de son crayon (Sartre, Nausée, 1938, p.142).V. déchiffrer A ex. de Gide. SYNT. Passage caractéristique, essentiel, important, significatif; passage célèbre, fameux, réputé; passage admirable, curieux, difficile, ennuyeux, étonnant, excellent, intéressant, obscur, remarquable; passage original, emprunté; passage illisible; passage didactique, dramatique, pathétique, poétique; passage harmonique, mélodique; passage d'un article, d'un cahier, d'une déclaration, d'un discours, d'un document, d'un journal, d'une lettre, d'un opéra, d'un poème, d'une symphonie; passage de l'Écriture, de l'Exode, de l'Ancien Testament; passage de Bergson, de Chateaubriand, d'Homère, de Pascal, de Plaute, de Tacite; relever un passage; analyser, commenter, illustrer un passage; déclamer, interpréter, jouer, réciter un passage; imprimer, recopier, reproduire, transcrire un passage; dénaturer, sauter, supprimer un passage. − MUSIQUE ♦ Ornement (v. ce mot II A 2 c) improvisé, autrefois introduit par l'exécutant dans un chant ou une pièce instrumentale. Après un passage (...) il faut reprendre la mélodie dans le même timbre (Garcia, Art chant, 1840, p.92).Acteurs et exécutants s'accordent [au XVIIes.] pour exiger ou improviser des fredons, diminutions ou passages (Ch. Lalo, Esthét. mus. sc., 1908, p.277). ♦ Trait demandant de la dextérité technique, fréquent dans les études, airs de concert, pièces de virtuosité, concertos, noté par le compositeur (d'apr. Mus. 1976). Prononc. et Orth.: [pɑsa:ʒ], [pa-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1100 «défilé dans la montagne» (Roland, éd. J. Bédier, 657); 2. ca 1165 passage «traversée (en mer)» prendre passage «s'embarquer» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 3980, 1804); 3. 1176 «partie, fragment d'un texte» (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2723). Dér. de passer1*; suff. -age*. Fréq. abs. littér.: 8420. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10709, b) 11518; xxes.: a) 10552, b) 14154. Bbg. Archit. 1972, p.36. _Gohin 1903, p.368. _Quem. DDL t.13, 16, 18, 20. _ Sculpt. 1978, p.659, 686. |